Thèse soutenue

Evaluation thérapeutique de la stimulation transcrânienne par courant continu (tDCS) dans un modèle murin de douleur neuropathique chronique : caractérisation comportementale des dimensions somatosensorielle et affective

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Auteur / Autrice : Bahrie Ramadan
Direction : Pierre-Yves RisoldYvan Peterschmitt
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Neurosciences
Date : Soutenance le 16/12/2022
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de neurosciences : intégratives et cliniques (Besançon) - Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Cliniques
Site de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)
Jury : Président / Présidente : Vincent Van Waes
Examinateurs / Examinatrices : Ipek Yalcin Christmann
Rapporteurs / Rapporteuses : Isabelle Décosterd, Catherine Belzung

Résumé

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La douleur neuropathique représente un véritable défi de santé publique en raison de sa sévérité et de ses répercussions importantes sur la qualité de vie des patients. Elle est souvent caractérisée en clinique par une allodynie mécanique, définie comme une douleur provoquée en réponse à des stimuli mécaniques normalement perçus comme non douloureux. Un nombre croissant d’évidences cliniques et précliniques soulignent que les patients neuropathiques présentent un risque élevé de développer des troubles affectifs, tels que l’anxiété et la dépression. Les médicaments conventionnels couramment prescrits sont associés à de nombreux effets indésirables et démontrent souvent une efficacité limitée. Différentes techniques non invasives de neurostimulation, dont la stimulation transcrânienne par courant continu (tDCS), ont donc fait l’objet d’un regain d’intérêt et largement étudiées comme alternatives prometteuses pour la prise en charge des douleurs chroniques pharmaco-résistantes. Cependant, la majorité des études se sont focalisées sur la stimulation anodique du cortex moteur dans le but de moduler la composante sensori-discriminative de la douleur et les connaissances sur la contribution thérapeutique d’autres régions cérébrales, telles que le cortex préfrontal, restent encore très limitées. Pour autant, la stimulation du cortex préfrontal par la tDCS pourrait être d’un grand intérêt compte tenu de l’implication de cette région dans les dimensions somatosensorielle, affective et cognitive de la douleur chronique. L’objectif du présent travail est de faire progresser les connaissances actuelles sur les effets thérapeutiques de la tDCS en 1) testant les effets comportementaux des deux polarités de stimulation (anodique et cathodique) sur les composantes somatosensorielle (allodynie mécanique) et émotionnelle (anxiété, dépression) en ciblant le cortex frontal dans un modèle murin de douleur neuropathique et 2) en évaluant l’efficacité de la stimulation répétitive du cortex frontal sur différentes phases temporelles, c’est-à-dire au stade précoce afin d’essayer d’interférer avec la progression de la douleur neuropathique et au stade tardif lorsque la chronicité de la douleur est établie. Après l’induction de la douleur neuropathique par l’implantation chronique d’un manchon en polyéthylène autour de la branche principale du nerf sciatique de la patte arrière droite, des souris mâles ont été soumises à la stimulation par tDCS sur le cortex frontal gauche (20min, 0.2mA, 2 fois/jour, 5 jours consécutifs). Les stimulations répétitives ont été appliquées au cours de la 3ème semaine post-chirurgie pour étudier les effets de la tDCS au stade précoce, tandis que les stimulations au stade tardif ont eu lieu durant la 10ème semaine post-induction. La sensibilité mécanique a été mesurée à l’aide des filaments de von Frey et les conséquences émotionnelles de la douleur chronique ont été évaluées au moyen de divers tests comportementaux. Les résultats obtenus indiquent que la tDCS anodique présente un effet analgésique lorsqu’elle est appliquée au stade précoce de la douleur, démontrée par la réversion de l’allodynie mécanique chez les animaux neuropathiques. De manière intéressante, lorsqu’appliquée au stade chronique de la pathologie, c’est la stimulation cathodique qui induit une atténuation du phénotype anxio-dépressif chez les souris ayant subi la compression du nerf sciatique, sans pour autant affecter l’allodynie mécanique. Ainsi, il semblerait que la tDCS produit des effets différents selon le moment de l’intervention. Les données comportementales présentées fournissent des informations prometteuses sur la pertinence clinique de cibler le cortex préfrontal chez les patients souffrant des douleurs chroniques. Des études complémentaires sont nécessaires afin d’élucider les mécanismes précis impliqués dans les effets modulateurs de la tDCS sur les composantes somatosensorielle et émotionnelle de la douleur neuropathique.