Thèse en cours

La délégation du pouvoir impérial dans le gouvernement de l'empire, d'Auguste à Constantin

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Auteur / Autrice : Grégoire Caron
Direction : Stéphane Benoist
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire, civilisations, archéologie et art des mondes anciens et médiévaux
Date : Inscription en doctorat le 01/12/2023
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire, Archéologie, Littératures des Mondes Anciens

Résumé

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Sous le Principat, l'empire romain peut être considéré comme un territoire unifié, car il est soumis à l'autorité d'un seul homme, le princeps, même s'il continu à être défini comme Imperium populi romani. Au sortir de la guerre civile entre Octavien et Marc Antoine, le Sénat confère l'ensemble des pouvoirs à celui qui doit restituer les institutions de la République : Auguste. Ce dernier, composant avec le Sénat, l'armée et le peuple, doit toutefois partager le gouvernement de l'empire. Il lui est en effet impossible d'exercer ce pouvoir seul sur un espace aussi étendu ; c'est pour cette raison qu'il en délègue une partie à d'autres personnages. Cela suppose la sélection d'individus fidèles, compétents et dignes d'assurer le pouvoir au nom de Rome et du prince. L'administration de ce vaste territoire a permis la mise en place d'une bureaucratie efficace passant par la transformation en province des territoires conquis. L'expansion du monde romain a, en outre, nécessité la multiplication des sénateurs et chevaliers parmi lesquels certains sont cum imperio, dont les missions pouvaient varier en fonction des situations locales. À ce jour, aucun travail n'a fait l'objet d'une étude globale concernant la délégation du pouvoir dans le gouvernement de l'Empire romain. Cette recherche entend y remédier en se concentrant sur un ensemble de questions qui permettront d'éclairer les modalités et le fonctionnement de la délégation du pouvoir sur le temps long, de la mise en place du Principat par Auguste au règne de Constantin. Cette étude entend s'intéresser en premier lieu à la notion même de pouvoir. La puissance publique recouvre en effet deux termes : l'imperium et la potestas. Il nous appartiendra de définir précisément la nature et les déclinaisons de cette puissance publique tout en éclairant les nouveautés apportées par Auguste à l'héritage républicain. Disposant du pouvoir de commendatio, le prince peut recommander lui-même un candidat à une fonction, ce dernier l'obtenant de fait. Ainsi, l'ensemble des sénateurs et chevaliers (cum imperio) de l'Empire ne le doivent qu'au prince qui le leur délègue. Ces hommes bénéficiant d'une délégation du pouvoir du prince peuvent donc être révoqués par lui à tout moment. Nous proposerons alors une réflexion sur les modalités d'attribution de cet imperium, ses déclinaisons (merum, mixtum, etc.) ainsi que les missions qu'il implique. Qui plus est, le prince délègue également une partie de son pouvoir à des chevaliers afin de gérer et représenter ses intérêts privés. Les missions attribuées sont variées, puisqu'elles recouvrent des fonctions financières, administratives ou militaires allant même jusqu'à la gestion d'un territoire. Son « imperium maius » lui permet même d'intervenir dans les provinces publiques. Ces interventions du prince dans la provincia d'un proconsul peuvent d'ailleurs générer des conflits entre les agents du prince et les fonctionnaires du Sénat. Un dépouillement systématique des sources – principalement épigraphiques et littéraires – nous amènera à déterminer le vocabulaire utilisé pour désigner ce personnel investi du pouvoir princier (legatus, procurator, procurator pro legato, praefectus, propraetor, legatus Augusti pro praetore, praeses, corrector, etc.), tout en précisant la nature et la diversité de ces délégations. Plus largement, cette analyse nous permettra d'illustrer la constellation des relations entre les princes et les représentants du pouvoir à l'échelle du monde romain. Nous proposerons l'étude de dossiers pertinents afin d'éclairer ces relations interpersonnelles. Enfin, ce travail nous amènera à mettre en valeur cet empire conçu sous la forme de cercles concentriques, à la fois centralisé et provincialisé, centré sur Rome, une cité à vocation universelle.