Thèse soutenue

« Je ne suis pas là pour danser » : études des carrières et des conditions de pratique des footballeuses en France et au Québec

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Cassandre Rivrais
Direction : Guillaume BodetCécile Ottogalli-Mazzacavallo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS)
Date : Soutenance le 21/11/2022
Etablissement(s) : Lyon 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire sur les Vulnérabilités et l’Innovation dans le Sport (Villeurbanne, Rhône)
Jury : Président / Présidente : Marie-Carmen Garcia
Examinateurs / Examinatrices : Guillaume Bodet, Cécile Ottogalli-Mazzacavallo, Olivier Chovaux, Aurélia Mardon, Guylaine Demers, Frédéric Rasera
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Chovaux, Aurélia Mardon

Résumé

FR  |  
EN

La récente démocratisation de la pratique du football par les femmes, rendue possible à partir des années 1970 et qui s’est accélérée depuis le début des années 2010, amène à réfléchir aux conditions matérielles qui encadrent cet essor. En s’intéressant aux carrières de joueuses de football et en comparant les processus de ces parcours entre deux territoires, la France et le Québec, la présente thèse permet de réfléchir aux manières dont les conditions de pratique des joueuses influencent leur carrière, et à l’inverse, aux façons dont ces carrières impactent les conditions de pratique. Cette enquête s’est construite sur le croisement d’entretiens et d’observations. Les récits de vie de 48 joueuses (25 en France et 23 au Québec) ont été analysés conjointement avec des observations participantes au sein des deux territoires. L’analyse de ces données permet d’appréhender le processus de carrière chez les joueuses évoluant en France et au Québec. Les socialisations sportives différenciées entraînent des engagements hétérogènes, plus ou moins tardifs, et plus ou moins encouragés par la sphère familiale. Ces distinctions se retrouvent dans les modalités de maintien des joueuses dans la pratique. Si les différences culturelles liées à des systèmes de pratiques distincts entraînent logiquement des carrières variées de part et d’autre de l’Atlantique, et des conditions dissemblables, les joueuses de football, en tant que femmes, restent hiérarchisées dans la pratique comparativement aux joueurs. Elles connaissent des moins bonnes conditions d’accès, de traitement et de reconnaissance que leurs homologues footballeurs. Les manifestations sexistes, aussi bien individuelles que collectives, sont fréquentes dans chaque territoire. Si leurs modalités d’expression diffèrent, les mécanismes de domination sont similaires. Néanmoins, étant de plus en plus nombreuses à jouer les footballeuses participent, au cours de leur carrière, à modifier ces conditions matérielles de pratique. A travers leurs engagements aussi bien individuels, en tant que joueuses, dirigeantes, entraineures, arbitres, que collectifs, en créant 657 des équipes de femmes, voire des sections et des associations, les joueuses luttent, plus ou moins consciemment, contre ces rapports de domination et tendent à les modifier.