Le Besoin d’État ? Le rôle politique des diasporas liées à des États en situation de guerre ou de conflit : le cas libanais au Brésil, aux États-Unis, en France et au Mexique.

par Cynthia Salloum

Projet de thèse en Science politique

Sous la direction de Olivier Roy.

Thèses en préparation à Paris, EHESS , dans le cadre de École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales depuis le 14-10-2010 .


  • Résumé

    Les études sur les diasporas sont sous-investies par les disciplines de la science politique et des relations internationales. Cette thèse constitue à la fois une entreprise critique sur la force heuristique et normative du concept de diaspora, et une enquête sur une configuration diasporique spécifique. Elle analyse les diasporas comme acteurs politiques à l’intérieur comme à l’extérieur en distinguant entre diasporas et minorités, transnationalisme et transétatisme, gouvernement et gouvernance. L’enquête compare l’installation de la diaspora libanaise au Brésil, aux États-Unis, en France et au Mexique —en y associant ponctuellement les cas secondaires des diasporas juives et palestiniennes. La thèse réhabilite le concept de diaspora, se concentrant sur ses caractéristiques politiques et introduit une nouvelle catégorie : celle des diasporas liées à des États en situation de guerre ou de conflit. Elle révèle la convergence des réseaux locaux et transnationaux, ethniques, religieux, financiers et politiques. De par leur structure réticulaire transnationale, les diasporas défient la territorialité de l’État national. Si nous acceptons le postulat d’une diaspora symbole d’un nouvel ordre transnational, l’enquête montre cependant que les structures diasporiques doivent encore s’adapter à l’ordre étatique en place. Elle révèle un double « besoin d’État » des diasporas à l’égard des États d’installation et d’origine. En étudiant l’incorporation politique des diasporas, la thèse propose de surcroît une analyse de la notion de diaspora, dans son rapport à la nation, l’État, les réseaux, les frontières et les territoires. Elle offre une analyse sur rôle politique des diasporas dans l’amplification de l’interdépendance des affaires intérieures et étrangères, précisément lorsque l’État d’installation mène une politique d’intervention sur les territoires desquels sont issues – ou auxquels s’identifient – les diasporas présentes sur son sol.

  • Titre traduit

    The Need Of State? The political role of diasporas related to war or conflict settings : the case of the Lebanese diaspora in Brazil, France, Mexico and the USA.


  • Résumé

    The study of diasporas has been neglected in international relations and political science. Yet diasporas convey a critical perspective on the changes that are occurring in contemporary states and the international arena. In this connection, while engaging with the debates on statecraft and the transformation of the state, my thesis provides a novel framework that serves to distinguish between diasporas and minorities, transnationalism and trans-statism, government and governance. My central unit of analysis explores precisely how, and the extent to which, diasporas form interest groups and become political actors both in domestic and international politics through specific strategies of political incorporation. My research is based on a major empirical study of the Lebanese diaspora in four countries: Brazil, France, Mexico, and the United States of America—taking into account the Palestinian and Jewish diasporas as shadow-cases. I rehabilitate the concept of diaspora by focusing on its political characteristics. More specifically, I establish diasporas related to war and conflict settings, across multiple dimensions, as a distinct category of analysis in diaspora studies and foreign policy analysis. My cases reveal the convergence of ethnic, religious, financial, militant and political networks. The analytical leverage provided by surfacing the role of diasporas in this way, set in a broader frame, recalls marginalized understandings of the interdependence between domestic and foreign affairs. Moreover, it unbundles the concepts of borders and territoriality, as the strategies of empowerment and political acts of diasporic minorities play out across overlapping political arenas. I show how these complex interrelations and reimaginings are never more strikingly evoked than when states intervene on territories to which some of their own diasporic minorities identify.