Thèse soutenue

Influence inter-linguistique des connaissances morphologiques en L1 sur la L2. Le cas des bilingues tardifs français-anglais.

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Auteur / Autrice : Amélie Menut
Direction : Séverine CasalisMarc Brysbaert
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 12/12/2022
Etablissement(s) : Université de Lille (2022-....) en cotutelle avec Universiteit Gent
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : SCALab Sciences Cognitives & Sciences Affectives
Jury : Président / Présidente : Kathleen Rastle
Examinateurs / Examinatrices : Laura Anna Ciaccio, Talsma Durk
Rapporteurs / Rapporteuses : Davide Crepaldi, Leah Roberts

Résumé

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Il a été démontré que la langue maternelle (L1) influence la deuxième langue (L2) au niveau de la phonologie, du système d'écriture et de la sémantique. Un autre paramètre qui peut être pris en compte dans le transfert linguistique est la morphologie, qui fait référence aux plus petites unités porteuses de sens dans une langue, les morphèmes. Les preuves soutenant l'idée d'un transfert interlinguistique dans les études flexionnelles (ou morphosyntaxiques) sont nombreuses et ont conduit à l'élaboration de l'effet de congruence morphologique (Jiang et al. 2011). Compte tenu de ces résultats et des modèles présentés sur l'effet inter-langue, nous avons exploré comment la morphologie dérivationnelle pouvait être transférée de la L1 à la L2 chez des bilingues tardifs français-anglais. L'objectif principal était d'examiner comment la morphologie de la L1 pouvait être transférée vers la L2. Nous avons utilisé différentes méthodologies pour explorer ce phénomène : La conscience morphologique, la lecture à un rythme autonome et les tâches d'apprentissage de mots. Chaque étude a été conçue pour examiner comment le statut du suffixe influencerait les différents processus de la morphologie en L2. La distinction était dichotomique : les mots complexes étudiés étaient soit composés avec des suffixes communs en L1 et L2 (e.g., -able), soit avec un suffixe unique en L2 (e.g., -less). Dans la première étude, l'effet inter-langue a été évalué dans trois étapes de la conscience morphologique : la connaissance sémantique lexicale, la connaissance syntaxique et la connaissance distributive. Dans la deuxième étude, l'effet des suffixes a été examiné dans la lecture de phrases en utilisant un paradigme de lecture autonome. Enfin, la troisième étude a établi un paradigme d'apprentissage pour voir comment les suffixes en L1 affecteraient l'apprentissage en L2. Le deuxième objectif de la recherche était d'examiner comment la morphologie en L2 évoluerait avec l'augmentation de la compétence en anglais, et en particulier comment le statut du suffixe (commun ou unique à la L2) interagirait avec la compétence. On s'attendait à ce que les suffixes communs L1 et L2 facilitent l'apprentissage, le traitement et la conscience morphologique en L2. Les résultats n'ont cependnat pas confirmé cette hypothèse. Dans la première étude, des bilingues français-anglais tardifs ont montré qu'à mesure que leur compétence augmentait, leurs performances dans les tâches de conscience morphologique augmentaient également. Les mêmes schémas ont été observés en lecture et en apprentissage. L'augmentation de la compétence en langue était associée avec des temps de lecture plus rapides dans la tâche de lecture à rythme libre et davantage de mots rappelés dans la tâche d'apprentissage. Cependant, le fait que les suffixes soient communs en L1 et en L2 ne facilitait pas plus les performances que lorsque les suffixes étaient uniques en L2. Dans toutes les tâches, les résultats étaient similaires pour les deux conditions. Une analyse plus poussée a même montré que l'incohérence des liens entre les suffixes communs entravait l'apprentissage de nouveaux mots. Ce n'était cependant pas le cas en lecture et en conscience morphologique. En conclusion, les résultats de cette thèse ont apporté un éclairage supplémentaire sur le transfert des caractéristiques morphologiques communes entre L1 et L2 chez les bilingues tardifs français-anglais. Plus précisément, ils ont suggéré que les suffixes communs seraient aussi facilitants que les suffixes uniques à la L2. En outre, les résultats du paradigme d'apprentissage semblaient suggérer que des correspondances incohérentes entre L1 et L2 (par exemple, glissement/slippage par opposition à amazement/étonnement) entraveraient l'apprentissage de nouveaux mots. Ces dernières distinctions des suffixes apportent de nouvelles perspectives et invitent les études futures à prendre en compte plus qu'une distinction dichotomique des suffixes en L2.