Exils, Identités et Réseaux Sociaux chez Hilaire de Poitiers (343-361)

Exiles, Identities and Social Networks in Hilary of Poitiers (343-361)

• Auteur / Autrice : Melissa Moreira melo vieira
• Direction : Cécile Bertrand-dagenbach, Hervé Huntzinger
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Histoire
• Date : Soutenance en 2023
• Etablissement(s) : Université de Lorraine
• Ecole(s) doctorale(s) : SLTC - SOCIETES, LANGAGES, TEMPS, CONNAISSANCES
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : HISCANT-MA - Histoire et Cultures de l'Antiquité et du Moyen-Âge
• Jury : Président / Présidente : Audrey Becker
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Cécile Bertrand-dagenbach, Hervé Huntzinger, Benoît Jeanjean, Julia Hillner, Andrea Binsfeld
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Andrea Binsfeld, Audrey Becker

Mots clés

Mots clés libres

Gaule

Église

Antiquité

Hilaire de Poitiers

Réseaux Sociaux

Arianisme

Gaul

Antiquity

Church

Hilary of Poitiers

Social Networks

Arianism

Résumé

La présente thèse a cherché à analyser les réseaux sociaux et les usages politiques des identités conflictuelles lors du conflit entre Ariens et Nicéens en Occident entre 343 et 361 à partir de quatre sources de l'évêque Hilaire de Poitiers : Adversus Valentem et Ursacium, De Synodis, Ad Constantium Imperatorem et Contra Constantium Imperatorem. Ainsi, nous cherchons à identifier l'impact d'un tel conflit sur les relations de pouvoir entre l'épiscopat et l'empereur afin de proposer une interprétation renouvelée d'un moment crucial dans le développement des identités des groupes chrétiens en Occident. Nos analyses s'articulent autour de trois axes principaux : tout d'abord, nous soutenons que compte tenu du contexte politique dans lequel un empereur non-nicéen agissait directement au sein de l'église, l'évêque de Poitiers a relâché ses loyautés religieuses, a cherché à se positionner comme médiateur entre l'épiscopat gaulois et l'épiscopat oriental, et a tenté de former un groupe d'opposition contre les évêques ariens et semiariens. Ces exils épiscopaux -notamment celui d'Hilaire - étaient pourvoyeurs de contextes nécessitant la mise en place de réseaux sociaux basés sur la circulation de l'information, la formation d'influences et l'échange de faveurs entre des individus de faible proximité culturelle. Deuxièmement, nous soutenons que la situation d'exil est, au-delà d'un phénomène politique, une expérience objective singulière et principalement un acte performatif dans lequel le non-lieu et la position d'outsider se traduisent par une perspective de médiation qui confère un caractère neutre à ses interlocuteurs. En ce sens, les exils étaient un puissant outil rhétorique permettant de transgresser les non-lieux et de les convertir en discours d'autorité. Enfin, nous abordons également les significations que les récits de bannissement apportent à la relation de l'évêque avec son territoire et comment cette relation a été affectée alors qu'il était en exil.

This thesis has sought to analyse the social networks and political uses of conflicting identities during the conflict between Arians and Nicaeans in the West between 343 and 361 on the basis of four sources by bishop Hilary of Poitiers : Adversus Valentem et Ursacium, De Synodis, Ad Constantium Imperatorem and Contra Constantium Imperatorem. Our aim is to identify the impact of such a conflict on power relations between the episcopate and the emperor, in order to offer a fresh interpretation of a crucial moment in the development of Christian group identities in the West. There are three main strands to our analysis: firstly, we argue that given the political context in which a non-Nicene emperor acted directly within the church, the bishop of Poitiers relaxed his religious loyalties, sought to position himself as a mediator between the Gaul and the East, and attempted to form an opposition group against the Arian and Semiarian bishops. These episcopal exiles - particularly that of Hilary - provided contexts that required the establishment of social networks based on the circulation of information, the formation of influences and the exchange of favours between individuals with little cultural proximity. Secondly, we argue that the situation of exile is not just a political phenomenon, but also a singular objective experience and, above all, a performative act in which the non-place and the position of outsider translate into a perspective of mediation that confers a neutral character on its interlocutors. In this sense, exiles were a powerful rhetorical tool for transgressing non-places and converting them into discourses of authority. Finally, we also look at the meanings that accounts of banishment bring to the bishop's relationship with his territory and how this relationship was affected while he was in exile.