Thèse de doctorat en Sciences sociales
Sous la direction de Sophie Houdart.
Soutenue le 20-12-2019
à l'Université Paris-Saclay (ComUE) , dans le cadre de École doctorale Agriculture, alimentation, biologie, environnement, santé (Paris ; 2015-....) , en partenariat avec Sciences pour l'Action et le Développement : Activités, Produits, Territoires (SADAPT) (laboratoire) et de AgroParisTech (France ; 2007-....) (établissement opérateur d'inscription) .
Le président du jury était Bruno Latour.
Le jury était composé de Bruno Latour, Geneviève Pruvost, Denis Chartier, Vinciane Despret, François Léger, Florence Brunois.
Les rapporteurs étaient Geneviève Pruvost, Denis Chartier.
Cette thèse porte sur des rapports animés entre les paysan.ne.s et leurs plantes dans les champs français. Pour certains, les plantes sont des êtres sensibles et intelligentes, pour d’autres, elles sont des êtres de travail, des êtres d’accompagnement, des êtres de jeu, des êtres de souffrance. Certain.e.s paysan.ne.s parlent à leurs plantes, d’autres tissent des relations d’amour, et se laissent instruire par leurs plantes sur les manières de les cultiver dans les champs. En décrivant ces rapports, la thèse montre que grâce aux relations sensibles que tissent ces paysan.ne.s avec leurs plantes, ils/elles les animent en laissant de côté les épistémologies naturalistes. En prenant ces propos au sérieux, littéralement, la thèse défend l’hypothèse selon laquelle, pour éviter que le monde agricole ne se transforme en véritable ruine, il ne faut plus chercher à « produire autrement », mais il faut rompre avec le paradigme de production pour ancrer les paysan.ne.s et leurs plantes dans des rapports co-évolutifs. En plongeant dans l’histoire de la modernité, c’est-à-dire en revisitant le conflit qui opposait le monde paysan d’un côté et le monde moderne de l’autre, avec l’arrivée des physiocrates parmi les instances intellectuelles et politiques françaises, cette thèse montre que le concept de production relève d’une approche universaliste et naturalisée qui s’est imposée sans aucun fondement empirique dans le monde agricole et dans le monde moderne plus largement.
Animated plants. From production to plant relationships
This thesis deals with animated relationships between peasants and their plants in French fields. For some, plants are sentient and intelligent beings, for others they are working beings, accompanying beings, game beings, suffering beings. Some peasants speak to their plants, others weave loving relationships, and let their plants teach them how to cultivate them in the fields. In describing these relationships, the thesis shows that, thanks to the sensitive relations that these peasants weave with their plants, they animate them by leaving naturalist epistemologies aside. By taking these words seriously, literally, the thesis defends the hypothesis that, in order to prevent the agricultural world from becoming ruins, we must no longer seek to "produce differently", but we must break with the paradigm of production to anchor peasants and their plants in co-evolutionary relationships. By plunging into the history of modernity, that is to say by revisiting the conflict between the peasant world on one side and the modern world on the other, with the arrival of the physiocrats among the French intellectual and policy-making bodies, this thesis shows that the concept of production is based on a universalist and naturalized approach that has been imposed without any empirical basis in the agricultural world and in the modern world more widely.
Le texte intégral de cette thèse n'est pas accessible en ligne.
Il est disponible au sein de la bibliothèque de l'établissement de soutenance.