Thèse soutenue

Mettre la ville en musique (Paris-Berlin). Quand territoires musicaux, urbains et professionnels évoluent de concert

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Auteur / Autrice : Myrtille Picaud
Direction : Gisèle Sapiro
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 27/06/2017
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Stéphane Dorin
Examinateurs / Examinatrices : Andy Bennett, Philippe Coulangeon, Pascale Laborier, Sylvie Tissot

Résumé

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Cette thèse de sociologie porte sur les salles de musique dite « vivante », en s’appuyant sur une comparaison entre Paris et Berlin. L’étude des salles de musique rend compte de la production des définitions et des hiérarchies sociales des territoires musicaux, urbains et professionnels. À la diversité des genres musicaux qui y sont programmés répond la variété des manières de les entendre : publics assis ou debout, configurations intimistes ou stades, etc. L’articulation entre approche ethnographique et analyse statistique témoigne du lien entre esthétiques et usages sociaux de la musique. Ces territoires musicaux, constitués par les cadres d’écoute et les esthétiques, sont inégalement reconnus par les politiques culturelles et ne recoupent pas strictement les frontières des genres. Par ailleurs, les sous-champs musicaux dans les deux villes sont structurés par des logiques spatiales, ce qu’éclaire la cartographie des lieux de musique. Et, si la localisation des salles influe sur leur qualification musicale, à l’inverse, le fait musical participe aux transformations des représentations des territoires urbains. Outre l’ancrage géographique, cette thèse s’intéresse de près à la construction d’une offre musicale à travers la sélection des artistes par les programmateurs et programmatrices des salles berlinoises et parisiennes. Ainsi, elle donne à voir la délimitation de la fonction de programmation comme territoire professionnel, en interrogeant sa variabilité selon l’histoire du sous-champ musical et les contraintes liées à la concentration économique du secteur de la musique live. Une série d’entretiens avec les programmateurs et programmatrices a permis la comparaison des pratiques et des trajectoires de ces intermédiaires. Celle-ci atteste d’un développement professionnel inégal à Paris et Berlin et d’usages distincts du désintéressement dans une activité de programmation internationalisée. Les intermédiaires, comme les politiques culturelles, participent aux oppositions au sein du sous-champ des salles de musique, qui reflètent les centres et les périphéries du champ musical transnational. En effet, selon leur position dans le sous-champ et leurs ressources, les salles ne programment pas les mêmes catégories d’artistes. Ainsi, la retraduction locale de la valeur musicale contribue ainsi au positionnement de Paris et de Berlin comme capitales culturelles.