Thèse en cours

Sociologie des cultures sportives d'une communauté de communes : les associations de la CALL, leur démographie et leurs effets sur la production d'un capital social

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Auteur / Autrice : Carla Polito
Direction : Williams NuytensNicolas Penin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Staps
Date : Inscription en doctorat le 11/10/2022
Etablissement(s) : Artois
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale en Sciences humaines et sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : UREPSSS - Unité de Recherche Pluridisciplinaire Sport, Santé, Société
Equipe de recherche : ATELIER SOCIOLOGIE, HISTOIRE, EDUCATION, REPRESENTATIONS, PRATIQUES ET ACTIVITES SPORTIVES (SHERPAS)

Mots clés

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Résumé

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La Communauté d'Agglomération Lens Liévin (CALL) est peuplée de 240 000 habitants répartis au sein de 36 communes. Elle est inscrite dans un territoire singulier, marqué par son passé. Bien que l'exploitation minière ait été arrêtée il y a plus de 40 ans, la CALL porte largement les marques de cette histoire. Cet héritage structure encore des conditions d'existence parfois marquées par une forte vulnérabilité (face à l'École, l'emploi, la santé…). Pour autant, la CALL entend faire la démonstration de sa capacité à transformer ce territoire meurtri, en haut lieu de résilience. Dans ce paysage, les activités culturelles sont souvent utilisées à des fins de (re)mobilisation des populations, notamment des jeunesses populaires. C'est dans cette veine qu'est largement utilisée l'activité physique (et sportive) puisque le sport est souvent convoqué pour ses vertus supposément intégratrices. Car le mythe de l'idéologie sportive s'inscrit dans un consensus largement partagé autour du sport intégrateur (Gasparini, 2008). Cette idéologie présente le risque d'une lecture acritique des usages et des effets de l'activité physique, qui sont pourtant éminemment conditionnels . L'ambition de notre proposition est donc de déterminer plus précisément en quoi l'inscription, et surtout comment la participation (en termes de fréquence, d'intensité, d'assiduité, d'ancienneté et de nature de pratique) à une association sportive pourrait produire des effets sur l'intégration sociale, déclinée selon plusieurs dimensions (Durkheim, 1893 ; Landeker, 1951 ; Paugam, 2009 ; Safi, 2011). Pour ce faire, nous étudierons les associations sportives et leurs licencié(e)s regroupés au sein de la CALL. Plus précisément, il s'agira d'observer, de relever, d'objectiver les différentes dimensions de la conditionnalité de la fabrique du lien social, par le sport, sur la population choisie. Ce travail s'inscrit dans le programme scientifique de l'Atelier SHERPAS qui s'intéresse à la place des APS et de l'EPS dans la fabrique et/ou la fragilisation du lien social, plus particulièrement pour les populations vulnérables. Une analyse mêlant méthodologies quantitative et qualitative sera nécessaire pour mener à bien cette étude, dans le cadre d'une thèse de doctorat en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives. La stratégie d'enquête pourrait se décliner en trois volets. Le premier temps de l'enquête sera de nature quantitative. En prenant appui sur la sociologie du sport, il s'agira de caractériser très précisément l'offre associative territoriale sur laquelle appuyer la suite de l'étude. Saisir d'abord ce que sont ces associations pour comprendre ensuite, ce qu'elles font. Cette première phase, permettra en outre, pour le partenaire, de disposer d'une base de connaissance solide du paysage associatif sportif. Cela pourrait être une ressource à disposition pour la mise en place d'éventuels dispositifs socio-sportifs sur le territoire, et peut-être même plus largement pour contribuer à l'orientation de la politique sportive territoriale. Cette première partie quantitative de grande envergure consisterait à enquêter auprès de l'ensemble (l'exhaustivité est ici visée) des associations sportives de la CALL pour en brosser, finement, les portraits (effectifs, niveaux de formation et de qualification des intervenants, composition des bureaux, politique associative, nature de l'activité, posture face au socio-sport et au sport santé). Elle reposera sur la passation de questionnaire. L'objectif est de mettre en place des moyens qui permettront un taux de réponse le plus élevé possible. Cela se rapprocherait d'un travail de démographie sportive. L'objectif est de recenser très précisément l'offre sportive territoriale et ainsi créer une base de données solide pour le partenaire. Cette base pourra être mise en comparaison avec des données nationales, par exemple via les chiffres de l'INSEE . Ainsi, il serait pertinent de s'appuyer sur la carte territoriale afin d'identifier d'éventuels déserts ou au contraire oasis associatifs (Marasà, Nuytens, 2021/2). Cette base permettra la suite du travail empirique. En effet, d'autres comparaisons seront établies avec des territoires aux échelles comparables (en termes de composition sociologique de la population, de taille du territoire, des dimensions urbaines et rurales). Cette démographie sportive, rarement proposée avec une telle envergure, pourra déboucher sur la réalisation de plusieurs tableaux de bord synthétique relatifs à l'ensemble de la CALL, aux QPV, aux espaces ruraux... Ces représentations synthétiques seront combinées à des cartographies relatives à différentes échelles. Le second temps sera consacré à une étude plus fine des licencié(e)s et surtout, d'éventuels liens statistiques entre des modes d'engagement dans le sport et des indicateurs d'intégration sociale. Nous tenterons ainsi d'apporter des éléments de réponse à une question apparemment simple, mais très difficile à traiter : à quelle(s) condition(s), la pratique sportive permet-elle une « meilleure » intégration ? Nous enquêterons alors auprès de différents types de clubs que nous pourrons identifier grâce au travail mené dans la première partie. Fidèles à nos intentions initiales, nous porterons un regard appuyé sur les QPV (mais pas seulement). Nous ferons certainement aussi varier les niveaux de pratique, la taille des clubs, leur ancienneté, leur ancrage local, les conditions de leur encadrement. Nous ciblerons aussi plusieurs pratiques réparties différemment au sein de l'espace sociale des sports (Pociello, 1995). L'échantillon s'appuiera sur des individus licencié(e)s dans les clubs sportifs âgés de moins de trente ans. Cette tranche d'âge, charnière pour la question de l'intégration sociale, sera affinée au fur et à mesure de l'élaboration du dispositif méthodologique et des résultats obtenus. Le troisième temps de l'enquête, également d'ordre qualitatif, permettra d'affiner l'analyse et de déceler les effets (positifs, neutres, négatifs) produits par différentes variables de la pratique sportive associative –appréhendée selon sa nature (essentiellement compétitive, de sport santé, de socio sport ou regroupant plusieurs natures – sur les facteurs mesurés relatifs à l'insertion selon plusieurs dimensions qui la composent. Cet axe du travail consistera à sélectionner certaines associations, selon des critères préalablement définis grâce à la première partie d'étude, afin d'enclencher une enquête d'inspiration ethnographique. C'est ici que s'affine la démographie sportive et que s'entament les recherches autour des relations avec d'autres conduites sociales (scolaire, sanitaire, professionnelle, de formation, de citoyenneté...). En effet, nous souhaitons connaître le poids de chaque variable sur les différents facteurs mesurés. Ceci n'est en effet rendu possible que par une démarche de ce type. Nous chercherons à objectiver les conditions sociales d'existence (parcours sportif et scolaire, professionnel de l'individu). Également, nous interrogerons des éléments qui caractérisent leurs pratiques sportives (type, années, conditions de pratiques, etc...). Le but est de connaître à la fois les clubs sportifs et ceux qui les font effectivement vivre : les licencié(e)s. L'articulation des méthodes quantitative et qualitative alimenterait les réflexions quant à l'importance de la dimension sociale du sport au sein de ce territoire en reconstruction perpétuelle, dont le maitre mot demeure « résilience ». Ce travail scientifique s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés par l'Atelier SHERPAS : - Le programme de recherche ELIPSIS (2015-2020) financé par l'Agence Nationale de la Recherche (ANR-15-CE28-0001). Porté par un collectif de chercheuses et chercheurs de l'Atelier SHERPAS, ce programme vise à identifier les effets des pratiques physiques sur l'intégration sociale en quartiers dits « sensibles ». Cette ANR a été dirigée par Nicolas Penin. - Les contrats de recherches avec l'Association d'Action Éducative (AAE) et le Conseil Départemental du Pas-de-Calais permettant de situer la place des jeunes dans les associations, et les distributions de celles-ci sur le territoire départemental (deux contrats ont récemment été réalisés depuis 2020 sous la responsabilité de Williams Nuytens). - Le contrat de recherche (Novembre 2019 à Décembre 2022) avec l'Agence pour l'Éducation par Le Sport (APELS) a pour but d'identifier les effets produits par le dispositif d'inclusion « Déclics Sportifs » à destination de jeunes sportif(ve)s principalement issu(e)s de quartiers prioritaires et qui sont peu ou pas diplômés.