Projet de thèse en Sciences sociales
Sous la direction de Jean-Christophe Marcel et de Didier Lapeyronnie.
Thèses en préparation à Sorbonne université , dans le cadre de École doctorale Concepts et langages (Paris) , en partenariat avec Groupe d'Etude des Méthodes de l'Analyse Sociologique de la Sorbonne, Equipe de recherche (laboratoire) depuis le 29-11-2012 .
Avec l’entrée dans l’Union européenne de la Roumanie et Bulgarie, les migrants Roms en France sont devenus de plus en plus visibles dans l’espace publique. Le mode de vie structuré autour de la famille élargie engendre au moment de la migration des groupes Roms une forme particulière de déplacement, caractérisée par la migration collective. Cette forme collective de migration génère de problèmes particuliers pour l’hébergement dans les habitats formels. En conséquence, les Roms sont contraints d’investir des formes d’habitat alternatif, en occurrence des bidonvilles et des squats. Cette occupation illégale de l’espace conduit à des expulsions qui produisent ensuite des formes de mobilité géographique dans des espaces plus ou moins étendus. Dans ce contexte d’instabilité socio spatiale, il est important de s’interroger sur la scolarisation des enfants roms en France. Ainsi, l’interrogation porte sur les origines et les particularités des facteurs qui influencent les trajectoires scolaires des enfants roms et leur impact en termes de durée de scolarisation. Peut-on parler d’une scolarisation à court terme ou à long terme ? Comment les enfants roms s’intègrent dans le système d’enseignement français ? Dans quelle mesure, les enfants roms scolarisés, sont-ils affectés par le phénomène d’absentéisme, de la déscolarisation où de décrochage scolaire ? Il y a-t-il un mécanisme engendre par des facteurs macro, méso et micro sociaux qui peut influence le parcours scolaire des enfants roms ? Comme lieu de socialisation et facteur d’intégration, l’école contribue à l’adaptation de l’individu aux normes et valeurs de la société. Mais, l’école à travers ses fonctions offre également une formation culturelle de base et assure l’insertion professionnelle et sociale de l’individu. En conséquence, l’échec n’est plus un problème en termes pédagogiques, mais elle devient un problème social, car l’échec scolaire engendre l’échec social. Dans cette perspective, l’école est une institution favorisant la reproduction sociale (Bourdieu & Passeron, 1970) par le fait d’ignorer les valeurs des élèves venant d’un milieu défavorisé ou d’une culture différente, généralement caractérisé, par un handicap socioculturel (Esterle-Hedibel, 2006), et de promouvoir les valeurs de ceux qui viennent d’un milieu favorisé, situation opposée à l’idée d’égalité des chances. Dans cet espace de concurrence (Broccolichi & Van Zanten, 1997), les enfants roms qui viennent d’un milieu défavorisé sont dans une position d’infériorité par rapport aux enfants appartenant au groupe majoritaire. Ainsi, l’échec scolaire peut être considéré comme un échec de la démocratie dans la mesure où les institutions scolaires participe à générer des inégalités sociales. Dans ce sens, l’échec n’est plus celui de l’enfant, mais celui de l’école elle-même. L’enfant provenant d’un milieu défavorisé sera en conflit (Dubet & Martucelli, 1996) avec les normes et les valeurs que l’école favorise et qui sont opposées aux normes que lui et sa famille respectent, situation qui mènera à l’inadaptabilité et à l’échec scolaire. Dans une perspective interactionniste, l’échec scolaire se construit à l’intérieur de l’école comme conséquence de la spécificité des interactions entre les élèves et les enseignants. Ainsi, les enseignants ont des attentes plus ou moins élevées auxquelles les élèves répondent en conséquence. Cette perspective est liée étroitement avec le milieu socio-familial de l’enfant, car un milieu familial défavorisé et défavorisant est caractérisé par l’insuffisance du capital culturel transmis à l’enfant. La déficience du niveau culturel de la famille, l’absence des stratégies (Déchaux, 2007), mais aussi les attitudes négatives à l’égard de l’école de la part des parents scolarisés en Roumanie dans des écoles ségrégées, peut déterminer un retard dans le processus de développement intellectuel de l’enfant. Dans ce sens, le handicap socioculturel associé à l’absentéisme et l’absence d’attention que l’enfant rom prête pendant les cours, engendrent des difficultés dans le processus d’appr
Academic trajectories of Roma immigrant children in France.
Entissage. Ces derniers sont susceptibles de favoriser ensuite le mécanisme de décrochage scolaire. Dans ce cadre d’analyse, le processus de scolarisation des enfants roms et leurs trajectoires scolaires sont influencées par des facteurs individuels comme : l’estime de soi, les motivations vis-à-vis du processus d‘apprentissage et le sens de la responsabilité. Au-delà de ces cadres passés en perspective, l’attention est centrée aussi sur les particularités du contexte politique français qui se base sur une forme d’immigration choisie et d’éloignement d’une population non désirée. Dans ce sens, on s’intéresse au respect des droits (Marchand, 2001) des Roms en tant que citoyens européens et aux politiques publiques d’intégration scolaire des enfants issus de l’immigration. Ainsi, des facteurs externes au cadre familial sont susceptibles d’influencer de manière négative les comportements scolaires des enfants roms ainsi que leurs trajectoires scolaires.