Thèse soutenue

Le rôle de la littérature dans l'édification d'une culture nationale
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Auteur / Autrice : Natacha Kulundzic
Direction : Bruno GarnierJacques Thiers
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance le 20/12/2018
Etablissement(s) : Corte
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Environnement et sociéte (Corte ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lieux, identités, espaces, activités (Corte, Haute-Corse)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Jacques Thiers, Olivier Millet, Laetitia Perret, Françoise Graziani, Jean-Christophe Cavallin
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Millet, Laetitia Perret

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Il est aujourd’hui devenu banal de dire que le XVIe siècle est une période très importante pour la culture française : le français, jusqu’alors langue « basse » par rapport au latin, aurait accédé aux plus hautes fonctions de la communication. Or, l’affirmation selon laquelle la langue vernaculaire aurait changé de statut est fondée sur deux textes en particulier. Le premier, l’Ordonnance de Villers-Cotterêts, est promulgué par François 1eren 1539 et fait du français la langue de la justice. Dix ans plus tard, la Défense et Illustration de la langue française, manifeste du groupe de la Pléiade, écrit par Joachim du Bellay, assure que la langue française a les qualités nécessaires pour occuper tous les domaines de la culture, via la création par imitation des Anciens et l’enrichissement du lexique. L’enseignement de la littérature française, au niveau du lycée particulièrement, véhicule ces deux présupposés depuis longtemps, sans tenir totalement compte de la connaissance des faits acquise par la recherche.Car, en vérité, le combat pour la langue française a commencé depuis le XIVesiècle, ce qui lui a déjà permis de conquérir bien des champs de la culture. En outre, François 1er n’est pas le premier monarque à s’intéresser au vernaculaire ; il s’inscrit dans une continuité qui a déjà légitimé le français comme langue juridique et administrative. La réception actuelle de ce début du XVIesiècle et de la Pléiade, peut donc être qualifiée de « mythe ».Nos recherches ont montré que c’est au XIXesiècle que cette création a vu le jour. Plus précisément, il aura fallu trois relectures pour que soit établi le mythe de la Pléiade tel qu’on l’enseigne aujourd’hui en France. Ces différentes relectures sont le fruit d’une réception différente des oeuvres des élèves de Coqueret. Dans une Europe en renouvellement, alors que l’affirmation de l’identité allemande se veut de plus en plus agressive, l’hégémonie de la culture française est remise en cause. Se pose alors la question de la valeur et de l’essence de la littérature française. Ces trois relectures sont autant de réponses à cette interrogation. Un homme est l’auteur de deux d’entre elles, Charles Augustin Sainte-Beuve, qui, à travers les deux éditions de sonTableau historique et critique de la poésie française et du théâtre français au XVIe siècle construit toutes les composantes du mythe. Grâce à l’imitation des formes et des procédés stylistiques, les Parnassiens permettent de fixer les idées de Sainte-Beuve, et de faire accéder les poètes de la Pléiade au rang des auteurs classiques.Vient alors la dernière étape dans l’élaboration du mythe : sa pérennisation via l’école de la Troisième République Opportuniste. Après la perte de l’Alsace-Lorraine et après près d’un siècle de soulèvements populaires, l’heure est à la construction d’un modèle de gouvernance stable. Les Opportunistes, pour établir la Troisième République dans la durée, s’appuie sur la création d’un sentiment national fort, ciment de la nation, et garant de la stabilité politique. La culture, et donc la littérature deviennent un enjeu national. Dans le nouveau roman national littéraire ainsi créé, la relecture de Sainte-Beuve est reprise au nom d’un certain nombre de valeurs défendues par les Opportunistes faisant accéder au Panthéon des grands Auteurs Ronsard et du Bellay.