Thèse en cours

LA LUTTE CONTRE LES GROUPES ARMES NON ETATIQUES AU SAHEL. ANALYSE STRATEGIQUE ET POLEMOLOGIQUE

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Auteur / Autrice : Pierre Konate
Direction : David Cumin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Science politique
Date : Inscription en doctorat le 14/12/2021
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études sur la sécurité internationale et les coopérations européennes (Grenoble ; 199.-....)

Mots clés

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Résumé

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PROJET DE THESE THEME : LA LUTTE CONTRE LES GROUPES ARMES NON ETATIQUES AU SAHEL. ANALYSE STRATEGIQUE ET POLEMOLOGIQUE I-/Présentation du sujet de recherche Il n'existe pas de définition consensuelle du terme « Groupes Armes Non Etatique » (GANE) dans les traités internationaux mais le droit de la guerre l'utilise pour désigner une partie non étatique dans un conflit armé international ou non international. L'expression GANE s'entend aussi bien d'organisations internationales que d'organisations non gouvernementales (ONG) ayant une structure hiérarchique et les moyens de recourir à la violence pour atteindre ses objectifs et qui échappe au contrôle de l'État. L'expression ONG désigne généralement une organisation bénévole et bienfaisante de la société civile. Au sens littéral cependant, elle peut englober des groupes armés organisés et des organisations terroristes. Malgré l'absence d'une définition consensuelle du terrorisme, la plupart des États qualifient de terroriste toute attaque menée contre leurs forces armées pour des raisons politiques par des groupes civils armés. Le Sahel du fait de son immensité a constitué un terrain fertile pour l'implantation des GANE en ce qu'il est une zone faiblement peuplée avec de grands espaces désertiques et montagneux et s'étendant sur 8 millions de kilomètres carrés et présentant des conditions de vie très difficiles. Les températures par endroit varient entre 01 degré Celsius en décembre et 50 degrés Celsius en avril et la majorité des populations y installées sont des nomades qui ont pour principale activité l'élevage et le commerce. Aussi, le Sahel a toujours été un espace de transit et de trafics illicites de tout genre animés par des narco trafiquants et d'autres groupes armés, des affrontements ont parfois eu lieu entre eux pour le contrôle de certains axes. A cela s'ajoute le conflit communautaire qui, depuis 1916 a opposé le peuple Touareg aux gouvernements malien, nigérien et burkinabè, les Touaregs entre eux et les Touaregs avec les populations Songhaï, Peul, Sahraoui, Arabe… avec pour objectif principal la création d'un État Touareg. Sont également présents dans la zone des acteurs étatiques comme la France, acteur majeur en termes d'implication sécuritaire et économique ; les États-Unis qui manifestent un intérêt à la fois militaire et économique ; et la Chine qui a travers un certain nombre de politiques d'aides, de construction d'infrastructures, cherche à s'implanter durablement. Enfin, la mauvaise gouvernance dans les pays sahéliens est un élément du discours radical transmis à une frange de la jeunesse désœuvrée par les GANE. Cela a renforcé le repli identitaire, l'exclusion sociale et développer un profond sentiment d'abandon de ces populations qui estiment que les élites sont loin de leurs préoccupations quotidiennes et facilité leur enrôlement dans les GANE. Il en résulte des enjeux d'ordre politique, économique, socioculturel et sécuritaire qui s'insèrent dans une géopolitique ambiguë à tout point de vue. C'est dans ce contexte que le présent thème, « La lutte contre les Groupes Armés Non Etatique au Sahel. Analyse stratégique et polémologique », a été proposé. Il s'insère dans le programme de recherche « Science politique » et fait suite à un mémoire de Master2 en Relations internationales option Sécurité internationale et défense soutenu en 2017 à l'Université Jean Moulin Lyon3 sur Les relations franco-burkinabè en matière de lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Sur le plan théorique, ce thème relève du sous-champ études de sécurité de la discipline des relations internationales et se subdivise elles-mêmes en trois sous-catégories : les études stratégiques qui concernent l'aspect technique et matériel des guerres, l'irénologie ou science de la paix qui s'intéresse à : « comment régler les conflits ? Comment consolider la paix ? Comment intervenir efficacement de manière préventive ? Comment assurer un maintien de la paix efficace ? » et la polémologie ou science de la guerre et des conflits qui se focalise sur la recherche des causes des guerres. Coutau-Bégarie Hervé définit la stratégie comme « La dialectique des intelligences, dans un milieu conflictuel, fondée sur l'utilisation ou la menace d'utilisation de la force à des fins politiques » . Il dessine les contours de la stratégie définie tour à tour comme concept, catégorie du conflit, science, méthode, art et système. Perçue comme concept, la stratégie renvoie à une idée et comme catégorie du conflit, elle permet à l'analyste de la situer entre la politique et les catégories subordonnées. C'est en tant que science que la stratégie nous donne l'opportunité de suivre l'histoire de la pensée stratégique et c'est lorsqu'elle est définie comme méthode qu'elle est considérée comme démarche. En tout état de cause, toute stratégie dépend à la fois des moyens dont elle dispose et de la manière dont elle sait les utiliser car il ne suffit pas d'avoir les moyens de la force, il faut être capable d'intégrer celle-ci dans une véritable politique, il faut savoir convertir la force en puissance. Nous allons donc appliquer ce principe au cas d'espèce dans l'analyse stratégique de la situation du Sahel. L'irenologie et la polémologie sont des branches de la théorie des relations internationales mettant respectivement l'accent sur la prévention des conflits et leur compréhension, leur origine et leur fonctionnement une fois qu'ils éclatent. Alors qu'elles constituent une seule discipline « Peace and conflict studies » en Angleterre, la France en fait deux disciplines séparées. En effet, c'est après la seconde guerre mondiale que le sociologue Gaston Bouthoul utilisa le terme Polémologie pour proposer un nouveau champ d'investigation le distinguant ainsi de l'irénologie. Il définit la Polémologie comme une « (...) étude objective et scientifique des guerres en tant que phénomène social susceptible d'être observé comme tout autre », Il s'agit selon lui de traiter la guerre, « (...) suivant la formule durkheimienne ‘‘comme une chose'' (...) » ou avec le « sang-froid » que requiert toute expérience, toute analyse. Jean-Pierre Derriennic lui, distingue trois types de conflits pouvant conduire à l'émergence d'une guerre civile : « les conflits entre des groupes partisans, auxquels on adhère par un choix individuel ; les conflits entre des groupes socio-économiques, définis par la position de leurs membres dans la division du travail et la répartition de la richesse ; les conflits entre groupes identitaires, auxquels on appartient par la naissance et dont il est impossible ou très difficile de changer » . Cette distinction correspond à des catégories analytiques et les guerres civiles sont bien souvent un mélange complexe des trois. Selon Derriennic, l'un des types de conflit est souvent dominant, certaines guerres civiles étant davantage le résultat de conflits partisans que socio-économiques ou identitaires et inversement. L'intérêt de cette distinction est que le fait qu'une guerre civile corresponde plus à l'un ou l'autre type de conflit permet de comprendre les raisons de « son déclenchement, son déroulement, son extension et son résultat ». Comparer le cas sahélien permettra ici de voir si l'un des types de conflit apparaît déterminant ou non et si la théorie est suffisante pour saisir l'ensemble des facteurs attenants à cette crise. II-/ L'originalité du sujet Depuis le déclanchement de la crise au Sahel, plusieurs auteurs ont mené des réflexions sur des questions se rapportant aux trafics, à l'extrémisme violent et à l'islamisme radicale , au sous-développement, au chômage et leurs conséquences . L'originalité du thème réside donc dans le fait que notre sujet tel qu'énoncé n'a spécifiquement fait l'objet d'aucune étude. De plus, au regard de sa situation géopolitique et stratégique déterminant au Sahel et en Afrique de l'Ouest, nous nous focalisons principalement sur la région du Sahel du Burkina Faso considéré comme un carrefour et qui s'étend du Nord au Nord-Est du pays, et accessoirement les pays sahéliens voisins du Burkina Faso pour mieux appréhender le phénomène des GANE dans toute la bande sahélienne afin de formuler l'analyse stratégique et polémologique qui en découle. III-/ La problématique Malgré la présence des forces étrangères, des casques bleus et des forces du G5 Sahel, la situation sécuritaire ne s'est guère améliorée. Bien au contraire, elle s'est empirée au Mali, au Niger et au Burkina Faso doublé d'une crise humanitaire sans précédent avec plus d'un million de demie de personnes déplacées internes. La crise sanitaire liée au Covid19 avec ses conséquences sur l'économie mondiale aura également des effets sur la crise au Sahel notamment en ce qui concerne l'aide internationale. La situation ne va-t-elle pas se détériorer davantage dans la mesure où ces pays sahéliens très pauvres ont toujours besoin de l'aide internationale pour faire face à cette situation ? Il se pose par conséquent la problématique suivante : trouver une stratégie de lutte appropriée. L'analyse géopolitiques et stratégiques montre que, pour restaurer l'attractivité de cette zone, les États Sahéliens doivent avec l'appui de leurs partenaires, y assurer la stabilité politique et la sécurité car, rappelons-le, la sécurité de certaines puissances dépend de la capacité qu'aura cette région à trouver son équilibre. D'où l'interrogation : quelle stratégie de lutte contre les GANE pour la sécurité et la stabilité dans le Sahel ? IV-/ La Méthodologie Pour ce travail de recherche, au regard de la spécificité de notre thème et du fait qu'il y'a peu de sources écrites en la matière, nous allons utiliser plusieurs méthodes pour collecter et analyser une somme importante de documentation de nature variée, procéder à des entretiens avec des spécialistes et des acteurs du processus étudié et procéder à des enquêtes de terrain . Nous allons faire une triangulation méthodologique en combinant enquêtes de terrain, analyse des corpus, qui va porter sur des sources documentaires, des transcriptions de reportages radiophoniques ou télévisuels et des sites Web à l'aide des méthodes d'analyse quantitatives, ainsi que la méthode expérimentale. VII-/Bibliographie  Coutau-Bégarie, Hervé, Traité de stratégie, Paris, Economica, 2006 5e Éd.  Gaston Bouthoul, Le Phénomène Guerre, Petite bibliothèque des Éd. Payot, 1962.  Gaston Bouthoul, Traité de polémologie. Sociologie des guerres, Paris, Éd. Payot, 1970.  Giovanni Arcudi, La sécurité entre permanence et changement, Relations internationales, n° 125.  Grawitz Madeleine, Méthodes des Sciences sociales, Paris, Éd. Dalloz, 2000.  Jean-Baptiste Duroselle, « L'étude des relations internationales : objet, méthode, perspectives », Revue française de science politique, vol. 2, no 4,‎ 1952.  Rahmane Idrissa, « Islam et Politique au Sahel. Entre persuasion et violence », Niamey, EPGA 2018.