Thèse en cours

Engager le sujet lecteur plurilingue dans la lecture de textes littéraires contemporains : le cas de la Nuit blanche de la lecture au lycée franco-hellénique d'Athènes

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Auteur / Autrice : Elodie Wynar
Direction : Jean-François MassolNathalie Auger
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Lettres et arts – spécialité didactique de la littérature
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2017
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UMR 5316 Litt&Arts (Arts & Pratiques du Texte, de l'Image, de l'Ecran & de la Scène)

Résumé

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Les élèves allophones scolarisés en lycée français à l'étranger sont amenés à relever de nombreux défis durant leur parcours scolaire. Ils doivent en effet apprendre une langue leur permettant de communiquer avec les autres élèves et la communauté éducative au sein de l'établissement mais surtout acquérir les compétences linguistiques et disciplinaires nécessaires pour réussir dans le système scolaire français. La prise en charge de ces élèves non francophones s'inscrit dans le champ spécifique du Français Langue Seconde (FLS). Cet enseignement, resté longtemps sous la coupe de la didactique du FLE ou sous celle de modèles issus du Français Langue Maternelle (FLM), constitue aujourd'hui un champ didactique spécifique reconnu, fondé sur une articulation interdidactique FLE-FLM. Dans ce contexte didactique nous intéresse particulièrement la question de la lecture des textes littéraires. Au sein de la discipline « français » en FLM, que ce soit au collège ou au lycée, la littérature occupe en effet une place centrale, et de multiples connaissances et compétences qui dépassent le cadre scolaire lui sont attachées. Si la maîtrise de la lecture de textes littéraire est en effet indispensable à l'acquisition d'une culture savante et à la réussite d'examens tels que le Diplôme National du Brevet (DNB) et l'épreuve anticipée de français (EAF), elle est également selon nous indispensable à la construction identitaire d'un élève-lecteur. Les nouveaux programmes de l'Education Nationale pour le cycle 4 rappellent ainsi le rôle majeur de la littérature dans la transmission de valeurs ou dans la construction de soi lorsqu'il affirment qu'à travers la lecture, « l'élève est conduit à s'approprier les textes, à les considérer non comme une fin en soi mais comme une invitation à la réflexion » ou encore que « [les] entrées et questionnements [sur les textes] présentent la lecture et la littérature comme des ouvertures sur le monde qui nous entoure, des suggestions de réponse aux questions que se pose l'être humain » . Il nous apparaît en outre que se frayer un chemin vers la langue par le biais de la littérature, c'est fonder une relation affective et émotionnelle avec le français, et ainsi en faciliter l'apprentissage et éviter peut-être une attitude de repli sur soi. Toutefois, si la recherche en didactique de la littérature en FLM est très active sur les moyens de revivifier l'enseignement de la littérature (S. Ahr, B. Shawky-Milcent, F. Demougin, M. Sauvaire, J. F. Massol, N. Rannou, etc.) et de permettre aux élèves faibles lecteurs d'accéder aux œuvres littéraires, en s'appuyant notamment sur la théorie du sujet-lecteur (A. Rouxel, G. Langlade, etc.), on trouve finalement peu de ressources sur les démarches à mettre en œuvre face à un texte littéraire en classe de FLS. Les manuels, ouvrages théoriques ou articles que nous avons consultés proposent ainsi le plus souvent des réflexions sur les approches du texte littéraire en classe de FLE, ou, s'ils s'inscrivent dans le camp du FLS, n'abordent pas les textes pour eux-mêmes et réduisent bien souvent ces derniers à de simples réservoirs de formes linguistiques. Nous souhaiterions donc voir dans cette recherche dans quelle mesure certaines propositions didactiques issues de la théorie du sujet-lecteur pourraient se révéler porteuses en classe de français (FLS puis FLM) dans le contexte d'un lycée français à l'étranger pour permettre aux élèves d'accéder à terme à la lecture d'œuvres patrimoniales. Nous tenterons dans le même temps de vérifier la pertinence de proposer une telle approche des textes, fondée entre autres sur la psychanalyse. En effet, la perspective du sujet-lecteur, si féconde en FLM, a-t-elle des chances de trouver un écho chez des apprenants de FLS ? Ces élèves, pour certains issus de sociétés qui n'ont pas été irriguées par la théorie et la pratique psychanalytiques, et parfois de traditions didactiques qui ne laissent aucune place à l'expression subjective, peuvent-ils néanmoins se montrer réceptifs à des activités qui engagent leur subjectivité dans la lecture de textes littéraires ? Nous tenterons de répondre à cette question en nous attachant à dégager les traits spécifiques d'une didactique de la littérature en FLS, avant d'analyser les pratiques effectives en œuvre autour des textes littéraires en classe de FLS, dont nous faisons l'hypothèse qu'elles sont souvent mises au service d'objectifs d'apprentissage où le texte littéraire est rarement abordé pour lui-même. Enfin, nous esquisserons quelques propositions didactiques, qui, tout en ayant pour objectif de permettre aux apprenants d'avoir accès à la lecture d'œuvres patrimoniales en français, seraient de nature à mobiliser la sensibilité et la subjectivité des lecteurs. Pour mesurer la pertinence de ces propositions en classe de FLS, nous verrons si des progrès sont notés lors de l'intégration en cours de français en classe ordinaire. Nous comparerons également les résultats obtenus avec ceux d'élèves de FLM pour tenter d'évaluer le bien-fondé de proposer une approche subjective de la littérature à des élèves probablement encore moins rompus à cette approche que les élèves français.