Thèse soutenue

Au seuil du tournant modernisateur : les acteurs de la JAC/F dans le Jura de 1925 à 1940

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Auteur / Autrice : Claire Alemu
Direction : Jean-Luc Mayaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 05/11/2020
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'études rurales (Lyon) - Laboratoire d'Études Rurales / LER
établissement opérateur d'inscription : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Denis Pelletier
Rapporteurs / Rapporteuses : Magali Della Sudda, Claude-Isabelle Brelot, Frédéric Gugelot

Résumé

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Sujet favori des ruralistes depuis plus de 50 ans, la JAC apparaît comme terrain d’étude par excellence pour des sciences humaines qui cherchent à comprendre les mécanismes d’une mobilisation collective imposante voire dominante et d’une organisation sociale endogène au milieu rural. La JAC concentre en effet le fantasme de la compréhension du passage de l’archaïsme à la « modernité » ainsi que celui d’une classe « en soi » à une classe « pour soi » pour reprendre la terminologie marxiste qui voyait la paysannerie comme un sac de pommes de terre incapable de prendre en charge sa destinée. Pour autant et à première vue, rien ne destinait ce mouvement d’Église à devenir le fer de lance de la modernité rurale ni même l’objet passionné et disputé d’un champ d’étude qui aurait pu disparaître avec « la fin des paysans ». Mouvement d’Action catholique spécialisée, la JAC, branche de l’Association Catholique de la Jeunesse Française (ACJF), naît officiellement le 17 mars 1929. Elle est créée sur deux constats : « la terre se meurt » et la France se déchristianise. Ces deux phénomènes seraient liés : « la civilisation paysanne » déclinerait physiquement parce que les valeurs et la morale catholique seraient en perte de vitesse. La JAC est proposée comme la solution à cette « dégénérescence » due à la modernité. Par son action apostolique elle vise alors à rendre sa « vertu » à la paysannerie et par la formation agricole qu'elle propose, à constituer une élite capable de préserver un tissu rural catholique et dynamique. Les ressorts de sa naissance et de son développement restent à élucider plus finement dans le cadre d’une histoire sociale qui mette au jour les mécanismes et les enjeux de l'engagement au sein du mouvement jaciste. Brosser un portrait collectif des militants et des responsables tout en rendant compte de l’individualité et de l’articulation des parcours et des expériences permet autant de mesurer le poids de la JAC dans le milieu rural, de comprendre ses modalités d'actions, de rendre compte de sa signification que d’éclairer une large part du militantisme rural du XXème siècle. Ces parcours individuels sont resitués à la fois dans leurs cohérences, leurs divergences ou leurs ajustements avec le discours et les pratiques véhiculées par la JAC et par l’Église alors que la question de la « modernité » religieuse ne cesse d’être interrogée tout comme celle de la reconstruction et de la consolidation de l’agrarisme. L’observation à l’échelle départementale, celle du Jura, permet de saisir plus finement les dynamiques d’une fédération dans sa confrontation avec le cadre du diocèse même si les variations de la focale de la commune au national sont de mise. La focalisation sur l’Entre-deux-guerres perçue comme un temps de « crise » tant démographique qu’économique et morale par les acteurs du milieu rural rend possible une approche précise et pertinente la structuration de nouveaux discours sur le rural et l’émergence de mouvements prétendant remédier à cette « crise » au premier lieu desquels la JAC.