Thèse soutenue

Le courage d’éduquer : imagination morale et activité des éducateurs en contexte scolaire

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Auteur / Autrice : Vincent Lorius
Direction : Philippe Meirieu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation
Date : Soutenance le 19/11/2013
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'éducation, psychologie, information et communication (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : ECP - Education cultures politique
Jury : Président / Présidente : Thomas Berns
Examinateurs / Examinatrices : Anne-Marie Drouin-Hans
Rapporteurs / Rapporteuses : Didier Moreau, Charles Hadji

Résumé

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Notre thèse a pour but de proposer un modèle d’intelligibilité de la pensée éthique des éducateurs scolaires, obtenu par la mobilisation de concepts issus de la philosophie morale. Pour cela, nous nous appuyons en particulier sur la notion de minimalisme moral qui permet de prendre en compte le fait que certaines postures professionnelles, compatibles avec l’action institutionnelle, relèvent de principes moraux habituellement non reconnus comme valides dans un cadre scolaire, comme par exemple le principe de non-nuisance.Nos réflexions reposent sur une définition de l’acte d’éducation en contexte scolaire conçu comme contribution à une imputation partagée des responsabilités pour permettre l’accès au savoir des élèves. Ces responsabilités relèvent en effet à la fois et de façon toujours située, de l’acteur institutionnel, mais aussi de l’élève lui-même ainsi que des autres personnes qui assurent son éducation et en particulier ses parents. La compétence de l’éducateur scolaire dépend donc de sa capacité à comprendre et utiliser les apports de chaque acteur en fonction des moments éducatifs. Cette conception nous permet de saisir l’intensité de la porosité entre l’école et un monde où le pluralisme axiologique n’est pas l’exception mais la règle.De l’analyse d’entretiens avec des professionnels et à l’aide d’un cadre théorique permettant d’envisager la possibilité d’un recours au minimalisme pour éduquer scolairement dans un mode pluraliste, nous déduisons plusieurs résultats permettant de proposer un modèle de compréhension des repères moraux mobilisés par les éducateurs. Ce modèle permet en particulier de faire apparaître que les positionnements éthiques n’ont pas vocation à être fondés sur une liste finie de principes ou de valeurs, mais sont le produit d’une imagination morale s’attachant à prendre en compte les spécificités des situations. S'impose alors une philosophie du courage, défini comme capacité à l’exercice du jugement dans des situations limites sur le plan éthique, philosophie qui permet de penser l’action dans un environnement éthique complexe et toujours changeant. Le courage d’éduquer est donc pour nous ce qui permet le dépassement, dans des conditions que l’éducateur reconnait comme spécifiques, d’une morale scolaire de sens commun pour laquelle les solutions éthiques préexisteraient aux problèmes.