Essai sur l’économie du changement climatique : distribution et redistribution du revenu des agriculteurs
Auteur / Autrice : | Maxime Ollier |
Direction : | Pierre-Alain Jayet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 16/09/2022 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Référent : AgroParisTech (France ; 2007-....) |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-….) | |
Laboratoire : Paris-Saclay Applied Economics (Palaiseau, Essonne ; 2022-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Lionel Ragot |
Examinateurs / Examinatrices : Marc Fleurbaey, Philippe Quirion, Cloé Garnache | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Fleurbaey, Philippe Quirion |
Mots clés
Résumé
L'objectif général de cette thèse est d'étudier les conséquences distributives de différents aspects du changement climatique dans le secteur agricole. Nous examinons successivement l'effet (i) des politiques d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES), (ii) des impacts du changement climatique, et (iii) de l'adaptation au changement climatique sur la distribution du revenu des agriculteurs.Le premier chapitre étudie les conséquences distributives de divers politiques climatiques dans le secteur agricole européen. Les impacts d’une politique sur les inégalités dépendent de la distribution des émissions initiales et des coûts de réduction entre les agents, ainsi que de la conception de la politique. Nous développons un modèle analytique pour démêler ces effets. Nous proposons des conditions pour qu'un système de taxe sur les émissions avec remise réduise les inégalités, et nous examinons comment ces conditions varient en fonction du niveau de la taxe. Nous examinons également différentes remises (seuil absolu d'émission constant, seuil relatif de réduction d’émission constant) avec des implications différentes pour le budget du régulateur. Ce cadre est ensuite appliqué au cas des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'agriculture européenne. Les résultats indiquent qu'une taxe sur les émissions sans remise augmente les inégalités de revenu. Une remise basée sur un seuil d'émission bien choisi peut réduire les inégalités de revenu tout en maintenant la politique environnementale coût-efficace. Dans une annexe, nous quantifions la contribution de la région et du type d’agriculture aux inégalités de revenu.Le deuxième chapitre se concentre sur les impacts des températures extrêmes. Le changement climatique devrait modifier la fréquence d'occurrence des événements de température extrême. A l’aide de données françaises sur la période 2002-2017, nous évaluons économétriquement l'effet marginal des températures extrêmes sur le revenu des producteurs céréaliers français. Les résultats indiquent que les températures extrêmes, qu'elles soient chaudes ou froides, pendant la saison de croissance peuvent réduire de manière significative le revenu moyen des agriculteurs. L’analyse des effets distributifs suggère des effets opposés des extrêmes froids et chauds. Alors que les extrêmes froids affectent plus fortement les agriculteurs pauvres, les extrêmes chauds sont plus dommageables pour les riches. Nous discutons de deux explications possibles de cet effet distributif opposé. Il pourrait y avoir un effet de culture ; la proportion de maïs diminue avec le revenu, tandis que celle de colza augmente. Il pourrait aussi y avoir un effet de localisation ; la probabilité d'être situé dans le Nord augmente avec le revenu.Le troisième chapitre s'intéresse à l'adaptation au changement climatique. Les agriculteurs confrontés à un changement durable des conditions climatiques peuvent s'adapter de manière autonome par la marge intensive, la marge extensive ou par l'adoption de nouvelles pratiques. En s'appuyant sur un couplage entre un modèle micro-économique de l'agriculture européenne (AROPAj) et un modèle de culture (STICS), ce chapitre étudie les impacts distributifs potentiels de l'adaptation autonome des exploitations au changement climatique au sein de l'Union européenne (UE). En considérant le RCP 4.5 du SRES AR5, nous modélisons deux niveaux d'adaptation autonome pour les agriculteurs, et deux horizons temporels. Toutes choses égales par ailleurs, les résultats indiquent que le changement climatique peut conduire à une situation pire que la situation actuelle, en termes de bien-être social, à court terme, mais à une meilleure situation à long terme en raison (i) d'une part de revenu stable pour les bas revenus et (ii) d'une augmentation du revenu total. En décomposant les inégalités de revenu des agriculteurs, nous montrons que ces dernières s’expliquent largement par la région des agriculteurs et le type d'agriculture.