Exposition à la lumière artificielle extérieure la nuit, travail de nuit et risque de cancer du sein ; résultats de trois études : CECILE, E3N-Generation et CONSTANCES
Auteur / Autrice : | Nirmala Prajapati |
Direction : | Pascal Guénel, Elodie Faure |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Epidémiologie |
Date : | Soutenance le 07/11/2024 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...) |
Partenaire(s) de recherche : | Référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....) |
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Santé publique (2020-….) | |
Laboratoire : Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Damien Léger |
Examinateurs / Examinatrices : Ronan Garlantézec, Cécile Delcourt, Bertrand Lefebvre, Francis Lévi | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Ronan Garlantézec, Cécile Delcourt |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Contexte : L'incidence du cancer du sein est en constante augmentation. La modernisation rapide des sociétés et le marché du travail ont entraîné une exposition accrue à la lumière artificielle nocturne (LAN) et au travail de nuit. Ces facteurs contribuent à la perturbation du rythme circadien, un facteur de risque potentiel pour les cancers hormono-dépendants comme le cancer du sein. La littérature sur le travail de nuit, la LAN extérieure et le risque de cancer du sein reste incohérente en raison des différences entre les méthodes d'évaluation de l'exposition et la prise en compte des facteurs de confusion. Cette thèse vise à étudier le rôle de l'exposition environnementale à la LAN et celui du travail de nuit sur le risque de cancer du sein en tenant compte des facteurs de confusion potentiels, à partir d’études en France.Méthodes : L'association entre la LAN extérieure et le risque de cancer du sein a été étudiée dans l’étude cas-témoins en population, CECILE (1185 cas et 1218 témoins), et dans l’étude cas-témoins nichée dans la cohorte prospective E3N-Générations (5222 cas et 5222 témoins). L'exposition à la LAN extérieure a été évaluée à l'aide d'images satellite du programme américain de satellites météorologiques (Defense Meteorological Satellite Program). L'association entre le travail de nuit et le cancer du sein a été étudiée dans l'étude C3-Nuit, une étude cas-témoins nichée dans la cohorte CONSTANCES (671 cas et 1016 témoins). Une évaluation détaillée de l'exposition au travail de nuit a été réalisée à partir de l'historique professionnel. Des modèles de régression logistique ont été utilisés pour obtenir les estimations de risque, en tenant compte des principaux facteurs de confusion comme la pollution de l’air ou la proximité d’espaces verts (indice de végétation normalisé : Normalized Difference Vegetation Index).Résultats : Dans l'étude CECILE et dans la cohorte E3N-générations, nous avons observé des odds ratios légèrement élevés de cancer du sein associés à l'exposition à la LAN extérieure qui persistaient après ajustement sur les co-expositions environnementales. Ces deux études suggèrent que le risque de cancer du sein lié à la LAN serait plus élevé chez les femmes ménopausées que chez celles en pré-ménopause. Une association plus marquée pour le sous-type de cancer du sein HER2+ a été observée dans l'étude CECILE. Dans l'étude C3-Nuit, aucune association entre le travail de nuit et le risque de cancer du sein n'a été observée globalement, mais les estimations de risque étaient plus élevées chez les femmes travaillant en horaires de nuit alternants. Les associations étaient plus prononcées chez les femmes ménopausées que chez les femmes pré-ménopausées, chez celles qui avaient un chronotype du matin par rapport à celles ayant un chronotype du soir ou neutre, et chez celles qui avaient commencé à travailler de nuit avant leur première grossesse.Conclusion : Les résultats de cette thèse suggèrent que l'exposition à la LAN extérieure et au travail de nuit, particulièrement en travail alternant, pourraient contribuer au risque de cancer du sein, soutenant l’hypothèse d’un effet des perturbations du ryhtme circadien sur le risque de cancer du sein. Cependant, les limites méthodologiques, les erreurs de classement sur l’exposition, d’éventuels effets de confusion résiduels ont pu affecter la validité des associations observées. Ces résultats nécessitent confirmation par de futures études utilisant des méthodes avancées d’évaluation de l’exposition.