Thèse soutenue

Eléments de lecture pour une mise en perspective de l’échec d’un dispositif d’enseignement-apprentissage de français en ligne et à distance dans une université ouverte d’Afrique de l’est
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Emmanuelle Croze
Direction : François Mangenot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage Spécialité Français langue étrangère
Date : Soutenance le 06/09/2019
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de linguistique et didactique des langues étrangères et maternelles (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Jean-Luc Rinaudo
Examinateurs / Examinatrices : François Mangenot, Charlotte Dejean, Christine Develotte
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Laure Foucher, Éric Bruillard

Mots clés

FR  |  
EN

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

La disparition d'un dispositif de français en ligne et à distance ne peut qu'interroger quand elle a lieu dans le contexte d’une université ouverte. C’est de cette interrogation que part la présente thèse située en sciences de l’éducation et en didactique des langues et ancrée dans le domaine des cultures d’apprentissage, de l’autoformation et du FLE, et dont l’objectif initial était de réaliser l’analyse du déclin du dispositif pour essayer d'en comprendre les raisons. Le dispositif ayant été coordonné, conçu et réalisé par des personnes d’origines européenne et africaine, prévu pour un public tanzanien, et ayant reçu un soutien important de la coopération française et de la hiérarchie de son université d’implantation, l’Open University of Tanzania (OUT), il a, d’abord, fait l’objet d’une réflexion portant sur les cultures et habitudes d’apprentissage au sein de l’OUT afin d’étudier dans quelle mesure une culture pédagogique du Nord, présente à travers les acteurs français et formés en France, et la culture d’apprentissage des étudiants tanzaniens inscrits à l’OUT pouvait entrer en tension et constituer une cause de la disparition du dispositif initial. A côté de cela, il n’était pas possible non plus d’oblitérer la question de potentielles divergences fatales au sein même du dispositif de français, renvoyant à un possible décalage entre les conceptions des acteurs (concepteurs, enseignants et étudiants) pour ce qui concerne l’enseignement et l’apprentissage des langues mais aussi l’apprentissage médiatisé par les technologies. Au-delà de l’analyse du déclin du dispositif, cette thèse, en croisant les réponses des étudiants avec celles des responsables et enseignants de l’OUT a permis de mettre au jour, chez les étudiants, des pratiques originales marquées par la culture (d’apprentissage) tanzanienne. Elle révèle comment les étudiants reconstituent du présentiel au sein d’une université ouverte qui prône l’autoformation et propose des enseignements exclusivement à distance. L’étude montre au final, que c’est au niveau micro des conceptions et de l’adhésion des acteurs aux principes initiaux du dispositif que se situent les réels enjeux. L’analyse croisée des résultats de l’étude sur le dispositif de français (des documents fondateurs du dispositif de français aux réponses des étudiants et des enseignants) montre que de fortes convergences existent entre le dispositif tel qu’il a été pensé, d’une part, et les pratiques des étudiants de même que leurs attentes à l’égard d’un dispositif d’enseignement-apprentissage des langues, d’autre part. Mais les tensions se révèlent particulièrement fortes quand il s’agit d’envisager le numérique dans la formation en français. L’analyse rend manifeste que ce sont les conceptions négatives des enseignants au regard du numérique en éducation qui conduisent à l’abandon du dispositif en ligne au profit d’un enseignement en présentiel et que, contrairement à l’institution qui intègre les pratiques étudiantes, les enseignants en charge du dispositif de français ne prennent pas en compte les pratiques et attentes de leur public. Cette étude montre donc que, tout au moins dans le cas étudié, les tensions potentiellement fatales pour un dispositif ne se situent pas dans la rencontre des cultures d’enseignement-apprentissage si, comme, le montre l’adaptation du fonctionnement de l’OUT aux pratiques effectives des étudiants, une volonté d’adaptation est présente permettant d’aller vers une culture commune. Les difficultés apparaissent lorsque les cultures d’apprentissage et les pratiques sont imaginées et/ou projetées à partir d’expériences personnelles et que la mise en avant de ces cultures et pratiques ou non-pratiques imaginées, conduit à l’imposition du dispositif qu’un groupe d’acteurs disposant d’un certain pouvoir entend privilégier.