Thèse en cours

Procédés d'appropriation culturelle d'une oeuvre littéraire étrangère, sur la base de la traduction des romans de Charles Bukowski.

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Greta Matuszynski
Direction : Karl ZiegerRonald Jenn
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Littératures comparées
Date : Inscription en doctorat le 15/10/2020
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Analyses Littéraires et Histoire de la Langue

Résumé

FR  |  
EN

Si fêter le centenaire de la naissance de Charles Bukowski permet de mettre en avant, dans les grandes et petites librairies, ses romans et quelques recueils de poésies et de nouvelles, les plus célèbres, les marchés de l'édition américaine et de l'édition française, qui ont anticipé cet anniversaire, ne s'arrêtent pas là : ils proposent au lecteur des anthologies de poèmes non publiés du vivant de l'auteur (Storm for the Living and the Dead, 2019) mais également des anthologies thématiques : On Drinking (2019), On Writing (2015), On Love (2016), On Cats (2015). Ce dernier ouvrage n'a, d'ailleurs, pas eu les faveurs des éditions Au Diable Vauvert, car il n'a pas été traduit en français (Traducteur : Romain Monnery). Est-ce que l'affection de Charles Bukowski pour les chats, pour les petites boules de poils, vedettes incontestables des réseaux sociaux et des calendriers de la Poste, ne risquerait pas de ternir l'image que le lectorat français se fait de l'auteur ? Il est indéniable que l'apparition de Charles Bukowski à l'émission de Bernard Pivot, Apostrophes, le 22 septembre 1978, a figé à jamais dans les esprits, une posture de l'artiste à la lisière entre la vieille image du poète maudit et alcoolique et celle de l'artiste d'aujourd'hui, entre spectacularisation et avatar de la culture de l'apparition, et que l'on ressort régulièrement comme la signature de l'auteur. Le marché de l'édition française — les tirages des œuvres de Charles Bukowski sont aujourd'hui loin d'être confidentiels — ne cesse de nous vendre du Bukowski (Les Bukoliques, Cédric Meletta, 2020), car il persiste à croire que l'horizon d'attente du lectorat français sourd d'une envie d'un auteur de contre-littérature qui se refuse à tout académisme littéraire, écrivant pour les exclus de la société, poussant à l'exagération son personnage médiatique ¬— comportement ambigu lorsque l'on connaît les angoisses de l'homme. Pour expliquer l'engouement du public français pour Charles Bukowski, il faut remonter la filière du temps, tout en évitant l'anachronisme socio-psychologique. Grâce à l'étude des intermédiaires entre les deux cultures (Jean-François Bizot a été un des acteurs les plus importants de la publication de Charles Bukowski en France et de la contre-culture, en général), ainsi que celle des passeurs et des pionniers littéraires, ce projet nous amène à analyser les transferts culturels et leur incidence sur la traduction des différents romans (traducteurs : Léon Mercadet, Brice Matthieussent, Gérard Guégan, Michel Ledere), et éventuellement l'influence sur la production d'écrivains français. L'étude de la réception sur les terres de France et de la traduction des romans de Charles Bukowski, auteur qui se refusait à toute comparaison avec Ernest Hemingway ou Henry Miller, et qui se revendiquait plus du mouvement punk que de celui de la Beat Generation, peut nous conduire sur le chemin d'un nouvel éclairage concernant la réhabilitation d'un auteur mal perçu par le public français ainsi que des procédés du système littéraire français, comme système d'accueil des littératures étrangères, entre préjugés et stéréotypes sociaux et culturels, dans un ensemble mercatique et économique.