Recherches sur la représentation de la mort en Espagne. Influences idéologiques et esthétiques du Siècle d’Or au XIXe siècle

par Marcela Alejandra Rivas-Jamett

Thèse de doctorat en Etudes Hispaniques et Lati-américaines

Sous la direction de Pierre Civil.

Thèses en préparation à Paris 3 , dans le cadre de École doctorale Europe latine et Amérique latine (Paris ; 1992-....) , en partenariat avec Les Cultures de l'Europe méditerranéenne occidentale (Paris) (laboratoire) depuis le 13-11-2012 .


  • Résumé

    En crise chronique depuis la Guerre d’Indépendance, l’Espagne du XIXe siècle connaît un processus de réhabilitation géopolitique. La monumentale peinture d’histoire qu'elle développe alors, témoignage d'une certaine stratégie propagandiste, apparaît largement fondée sur la représentation de la mort. Nostalgique de sa grandeur passée, la quintessence de son Siècle d’Or sert à encenser la spécificité hispanique et un système de représentations absolutistes qui nie les antagonismes politiques du présent, forts de valeurs constitutionnelles. L’histoire des idées comblerait ce hiatus, car la conceptualisation théologique, politique et juridique des représentations de la mort aux XVIe et XVIIe siècles, source de divergences idéologiques, fustigerait les valeurs absolutistes et contre-réformistes fortement dégradées au XVIIIe siècle. Le XIXe s’ouvre alors au conflit de concepts et de représentations, où l’image de la mort s’émancipe de la peinture d’histoire absolutiste, avec une même exigence esthétique et historique. L’art se démocratise par un décentrement vers l’espace du conflit politique pour présentifier la mort de l’être social. Médiatisées par une iconographie mobile et journalistique, les représentations extensives de la mort – la mort sociale et la menace de mort – deviennent le matériau d’un réalisme social qui s’approprie le substrat goyesque et rompt avec le consensus idéologique autour de l’œuvre. Au-delà du processus de réification et de déshumanisation de l’être, cette étude porte sur les systèmes de pensée ayant contribué à l’évolution des représentations de la mort, à travers la transversalité de champs disciplinaires qui définissent l’image politique du XIXe siècle.

  • Titre traduit

    Research on the representation of death in Spain. Ideological and aesthetic influences from the Golden Age to the 19th century


  • Résumé

    In a state of chronic crisis since the War of Independence, nineteenth-century Spain underwent a process of geopolitical rehabilitation. The monumental history painting that it developed at the time, bears witness to a certain propaganda strategy, and appears to be largely based on the representation of death. Nostalgic for its past greatness, the quintessence of its Golden Age serves to praise Hispanic specificity and a system of absolutist representations that negates the political antagonisms of the present, which are strengthened by constitutional values. The history of ideas would fill this gap, as the theological, political and legal conceptualisation of the representations of death in the 16th and 17th centuries, a source of ideological divergence, would castigate the absolutist and counter-reformist values that had been greatly degraded in the 18th century. The 19th century then opened up to a conflict of concepts and representations, where the image of death emancipated itself from absolutist history painting, with the same level of aesthetic and historical requirement. Art was democratised by decentring towards the space of political conflict to present the death of the social being. Mediated by a mobile and journalistic iconography, the extensive representations of death – social death and the threat of death – become the material of a social realism that appropriates the goyesque substratum and breaks with the ideological consensus around the work of art. Beyond the process of reification and dehumanisation of the human being, this study focuses on the schools of thought that contributed to the evolution of the representations of death, through the transversality of disciplinary fields that define the political image of the 19th century.