Thèse soutenue

Ecologie évolutive du transfert trans-générationnel d'immunité chez un insecte

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Auteur / Autrice : Caroline Zanchi
Direction : Yannick MoretJérôme Moreau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la vie
Date : Soutenance le 17/12/2012
Etablissement(s) : Dijon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnements, Santé (Dijon ; Besançon ; 2012-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Biogéosciences (Dijon)
Jury : Président / Présidente : Thierry Rigaud
Examinateurs / Examinatrices : Benjamin Gourbal
Rapporteurs / Rapporteuses : Yanis Michalakis, Paul Schmid-Hempel

Résumé

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Le transfert trans-générationnel d’immunité (TTGI) est défini comme étant une élévation de l’immunocompétence de la descendance suite à la rencontre des femelles avec un organisme pathogène. Le TTGI est un phénomène bien connu chez les vertébrés, chez lesquels il se réalise par le transfert d’anticorps de la mère au jeune. Il n’a été décrit que récemment chez les invertébrés, chez lesquels le support de sa transmission est encore inconnu. Le TTGI apporte un bénéfice aux descendants lorsqu’ils rencontrent l’infection vécue par la mère, dans quel cas l’élévation de leur immunocompétence a un effet protecteur. Cependant, au-delà de ce bénéfice, plusieurs indices suggèrent que le TTGI est un phénomène coûteux pour les organismes. L’évolution du TTGI ne sera permise chez une espèce que lorsque les bénéfices qu’il représente en termes de protection des descendants surpasseront les coûts qu’il représente pour eux en termes de fitness. Ainsi, l’étude de ses coûts et de ses bénéfices nous renseigne sur les pressions de sélection qui ont conduit à son évolution chez les invertébrés. Au cours de cette thèse, j’ai associé l’expression du TTGI chez un insecte avec un certain nombre de coûts, tant pour les femelles qui le réalisent que pour les descendants qui l’expriment. Pour ce faire, j’ai utilisé comme organisme modèle le ver de farine, Tenebrio molitor. Dans le premier chapitre, nous avons stimulé le système immunitaire des femelles adultes de T. molitor avec un immunogène non pathogène, et étudié divers aspects de la transmission d’activité antibactérienne aux œufs qui en résultait. Cela nous a permis de voir que la transmission d’activité antibactérienne interne aux œufs commençait deux jours après la stimulation du système immunitaire des femelles et cessait après dix jours. Enfin, nous avons pu mettre en évidence un coût pour les femelles à la protection de leurs œufs, en termes de fécondité. Dans le second chapitre, nous stimulé le système immunitaire avec trois microorganismes différents tués par la chaleur, et exposé leurs jeunes larves à des microorganismes vivants. Nous n’avons pas réussi à mettre en évidence d’effet protecteur du TTGI sur les jeunes larves de T. molitor. Il s’avère cependant que l’exposition des jeunes larves à un champignon entomopathogène réduit le délai avant leur seconde mue larvaire. Dans le troisième chapitre, nous avons stimulé soit le système immunitaire des femelles, soit celui des mâles de T. molitor avec un immunogène non pathogène, et observé différents paramètres de l’immunité de leurs descendants adultes. Cela nous a permis de mettre en évidence que le TTGI d’origine maternelle et paternelle n’affecte pas les mêmes effecteurs immunitaires chez les descendants, et que le TTGI d’origine maternelle comportait un coût pour eux en termes de temps de développement. Ces coûts au TTGI suggèrent qu’il n’est pas seulement une conséquence de la stimulation du système immunitaire des femelles de la génération parentale, mais qu’il est bien un mécanisme qui a été sélectionné du fait des bénéfices qu’il représente pour les organismes dans certaines conditions écologiques