Thèse soutenue

Les projets artistiques de marche collective : au croisement entre expérience vécue, paysage et territoire

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Auteur / Autrice : Ekaterina Shamova
Direction : Catherine Grout
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture
Date : Soutenance le 22/11/2023
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'architecture, conception, territoire, histoire (Villeneuve d'Ascq)
Jury : Président / Présidente : Julie Perrin
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Guisgand, Rainer Kazig
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédérique Villemur, Sylvie Salles

Mots clés

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Résumé

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À travers un corpus de projets artistiques de marche collective, cette thèse propose de réfléchir à une question : comment marchons-nous ensemble ? La problématisation de cette question concerne la complexité d'une présence collective avec un protocole artistique dans l'espace traversé et son potentiel d'amener une transformation, ne serait-ce que temporairement. Cette présence va ainsi au-delà du groupe marchant et questionne les manières d'établir les relations avec l'espace et les personnes rencontrées, de penser cette présence en termes d'un partage d'expérience et d'en déceler une portée relationnelle, politique et territoriale. Les projets choisis sont les suivants : « Les Promenades Blanches » de Mathias Poisson et Alain Michard, « Slow Walk » d'Anne Teresa de Keersmaeker et « Attention à la marche ! » de Mathias Poisson, Robin Decourcy, Laurent Petit et le collectif La Folie Kilomètre. La méthodologie employée s'est appuyée sur les entretiens avec les participants, les artistes et les commanditaires, les récits d'expérience de la chercheuse, et sur un dialogue constant entre les appuis théoriques, les hypothèses formulées et les éléments d'analyse. La composante chorégraphique s'est avérée déterminante dans l'analyse de l'expérience vécue à la fois individuelle et collective. En mettant en évidence les processus corporels, sensori-moteurs et imaginaires qui se développent sur la durée de projets en question, cette réflexion aborde autant les manières dont le groupe marche ensemble que ses façons de construire des rapports avec l'espace traversé et les autres personnes. La relation gravitaire est devenue une des pistes qui permet d'analyser les manières dont le sujet se meut et évolue dans l'espace, tout en proposant une modalité de présence avec autrui et de partage d'expérience entre les sujets en mouvement. Cette même relation à la gravité a permis d'inclure les personnes ne faisant pas partie du groupe marchant, en esquissant ainsi la perspective sur un commun possible, un commun gravitaire. La composante expérientielle a amené la notion de paysage. Ce dernier a été d'abord approché comme expérience située et relationnelle. À leur tour, les modalités de mise en œuvre, les cadres respectifs conceptuels et institutionnels de projets, les positionnements respectifs des artistes et des commanditaires ont permis de déceler d'autres approches du paysage mettant en avant sa nature politique et territoriale et sa capacité d'être une entité structurant un territoire spécifique. Si les dimensions expérientielle et gravitaire ont permis d'analyser les façons de partager l'expérience, elles ont également orienté la réflexion sur le partage possible du territoire. Le territoire ainsi formé s'est ainsi d'abord appuyé sur les processus corporels, sensoriels et gravitaires qui se déploient de manière renouvelée et réciproque entre la personne et l'espace dans lequel elle se meut, en attestant ainsi d'une production d'une durée particulière de présence avec les autres. En fonction des projets, d'autres définitions du territoire ont émergé qui s'appuient tantôt sur les modalités de l'expérience vécue elle-même, tantôt sur sa durée, tantôt sur le partage possible entre les usagers de l'espace public, tantôt sur les volontés des commanditaires et des artistes et sur les cadres institutionnels et opératoires des projets. L'analyse des projets choisis selon les allers-retours entre les notions d'expérience vécue, de paysage et territoire a permis de faire émerger la spécificité que seul un projet chorégraphique peut avoir en termes de présence collective dans l'espace traversé. La question « Comment marchons-nous ensemble ? » a ainsi dépassé l'expérience vécue dans le groupe de marcheurs pour entrevoir ses retombées en termes d'une transformation possible qui permettrait l'apparition du paysage, l'émergence de son propre territoire et l'ouverture pour laisser autrui faire partie de la traversée.