Thèse soutenue

Dépollution d'un effluent industriel complexe par filtration membranaire : propriétés du latex naturel de skim concentré

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Auteur / Autrice : Alexandre Rubio
Direction : Daniel PiochMarie-France Vallat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : APAB - Agroressources, Procédés, Aliments, Bioproduits
Date : Soutenance le 15/11/2016
Etablissement(s) : Montpellier, SupAgro
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : BioWooEB, Unité de Recherche , Cirad Institut de recherche à Montpellier
Jury : Président / Présidente : Manuel Dornier
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Peruch, Serge Palu, Olivier Coupaye
Rapporteurs / Rapporteuses : Yves Holl, Geneviève Gesan-Guiziou

Résumé

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Le latex naturel d’hévéa (LCN) est une dispersion colloïdale aqueuse de caoutchouc naturel de polyisoprène (PI). Après concentration, le LCN (1,2 Mt/an) a de nombreuses applications (gants chirurgicaux, préservatifs) grâce aux propriétés de son composant principal, le PI. La centrifugation, méthode de concentration généralement utilisée, donne un co-produit (skim) pauvre en particules de caoutchouc (5 % massique) mais riche en composés non caoutchouc. Sa récupération actuelle (coagulation par H2SO4) conduit à un caoutchouc de basse qualité et l’effluent final est polluant pour les rivières (H2S). Des essais antérieurs de filtration avaient montré la faisabilité du concept, mais présentaient une faible productivité, des problèmes de coagulation, de colmatage.La thèse vise un procédé de concentration du skim par ultrafiltration (UF), récupérant le PI de qualité et réduisant la charge de l’effluent, destiné à l’application industrielle, dans le cadre du projet Filtexcol (ADEME). L’optimisation du procédé a inclus la caractérisation chimique et physicochimique des skims au-delà des seuls paramètres hydrodynamiques en unité pilote. La composition chimique (espèces non caoutchouc) des skims étudiés est variable (taux de lipides, protéines, tensioactifs (TA) anioniques, non ioniques). Leur stabilité au cisaillement est mesurée via un test rapide mis au point pour être utilisable en usine, adapté à la faible charge du milieu (PI ~3-5 %, non-PI ~2 %). L’aptitude d’un skim à l’UF peut être estimée via sa stabilité sous forte contrainte de cisaillement, paramètre principal limitant.La stabilité augmente avec le taux de protéines extractibles et de TA non ioniques. Elle est améliorée par des additifs à des taux précis sous peine d’obtenir l’effet inverse. Par contre, la stabilité n’est pas liée au potentiel Zêta. L’effet des TA non ioniques (mono-, diacylglycérols) formés par hydrolyse des lipides indique une stabilisation par répulsion stérique, mais la corrélation observée aussi avec les protéines, combinée aux TA anioniques (savons) en forte concentration et au pH optimal supérieur à 9,5, peut impliquer aussi la répulsion électrostatique. Nos résultats montrent une structure complexe différente de celle du LCN concentré. Ces résultats relatifs à la physicochimie contrôlant la stabilité du skim, combinés à la granulométrie, ont permis de choisir en pilote 10 L le type de pompe (équipement critique en raison du risque de fort cisaillement) et de membrane (ZrO2), de réaliser un pilote de 100L équipé d’un module membranaire multicanal pour l’industrie, de déterminer le domaine critique d’UF (pression transmembranaire, vitesse tangentielle, taux de retour rétentat) vis-à-vis du flux de perméat J (flux critique, flux limite) et les conditions partiellement optimisées via un plan d’expérience combiné à la simulation par réseau de neurones artificiels. Le contrôle du pH durant le nettoyage et le conditionnement de la membrane assure un J élevé dès le début de l’UF. Mais même hors du domaine critique, J initial est très inférieur J-eau (1/20), l’interaction rapide skim-membrane introduit la principale résistance hydraulique puis J reste stable, témoignant de l’absence d’interactions ultérieures. Le fait de concentrer le PI (rétentat) augmente proportionnellement la résistance jusqu’au facteur de concentration volumique ~3, au-delà elle évolue peu. J se stabilise à 20 L/h.m² après 20 h d’UF. Le régime de filtration recherché via la loi des puissances est de type SBM : faible colmatage de la membrane durant la concentration (bouchage partiel à l’intérieur de pores). La totalité du PI et les non-PI (protéines et lipides) associés aux particules sont retenus et concentrés en pilote 100 L jusqu’à ~40 % de matière sèche ; la demande chimique en oxygène du nouvel effluent (perméat) est divisée par 4. Ces performances ouvrent la voie à des essais à plus grande échelle et à des applications prometteuses.