Thèse soutenue

Effet du microbiote intestinal d'enfants atteints de troubles du spectre autistique sur le comportement et les marqueurs biologiques liés à ces troubles chez la souris axénique

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Auteur / Autrice : Léa Roussin
Direction : Laurent NaudonSylvie Rabot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la nutrition
Date : Soutenance le 29/03/2023
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Microbiologie de l'Alimentation au Service de la Santé humaine (Jouy-en-Josas)
référent : Faculté des sciences d'Orsay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Florence Dubois-Brissonnet
Examinateurs / Examinatrices : Julio Ramos Aires, Laëtitia Davidovic, Rochellys Diaz Heijtz, Aletta Kraneveld
Rapporteurs / Rapporteuses : Julio Ramos Aires, Laëtitia Davidovic

Résumé

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Les troubles du spectre autistique (TSA) sont des troubles neurodéveloppementaux multifactoriels caractérisés par des comportements répétitifs et des difficultés dans l'interaction sociale et la communication ; ils s'accompagnent parfois d'anxiété, de déficiences cognitives et de symptômes gastro-intestinaux (GI). Des facteurs génétiques, épigénétiques et environnementaux sont impliqués dans leur pathophysiologie. De nombreuses études montrent une composition distincte du microbiote intestinal chez les personnes atteintes de TSA par rapport aux personnes neurotypiques, ainsi que dans les modèles murins de TSA par rapport aux animaux WT. Bien que l'origine de cette altération du microbiote soit inconnue et qu'elle puisse être influencée par les préférences alimentaires restrictives ou les anomalies GI de certaines personnes atteintes de TSA, elle pourrait aggraver les symptômes de ces troubles. En effet, des données cliniques et précliniques montrent que cette altération du microbiote est en interaction avec le système immunitaire et peut jouer un rôle dans le développement de plusieurs des symptômes et des déficiences fonctionnelles observés chez les individus atteints de TSA, comme une inflammation et une perméabilité intestinale excessive, une altération du métabolisme du tryptophane et une neuroinflammation accrue. Par conséquent, nous avons étudié l'effet chez des souris axéniques d'une transplantation du microbiote fécal (TMF) d'enfants atteints de TSA sur le comportement et les marqueurs cérébraux, immunitaires et GI liés aux TSA. Nous avons choisi deux groupes distincts d'enfants atteints de TSA comme donneurs de microbiote : un groupe sans symptômes gastro-intestinaux (groupe A) et un groupe présentant des symptômes gastro-intestinaux (groupe AG), à savoir une constipation sévère et chronique. Pour les deux groupes de TSA, les enfants donneurs témoins étaient leurs frères et sœurs neurotypiques. Cela limite l'effet potentiel des facteurs génétiques et environnementaux sur la composition du microbiote entre les groupes de donneurs TSA et neurotypiques. Nous avons étudié l'effet de la TMF chez deux lignées de souris qui présentent des différences génétiques et comportementales, à savoir les lignées BALB/c et C57BL/6. Dans les deux lignées, la TMF des groupes TSA a entraîné une diversité alpha et composition distinctes du microbiote intestinal chez les souris, par rapport à la TMF des groupes frères et sœurs. Bon nombre de ces différences étaient spécifiques à la lignée, mais, une proportion réduite de Prevotellaceae a été trouvée de façon constante dans les deux lignées de souris ayant reçu la TMF du groupe AG, par rapport à la TMF de leurs frères et sœurs. Chez les souris C57BL/6, la TMF du groupe A a diminué l'activité locomotrice et la TMF du groupe AG a augmenté les comportements répétitifs et altéré la mémoire spatiale, par rapport à la TMF de leur frères et sœurs. Ces altérations se sont accompagnées d'une diminution de la proportion de populations de lymphocytes T pro-inflammatoires dans la rate et d'une augmentation de l'expression des gènes impliqués dans les jonctions serrées dans l'intestin des souris ayant reçu la TMF des groupes A et AG par rapport celles des frères et sœurs. Chez les souris BALB/c, il n'y avait pas de différence de comportement entre les groupes de souris, mais la TMF des groupes A et AG a réduit le nombre de neurones sérotoninergiques dans le noyau du raphé, par rapport à la TMF des frères et sœurs. De plus, dans cette lignée, la TMF du groupe A a réduit les marqueurs d'inflammation dans le côlon, par rapport à la TMF des frères et sœurs. Cette étude apporte de nouvelles données sur l'effet de la TMF de personnes atteintes de TSA sur des souris, soulignant l'importance du bagage génétique des animaux receveurs et la prise en compte des symptômes GI dans les études sur l'axe microbiote-intestin-cerveau.