Thèse soutenue

Temps et métaphysique. Confrontation systématique entre Bergson et Kant

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Auteur / Autrice : Armel Mazeron
Direction : Christian BernerFrédéric Worms
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 01/12/2018
Etablissement(s) : Université de Lille (2018-2021)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'homme et de la société (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Savoirs, textes, langage (Villeneuve d'Ascq, Nord)
Jury : Président / Présidente : Inga Römer
Examinateurs / Examinatrices : Christian Berner, Frédéric Worms, Inga Römer, Arnaud François, Édouard Mehl, Caterina Zanfi
Rapporteurs / Rapporteuses : Inga Römer, Arnaud François

Mots clés

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Résumé

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Temps et métaphysique. Confrontation systématique entre Bergson et Kant.Bergson désigne Kant comme son adversaire principal pour des raisons essentiellement métaphysiques. Si la théorie kantienne de l’idéalité du temps était vraie, elle empêcherait la réalisation d’une métaphysique telle que Bergson la conçoit. Aussi ce dernier récuse-t-il la thèse centrale de l’Esthétique transcendantale et lui oppose l’affirmation de la réalité substantielle de la durée. Du point de vue de Bergson, Kant affirme l’idéalité du temps parce qu’il le spatialise. En retrouvant la différence de nature entre durée et espace, Bergson rend possible la coïncidence intuitive avec l’absolu et permet à la métaphysique de redevenir, après le criticisme, une connaissance de la réalité en soi. Ce sont donc deux théories du temps antagonistes qui engendrent deux métaphysiques opposées : chez Kant, le temps est une forme homogène et infinie susceptible d’accueillir la totalité des phénomènes et permettant de fonder la science physique dans le temps tout en légitimant le suprasensible hors du temps, tandis que chez Bergson la durée est hétérogène et finie, elle unit de façon immanente la forme et la matière, elle est une création continue d’imprévisible nouveauté qui manifeste la réalité spirituelle dans le sensible. A partir de cette opposition, la question est de savoir si l’esprit humain est circonscrit dans les limites des formes a priori de la sensibilité ou bien, au contraire, s’il est capable d’accéder partiellement à l’absolu en plongeant intuitivement dans sa durée profonde. La primauté de la question du temps est telle chez Bergson et Kant qu’elle détermine l’ensemble de leurs philosophies respectives. Elle constitue le centre névralgique à partir duquel se définit le statut de la métaphysique, et d’où s’articulent l’ensemble de leurs énoncés philosophiques. L’étude des relations entre Bergson et Kant requiert de ce fait une méthode de confrontation systématique qui, partant de la racine philosophique qu’est la question du temps, étudie l’ensemble des oppositions et des points de rencontre entre eux. En outre, pour étudier précisément la manière dont Bergson comprend Kant, il faut allier la méthode herméneutique et la contextualisation historique. Bergson lit Kant à travers le prisme du criticisme français auquel ses maîtres et ses adversaires adhèrent. Cette tradition est ici étudiée et mise en regard de la philosophie bergsonienne. La première partie de ce travail de thèse clarifie le statut de la métaphysique en fonction de la nature du temps. Affirmer l’idéalité ou la réalité du temps a pour effet de changer le statut de la connaissance métaphysique. En séparant le phénomène et le noumène, Kant dresse un voile entre la connaissance et le suprasensible là où, au contraire, l’intuition bergsonienne de la durée permet d’accéder à la réalité en soi et de retrouver la puissance créatrice de l’esprit. La deuxième partie propose une confrontation de l’ensemble de la Critique de la raison pure avec la philosophie de Bergson. Si la théorie du temps a des effets systématiques, alors les thèses de l’Esthétique transcendantale fondent la totalité de l’Analytique et de la Dialectique. Leur refus par Bergson change non seulement la compréhension de l’espace et de la durée, mais aussi le statut de l’ensemble des facultés de l’esprit humain, des principes de la science et celui des énoncés métaphysiques. La troisième partie étudie le rapport de Bergson avec la Critique de la raison pratique, la Critique de la faculté de juger et avec les textes religieux, anthropologiques et politiques de Kant. Après la séparation du sensible et du suprasensible résultant de l’idéalité du temps, Kant cherche à les relier à l’aide du symbolisme analogique. Le continuisme bergsonien permet de faire l’économie de cette solution et de retrouver dans la philosophie pratique, dans l’art et dans le vivant l’expression de l’élan spirituel et créateur de la durée.