Thèse soutenue

Compétitivité des entreprises et dépérissement du vignoble

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Auteur / Autrice : Marie Yvette Elisée Konan
Direction : Jean-Marie CardebatAdeline Alonso Ugaglia
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 10/07/2023
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Entreprise, économie, société (Pessac, Gironde ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Bordeaux sciences économiques
Jury : Président / Présidente : Jean-Marc Figuet
Examinateurs / Examinatrices : Davide Nicola Vincenzo Gaeta
Rapporteurs / Rapporteuses : Raúl Compés López, Jonathan Kaplan

Résumé

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Depuis plusieurs années, on observe le dépérissement du vignoble, c’est-à-dire l’érosion des rendements et une augmentation très importante de la mortalité des vignes, qui fragilise la productivité de la filière viti-vinicole en France. Dans un contexte économique plutôt difficile, ces manques à produire impactent directement le profit des entreprises de la filière et leur positionnement sur le marché du vin.Nous analysons l’impact de ce dépérissement sur la compétitivité des entreprises viticoles à travers trois sous-questions. Tout d’abord, nous analysons l’impact des baisses de rendement induites par le dépérissement de la vigne sur la formation du prix du vin dans la région de Bordeaux. Les résultats révèlent qu’une baisse en volume de la récolte de raisin induit une hausse du prix du vin avec une élasticité estimée à 0,201%. On note que les vins d’entrée de gamme sont plus élastiques à la variation de la récolte que les vins haut de gamme dont l’élasticité n’est pas significative sur notre échantillon. Ces résultats soulignent d’une part que les pertes de rendement constituent une perte de compétitivité-prix pour les entreprises viticoles françaises et, d’autre part, que les politiques mises en place pour minimiser ces pertes pourraient induire une baisse du prix du vin à terme. Le dépérissement est un phénomène multifactoriel qui nécessite une adaptation de la part des viticulteurs pour préserver leur productivité. Nous analysons donc ensuite l’impact économique des pratiques mises en place pour lutter contre le dépérissement, dans le cas particulier des méthodes curatives pour lutter contre l’un des facteurs majeurs du dépérissement, une maladie du bois de la vigne, l’Esca. Une première partie présente l’impact économique de l’adoption du curetage et de la complantation sur une parcelle atteinte d’Esca grâce à un modèle de simulation bioéconomique. Les résultats obtenus ont montré que la mise en oeuvre de ces pratiques est rentable pour les viticulteurs, et ce d’autant plus que la sévérité de l’Esca est élevée et que l’efficacité de la pratique est bonne. Leur adoption permettrait donc de maintenir voire d’accroître la compétitivité-coût. Cependant, le manque d’adoption de ces pratiques sur le terrain pourrait être expliqué par d’autres facteurs tels que l’incertitude et l’attitude face des viticulteurs. Dans une seconde partie, nous analysons donc l’impact du comportement des viticulteurs face au risque en situation d’incertitude sur leur prise de décision. Les résultats indiquent que, quel que soit le comportement d’un viticulteur, la décision d’adopter une pratique curative est, en général, plus rentable que la décision de ne mettre en place aucune pratique de lutte contre l’Esca. Cependant, selon le comportement face au risque du viticulteur, la meilleure décision peut varier. C’est un facteur important à prendre en compte pour l’adaptation des viticulteurs. La méconnaissance des effets et des causes socio-économiques et techniques du dépérissement peut également constituer un frein à l’adaptation des viticulteurs. Nous analysons donc enfin les facteurs socio-économiques et techniques du dépérissement. Les résultats obtenus sur les bases de données existantes montrent qu’il existe bien un lien entre le contexte socio-économique et technique des entreprises viticoles et le statut dépérissant ou non de leur exploitation. Les facteurs socio-économiques et technique tels que le rendement et la longévité de l’exploitation, le taux de marge, le stock de vin, le niveau d’engagement environnemental, l’adhésion à une cave coopérative et les pratiques culturales peuvent être discriminants. Leur bonne gestion permettrait une meilleure perception du dépérissement et une adaptation qui permettrait depréserver voire d’améliorer la compétitivité des exploitations viticoles françaises.