Thèse en cours

Contacts avec des défunts et santé mentale : étude exploratoire des répercussions cliniques des expériences nécrophaniques spontanées et induites.

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Auteur / Autrice : Romain Jallet
Direction : Renaud Evrard
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Psychologie
Date : Inscription en doctorat le 28/08/2023
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : SLTC - SOCIETES, LANGAGES, TEMPS, CONNAISSANCES
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : INTERPSY - Laboratoire de psychologie de l'interaction et des relations intersubjectives

Résumé

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Les expériences exceptionnelles (Rabeyron, 2020) concernent environ une personne sur trois (Belz, 2009) et engendrent d'intenses émotions, pouvant être positives ou négatives, du fait de leur caractère inhabituel. Ce travail de thèse se propose d'étudier les expériences exceptionnelles nécrophaniques, c'est-à-dire en lien avec la manifestation d'un défunt, selon la terminologie choisie par Evrard et ses collègues (2021). Nous nous intéressons particulièrement aux expériences subjectives de contact avec les défunts, spontanées ou provoquées, qu'importe leurs modalités sensorielles (Elsaesser & al., 2020 ; Kamp & al., 2020), mais également aux expériences de hantise (Laythe et al., 2022 ; Houran & Lange, 2001). Les expériences exceptionnelles interrogent les cliniciens sur leur lien à la psychopathologie (Evrard, 2014) dans la mesure où elles se manifestent chez des personnes aux profils très variés (âge, genre, éducation, culture, état de santé). Depuis la deuxième moitié du XXe siècle, les psychologues se sont majoritairement intéressés aux expériences nécrophaniques spontanées, après que le spiritisme les ait conduit à s'intéresser aux expériences induites (Le Maléfan, 1999). Néanmoins, il existe toujours dans de nombreuses cultures des communications avec les défunts qui sont facilitées, assistées et recherchées afin d'en tirer profit (Molinié, 2006). Ainsi, des protocoles d'induction existent et visent, par le biais d'un médium notamment, à permettre la réception de messages de la part des morts et destinés aux vivants (Beischel, 2019). Le psychomantéïon est un de ces dispositifs conçus initialement pour faciliter les expériences de retrouvailles avec des défunts (Hastings & al., 2002). Il s'agit d'une procédure d'observation d'un miroir ou d'une surface réfléchissante appelée spéculum, dans un espace de “déprivation sensorielle” avec le moins de stimuli sensoriels possibles, redéployée par Raymond Moody (1992 ; 1993) à partir d'un dispositif datant de l'Antiquité. Si les nécrophanies disposent de fonctions salutaires (Muhammad Gadit, 2011), celles induites par psychomantéïon peuvent participer au travail de deuil (Mercier & Si Ahmed, 2002). Effectivement, le sentiment de perte de l'après-décès pourrait être mis en sens par notamment la sensation de présence (Steffen et Coyle, 2011). Les nécrophanies semblent contribuer à l'élaboration de la perte (Juranville, 2005) en tant qu'objet de deuil (Matot, 2003), de nature transitionnelle (Winnicott, 1951) et l'assurance d'une continuation des liens après le décès. Dans le cadre d'une approche exploratoire, nous souhaitons étudier les répercussions cliniques des nécrophanies spontanées et induites sur la santé mentale des participants. Il s'agit d'obtenir des données quantitatives à propos de la prévalence, de la phénoménologie et des répercussions cliniques des expériences nécrophaniques spontanées en fonction des différents âges de la vie, mais également chez les professionnels confrontés régulièrement à la mort. Des entretiens de recherche permettront de penser l'accueil de l'expérience subjective des personnes concernées par ces vécus tout en ouvrant une réflexion sur une clinique différentielle des nécrophanies. Dans un second temps, un protocole expérimental d'induction d'expériences nécrophaniques sera développé à partir du psychomantéïon (Moody, 1992 ; 1994 ; Mercier & Si Ahmed, 2002) avec l'hypothèse d'envisager cette méthode d'induction comme un axe de travail au sein de la psychothérapie. Dans cette perspective intégrative, les morts sont envisagés comme des alliés thérapeutiques au service de la guérison des vivants (Molinié, 2006 ; 2014).