Thèse en cours

L'écriture de l'enfermement : de la narration de l'incarcération aux perspectives et illusions d'évasion et de métamorphose

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Salomon De Izzara
Direction : Hélène Maurel-indart
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Littérature Française, Anglaise, Américaine
Date : Inscription en doctorat le 22/10/2013
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences de l'Homme et de la Société

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

On ne peut décemment parler de l'écriture de l'enfermement dans son aspect le plus profond sans mentionner la notion de "métamorphose" qui y est intimement liée. En effet, ce terme induit le changement d'un être en un autre, une évolution à la fois mentale et physique. Ainsi, le citoyen libre qui séjourne en prison à la suite d'une transgression envers la société se voit irrémédiablement transfiguré par son incarcération. Le but de cette thèse, par l'analyse d’œuvres de Jean Genet, de Victor Hugo, de Jack London et d'Oscar Wilde, est donc de mettre en valeur les différentes étapes de ce processus, d'en comprendre les causes et les conséquences. Notre première partie s'intéresse à l'histoire des systèmes carcéraux en Californie, en France et au Royaume-Uni, afin de mieux apprécier leur évolution et de mettre en contexte les différents ouvrages de notre corpus primaire. Nous distinguons alors autant d'éléments qui sont à la base de notre recherche, tels que l'usage des clichés carcéraux qui diffère selon le genre littéraire des œuvres. Cette différenciation a toute son importance dans l'étude des personnages dits "carcéraux", dont la figure majeure est le détenu-narrateur, qu'il soit réel ou fictif, et la réduction a minima de son rôle de transgresseur. De même, sa métamorphose ne peut être pleinement mesurée sans la mise en valeur de ses relations avec ses codétenus et les rapports de force avec les membres de l'administration pénitentiaire. Notre deuxième partie s'attarde sur les processus de la métamorphose, dont le premier aspect est la déshumanisation par la perte du patronyme et des atours de citoyen au profit d'un matricule et d'une tenue standardisée. Le moi du détenu ébranlé, il s'agit désormais de le surveiller afin d'étouffer toute velléité de rébellion, mais aussi de le contrôler. C'est dans ce but que sont utilisés le panoptique, le travail, les humiliations physiques et morales, mais aussi le temps réduit à un présent mortifère. Ainsi, le détenu, en s'habituant plus à ces différents procédés qu'en les comprenant pleinement, développe des moyens de protection tels que l'évasion sous toutes ses formes, l'écriture, la communication avec ses compagnons d'infortune, les retours à son passé, l'amour ou l'usage de l'argot. En somme, si la violence de la prison a des aspects multiples, les procédés de protection et de sauvegarde du moi en ont tout autant. Notre dernière partie concerne, quant à elle, les aspects plus inattendus de la carcéralité, comme la prison vécue sous un jour positif ou le fait que l'incarcération offre un écho non-négligeable aux dénonciations de nos auteurs. Nous nous attardons également sur un aspect moins commun de la prison qui est la libération et le retour à la société, tout aussi violents que l'incarcération elle-même en ce que le détenu "déculturé" emporte sa prison avec lui. Enfin, au regard de ces derniers éléments, nous nous interrogeons sur la profondeur de la métamorphose, afin de déterminer si elle n'a d'existence réelle que dans le cadre de l'incarcération ou si, à l'inverse, elle est profonde et durable.