Thèse en cours

L'expérience démocratique en unité de soin palliatif, moyen du soin ou finalité de l'organisation du travail ?

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Auteur / Autrice : Laurène Gouty
Direction : Claire Pagès
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 15/11/2023
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (2018-.... ; Centre-Val de Loire)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions culturelles et discursives (Tours)

Mots clés

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Résumé

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Equipe, éthique et démocratie en unité de soins palliatifs : "L'expérience démocratique en unité de soins palliatifs, moyen du soin ou finalité de l'organisation du travail ?" Ce travail de thèse a pour objectif de vivre, de raconter et d'analyser le travail des unités de soins palliatifs (USP) en s'intégrant au cœur de là où il s'imagine et se fait, les équipes soignantes. Ces lieux de soins atypiques dans leurs missions, valeurs, son rapport à la mort, ont longtemps été un refuge pour des soignants abîmés par une clinique maltraitante envers les patients et les professionnels. Toutefois, les USP ne sont plus ces lieux protégés et connaissent désormais aussi les hémorragies soignantes, les turn overs, les épuisements professionnels, l'intérim massif et la souffrance au travail. Ce travail souhaite venir comprendre et montrer ce qui fait aujourd'hui la souffrance des soignants des USP. Le début de ce travail sera d'expliciter ce qui a bâti la clinique et le mouvement des soins palliatifs dans le temps et dans l'évolution du rapport de notre société à la mort et à ses mourants. Si son histoire permet au milieu militant des soins palliatifs de porter des valeurs fortes, il fera partie du travail de montrer pourquoi porter ces valeurs devient peu à peu incompatible avec la réalité de ceux qui font les soins, favorisant chez eux l'apparition de la souffrance au travail. Cette réflexion se centre sur ce que beaucoup de soignants décrivent comme le lieu du soutien d'un travail pourtant éprouvant : leur équipe et la réflexion éthique menée ensemble en vue du meilleur soin possible pour un malade. Plus loin encore, il y a là une réelle expérience politique de ces équipes qui basent leurs actions sur la discussion commune. Les valeurs du mouvement des soins palliatifs portent en leur sein une capacité démocratique forte. Non seulement le cœur de la clinique palliative se trouve dans une forme d'éthique de la discussion, mais aussi dans une dimension de solidarité inconditionnelle, de considération mutuelle, et donc de reconnaissance des individus impliqués, autant pour les patients que pour les soignants. Toutefois, le travail du soin palliatif s'abîme aussi et l'expérience démocratique de ces équipes est fortement fragilisée un peu partout, voire disparaît. Les USP connaissent peu à peu les mêmes mouvements que ceux de l'ensemble du milieu du soin. Ce travail a pour but de décrire les mécanismes impactant les USP et notamment les capacités démocratiques des collectifs soignants. De par mon intégration dans ce milieu, j'y assiste tous les jours : cadence imposée par le chiffre, menace régulière sur les temps de discussion, suppression des voix divergentes par la rhétorique ou les convocations, dissension des objectifs entre les salariés et leurs gestionnaires notamment intermédiaires, appauvrissement de la marge de pouvoir des soignants sur la manière de faire les soins… Cette rechercher viendra montrer ce que cela produit pour les patients et chez les soignants. Ainsi, le lien se fait entre soin et politique : l'expérience d'une forme démocratique du travail, ici celui du soin, ne serait-elle pas la clé de la pérennité des soignants, et aussi le gage d'une véritable qualité des soins prodigués aux malades ? L'expérience de ce travail démocratique est-elle si puissante que lorsqu'elle s'amenuise ou disparaît, les soignants ne parviennent plus à « faire sans » ? Ce travail viendra s'appuyer sur un croisement des sources de connaissances. La méthodologie anthropologique du journal de bord permettra de faire remonter les expériences et les vécus du terrain, tels qu'en parlent ceux qui sont le plus touchés par les évolutions imposées à leur travail. Les penseurs de la démocratie seront bien sûr indispensables à ce travail. Les apports de la psychodynamique du travail permettront un éclairage des liens entre l'individu et le collectif, de penser la souffrance au travail et les rapports de force qui s'y jouent.