Thèse en cours

La fabrique des corps des hommes dans les sports de tradition féminine : le sexe, et le genre de la performance gymnique
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Auteur / Autrice : Peterson Ceus
Direction : Anaïs Bohuon
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du sport et du mouvement humain
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du sport, de la motricité et du mouvement humain
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CIAMS - Complexité, Innovation, Activités Motrices et Sportives
référent : Faculté des sciences du sport

Résumé

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Le sport et en particulier le sport de compétition est une arène sociale où la bicatégorisation par sexe demeure prégnante. Celle-ci s'appuie sur deux présupposés : le fait que l'on pourrait différencier les individus selon leur sexe de manière binaire (homme/mâle ou femme/femelle) et le fait que le sexe masculin aurait un avantage biologique significatif sur le sexe féminin en termes de performances sportives. Ce sont ces arguments, fondés sur des caractéristiques essentialisées des corps féminins et masculins, qui ont permis de justifier la non-mixité de nombreux sports. Dans le cas de la catégorisation des épreuves selon le sexe, il n'est pas question de « catégories naturelles » allant de soi ; pourtant, elles se sont imposées à l'origine de la création des disciplines et des épreuves, en dépit de la plasticité des corps en mouvement, de leur socialisation et de la perfectibilité corporelle qui constituent des variables complexes. La justification fondatrice de la non-mixité des épreuves sportives repose sur l'argument de la bicatégorisation sexuée des corps et l'injonction à maintenir cette différenciation. Ces processus renvoient également aux représentations mentales et sociales liées à la masculinité (esprit de compétition, recherche de l'affrontement, puissance, muscles, force) et à la féminité (goût pour l'hygiène, sensibilité esthétique, souplesse, grâce, et tout particulièrement autour de la fonction biologique de reproduction) qui concourent ainsi à l'éviction des femmes d'un espace des sports très compétitif, ou alors qui les amènent à pratiquer des activités spécifiques, où ce sont, --et c'est là que le projet de thèse prend tout son sens--, les hommes qui en sont exclus formellement ou tout du moins symboliquement (natation synchronisée, gymnastique rythmique, etc.) Ce projet de thèse se propose ainsi d'étudier comment la (non)inclusion des garçons et des hommes dans la pratique compétitive de haut niveau de sports exclusivement autorisés aux femmes réactualise l'idéologie de la naturalisation du sexe, plus encore de montrer comment les muscles mis en mouvement ont fabriqué « le sexe » et par là même une certaine définition contemporaine de la différence sexuelle. Ce projet se centre d'une part sur l'étude socio-historique des processus et dispositifs, qui au sein des institutions sportives internationales conduisent à l'établissement des critères qui n'autorisent pas les hommes et les garçons à participer à certaines compétitions ; et d'autre part sur l'étude de la naturalisation par les institutions sportives des performances physiques. En nous appuyant sur les récits internationaux des hommes et des garçons qui tentent de s'engager dans une pratique dite de tradition féminine qui leur est formellement interdite, mais également sur une socio-histoire des règlements sportifs, nous tâcherons de saisir les représentations des corps et de la performance qu'elles développent, tant dans des formes d'adhésions que de résistances aux institutions sportives.