Thèse soutenue

Investigations biomédicales pour l’optimisation du diagnostic et du suivi de la malnutrition aiguë sévère : l’étude OptiDiag

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Auteur / Autrice : Trenton Dailey-Chwalibóg
Direction : Jean-François HuneauPatrick Kolsteren
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Soutenance le 03/03/2020
Etablissement(s) : Paris, Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France en cotutelle avec Universiteit Gent
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Physiologie de la Nutrition et du Comportement Alimentaire (PNCA)
Jury : Président / Présidente : Philippe Schmidely
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Schmidely, Philippe Donnen, Michelle Holdsworth, Carl Lachat, Bruno Lapauw, Régis Hankard
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Donnen, Michelle Holdsworth

Résumé

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Les recommandations actuelles de l’OMS séparent les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère (MAS) non-œdémateux en trois phénotypes anthropométriques : faible périmètre brachiale (PB) seul ; faible indice poids-taille (IPT) seul ; ou faible PB et ITP. Tous sont éligibles à une réhabilitation nutritionnelle selon les lignes directrices de l’OMS.Cependant, pour des raisons de facilité d’utilisation, et sur la base de données suggérant une surmortalité chez les enfants atteints de MAS diagnostiquée par le seul PB, plusieurs agences et gouvernements considèrent ce dernier critère comme nécessaire et suffisant à l’éligibilité pour une prise en charge de la MAS, excluant de fait les enfants présentant uniquement un faible IPT. Ce changement de paradigme semble prématuré : les liens entre phénotype anthropométrique, retentissement fonctionnelle et risque associés n’ont pas encore été élucidés. En effet, plusieurs ré-analyse de données anciennes montrent que les enfants atteints de MAS inéligibles à une prise en charge sur la base du seul PB (c’est-à-dire les enfants avec uniquement un faible IPT) présentent un risque de décès similaire à ceux éligibles. De plus, ces analyses suggèrent que les enfants présentant simultanément les deux déficits anthropométriques ont un risque de mortalité encore supérieur.Cette thèse vise à décrire et comparer physiopathologie et de la gravité fonctionnelle associée aux phénotypes anthropométriques d’enfants atteints de MAS. En se basant sur l’état actuel des connaissances sur la vulnérabilité chez ces derniers, ces travaux cherchent à répondre à la question suivante : comment les profils de vulnérabilité des enfants atteints de MAS inéligibles à une prise en charge dans le cadre d’un programme basé sur le PB seul (i.e., faible IPT-seul) se comparent-ils aux profils de ceux qui seraient éligibles?Une étude de cohorte multicentrique a été réalisé chez des enfants atteints de MAS sans complications ni œdèmes au Bangladesh, au Burkina Faso, et au Libéria. Les patients ont été inclus de façon équilibré parmi les trois phénotypes anthropométriques. Un large panel de paramètres cliniques et biochimiques indicateurs du statut nutritionnel et de l’état de santé a été recueilli à l’admission à – et à des points clés pendant – la réhabilitation nutritionnelle. Nous avons évalué de nouveaux biomarqueurs de la physiopathologie et de la survie en plus des biomarqueurs conventionnels de l’état de santé et de la dénutrition : la leptine sérique, un paramètre prédictif robuste de mortalité chez les enfants atteints de MAS ; l’abondance isotopique naturelle du carbone et de l’azote (δ13C et δ15N) dans le cheveux, offrant un intéressant historique nutritionnel et métabolique ; la bio-impédancemétrie, une technique mobile et non-invasive pour l’évaluation de la composition corporelle adaptée à une utilisation sur le terrain ; et la mesure de paramètres biochimiques d’inflammation (protéines de la phase aiguë) et de déficience en micronutriments (vitamine A et fer).L’analyse de ces indicateurs ont monté que tous les enfants atteints de MAS, quel que soit leur phénotype anthropométrique, présentent des signes cliniques de dénutrition et des preuves biologiques de déficience en micronutriments—mais avec une hétérogénéité significative sur certains paramètres clés. Les enfants avec un faible IPT seul présentent des anomalies cliniques et biologiques plus sévères que les enfants avec un faible PB seul. Ces résultats montrent également que les enfants avec les deux déficits anthropométriques présentent le risque de morbi-mortalité le plus élevé sur le court terme, et après prise en charge. Ainsi, nos résultats plaident en faveur du maintien de l’IPT comme critère diagnostique indépendant, en accord avec les recommandations de l’OMS. Le développement de méthodes diagnostiques innovantes permettant d’identifier, directement dans la communauté, les enfants présentant un faible IPT doit être une priorité de recherche.