Thèse soutenue

Evolution minéralogique et texturale des zones de cisaillement de la croûte granitique moyenne : implications géophysiques

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Auteur / Autrice : Thomas Leydier
Direction : Philippe GoncalvesJulie Albaric
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Structure et évolution de la terre
Date : Soutenance le 03/07/2020
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Chrono-Environnement - Laboratoire Chrono-environnement - CNRS - UFC (UMR 6249) / LCE
Jury : Président / Présidente : Olivier Fabbri
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Goncalves, Julie Albaric, Olivier Fabbri, Hugues Raimbourg, Guilhem Barruol, Daniel R. Faulkner, Giorgio Pennacchioni
Rapporteurs / Rapporteuses : Hugues Raimbourg, Guilhem Barruol

Résumé

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L’étude géologique et géophysique de la croûte terrestre a révélé, au cours des dernières décennies, un comportement rhéologique et sismologique complexe. La surveillance géophysique des frontières de plaques tectoniques a en effet mis en évidence des phénomènes de glissements lents (SSE, Slow Slip Events) survenant à la base de la zone sismogène, et qui correspondent à la succession intermittente d’événements sismiques transitoires de "basse fréquence" (LFE, Low-Frequency Earthquakes), dont l’accumulation sur plusieurs jours/semaines permet des relâchements de contraintes équivalents à ceux de grands séismes. Toutefois, les processus physiques à l’origine des glissements lents restent mal contraints, car notre connaissance de leurs enregistrements géologiques est encore lacunaire.Notre étude consiste en une analyse pétrologique des zones de cisaillement, qui sont les structures majeures de localisation de la déformation dans la croûte moyenne à inférieure. Il est donc essentiel d’étudier les processus impliqués dans leur développement, et en particulier dans leur initiation, afin de déterminer si les SSE peuvent en être l’expression géophysique ; mais également d’améliorer notre capacité à les cartographier grâce aux méthodes d’imagerie géophysique passive, en quantifiant leur anisotropie sismique. Nous étudions pour cela des zones de cisaillement naturelles, fossilisées à divers stades de développement au sein de domaines peu déformés.L’étude pétrologique, microstructurale et de modélisation thermodynamique menée sur des zones de cisaillement centimétriques et sur leurs précurseurs fragiles montre que la déformation fragile et les interactions fluides-roche impliquées dans la formation des précurseurs fragiles surviennent sous les mêmes conditions pression-température que la localisation de la déformation ductile (0.5-1GPa, 450-550°C). La nucléation des zones de cisaillement sur ces précurseurs fragiles traduit donc une concomitance des déformations fragile et ductile, ainsi que d’intenses interactions fluides-roche, sous des conditions P-T correspondant aux conditions d’occurrence des SSE. Nous proposons donc que le développement court-terme des zones de cisaillement dans les domaines faiblement déformés de la croûte moyenne constituent un enregistrement géologique des SSE et, plus particulièrement, que les LFE sont la signature sismologique de la fracturation et des interactions fluides-roche liées à leur nucléation. Cela suggère que les SSE ne sont pas limités aux contextes de subduction et de frontière décrochante, mais peuvent également survenir en contexte orogénique.La quantification expérimentale et la modélisation EBSD de l’anisotropie sismique de zones de cisaillement métriques montre que l’anisotropie augmente sous l’effet de la déformation ductile jusqu’à environ 10%, mais ne suit pas une évolution linéaire du fait de la compétition entre la contribution des phyllosilicates et celle du quartz. La symétrie de la fabrique anisotrope évolue sous l’effet;et de la déformation, depuis une symétrie orthorombique vers une symétrie hexagonale, où la foliation constitue le plan de propagation rapide des ondes P et S, et de biréfringence maximale des ondes S. Nous proposons un nouveau modèle de zone de cisaillement tricouche, qui prend en compte la contribution majeure de la zone de déformation intermédiaire dans l’anisotropie des zones de cisaillement.