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Thèse Année : 2020

JAC/F actors in the Jura from 1925 to 1940

Au seuil du tournant modernisateur : les acteurs de la JAC/F dans le Jura de 1925 à 1940

Claire Alemu
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1144042
  • IdRef : 258038071

Résumé

A favorite topic among rural studies researchers for more than 50 years, Jeunesse agricole catholique (JAC; Catholic Agricultural Youth) is the quintessential field of study for human sciences that seek to understand the mechanisms of predominant, and even dominant, collective mobilization and endogenous social organization in rural environments. JAC provides an ideal opportunity to understand the shift from archaism to “modernity”, as well as the shift from a class “in itself” to a class “for itself”, to use the Marxist terminology that depicted peasants as a sack of potatoes unable to take charge of its own destiny. Even so, and at first glance, nothing could have predicted that this Church movement would become the spearhead of rural modernity, much less the passionate and disputed subject of a field of study that could have easily disappeared with “the end of the peasants”. A specialized Catholic Action movement, the JAC, a branch of the Association Catholique de la Jeunesse Française (ACJF; French Catholic Youth Association), was officially established on March 17, 1929. Its creation was based on two observations: “the land is dying” and France is becoming dechristianized. These two phenomena were considered to be linked: “peasant society” was thought to be physically declining because values and Catholic morality were losing traction. Establishing the JAC was proposed as a solution to this “degeneration” that was occurring due to modernity. Its goal was therefore to restore the peasantry’s “virtue” through its apostolic activities, and, through the agricultural training that it provided, to create an elite class capable of maintaining a dynamic and Catholic rural fabric. The motivations for its creation and development still require further elucidation within the framework of a social history that addresses the mechanisms and challenges of engagement within the JAC movement. Painting an overall picture of the militants and their leaders that takes into account the individuality and expression of their different backgrounds and experiences will not only help understand the importance of JAC in the rural environment, the ways in which it acted, and its meaning, but will also shed light on a large proportion of rural militantism in the 20th century. These individual backgrounds will be resituated in the context of their agreement with, divergence from or adjustments based on the narrative and practices promulgated by the JAC and by the Church, and at the same time the question of religious “modernity” will continue to be interrogated, as well as that of the reconstruction and consolidation of agrarianism. Observation at the regional level, specifically in Jura, will provide a more detailed picture of the dynamics of a federation in its confrontation with the framework of the diocese, even though there are of course variations between the community and national levels. The focus on the interwar period, which was perceived as a time of demographic as well as economic and moral “crisis” by individuals in the rural environment, will facilitate a precise and relevant approach to structuring new discussions of rurality and the emergence of movements intended to address this “crisis”, of which JAC was the first.
Sujet favori des ruralistes depuis plus de 50 ans, la JAC apparaît comme terrain d’étude par excellence pour des sciences humaines qui cherchent à comprendre les mécanismes d’une mobilisation collective imposante voire dominante et d’une organisation sociale endogène au milieu rural. La JAC concentre en effet le fantasme de la compréhension du passage de l’archaïsme à la « modernité » ainsi que celui d’une classe « en soi » à une classe « pour soi » pour reprendre la terminologie marxiste qui voyait la paysannerie comme un sac de pommes de terre incapable de prendre en charge sa destinée. Pour autant et à première vue, rien ne destinait ce mouvement d’Église à devenir le fer de lance de la modernité rurale ni même l’objet passionné et disputé d’un champ d’étude qui aurait pu disparaître avec « la fin des paysans ». Mouvement d’Action catholique spécialisée, la JAC, branche de l’Association Catholique de la Jeunesse Française (ACJF), naît officiellement le 17 mars 1929. Elle est créée sur deux constats : « la terre se meurt » et la France se déchristianise. Ces deux phénomènes seraient liés : « la civilisation paysanne » déclinerait physiquement parce que les valeurs et la morale catholique seraient en perte de vitesse. La JAC est proposée comme la solution à cette « dégénérescence » due à la modernité. Par son action apostolique elle vise alors à rendre sa « vertu » à la paysannerie et par la formation agricole qu'elle propose, à constituer une élite capable de préserver un tissu rural catholique et dynamique. Les ressorts de sa naissance et de son développement restent à élucider plus finement dans le cadre d’une histoire sociale qui mette au jour les mécanismes et les enjeux de l'engagement au sein du mouvement jaciste. Brosser un portrait collectif des militants et des responsables tout en rendant compte de l’individualité et de l’articulation des parcours et des expériences permet autant de mesurer le poids de la JAC dans le milieu rural, de comprendre ses modalités d'actions, de rendre compte de sa signification que d’éclairer une large part du militantisme rural du XXème siècle. Ces parcours individuels sont resitués à la fois dans leurs cohérences, leurs divergences ou leurs ajustements avec le discours et les pratiques véhiculées par la JAC et par l’Église alors que la question de la « modernité » religieuse ne cesse d’être interrogée tout comme celle de la reconstruction et de la consolidation de l’agrarisme. L’observation à l’échelle départementale, celle du Jura, permet de saisir plus finement les dynamiques d’une fédération dans sa confrontation avec le cadre du diocèse même si les variations de la focale de la commune au national sont de mise. La focalisation sur l’Entre-deux-guerres perçue comme un temps de « crise » tant démographique qu’économique et morale par les acteurs du milieu rural rend possible une approche précise et pertinente la structuration de nouveaux discours sur le rural et l’émergence de mouvements prétendant remédier à cette « crise » au premier lieu desquels la JAC.
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Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

tel-03701176 , version 1 (21-06-2022)

Identifiants

  • HAL Id : tel-03701176 , version 1

Citer

Claire Alemu. Au seuil du tournant modernisateur : les acteurs de la JAC/F dans le Jura de 1925 à 1940. Histoire. Université de Lyon, 2020. Français. ⟨NNT : 2020LYSE2092⟩. ⟨tel-03701176⟩
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