Thèse soutenue

Construire et habiter à Lugdunum : Organisation, formes et évolution de l’architecture domestique (IIe av. – IIIe siècle apr. J.-C.)

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Auteur / Autrice : Benjamin Clément
Direction : Matthieu PouxArmand Desbat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Archéologie
Date : Soutenance le 06/04/2016
Etablissement(s) : Lyon
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Archéométrie et Archéologie (Lyon, Rhône)
établissement opérateur d'inscriptions : Université Lumière (Lyon ; 1969-....)
Jury : Président / Présidente : Olivier de Cazanove
Examinateurs / Examinatrices : Olivier de Cazanove, Hélène Dessales

Résumé

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Traiter de la construction dans le monde romain, et plus particulièrement dans le cas d’une cité ou d’une colonie, constitue un exercice souvent ardu tant les angles d’approches sont nombreux. Pourtant, Lugdunum constitue une exception dans ce domaine, tant par la richesse de sa documentation archéologique et épigraphique, que par son statut de colonie romaine précocement dévolue en Gaule. Ce travail doctoral s’est donné pour objectif de traiter de l’architecture domestique à Lugdunum, à travers le prisme de la construction, en s’appuyant sur une approche globale, tant par les matériaux étudiés que par les méthodologies mises en place. En suivant les différentes étapes de la construction, l’objectif est de définir les différents approvisionnements des chantiers, l’évolution typologique et chronologique des matériaux et des techniques mises en œuvre, ou encore la diversité des formes de l’habitat, afin de dresser une image la plus précise possible de « l’art de bâtir » à Lyon, et des artisans qui y participent. À ces différentes questions, l’analyse des matériaux, des techniques de construction et des plans, ainsi que d’un corpus d’inscription, apporte des réponses très concrètes et ouvre de nouvelles perspectives de recherche.Dans le cadre d’un Master mené entre 2007 et 2009, l’étude des toitures en tuiles de terre cuite, en Gaule du Centre-est, et plus particulièrement à Lyon, a révélé une évolution typologique des tegulae et imbrices qui se prête à l’établissement d’une typo-chronologie détaillée, permettant de les dater au demi-siècle prés. En m’appuyant sur la méthodologie mise en place au cours de ce master, une analyse exhaustive des fragments de brique, de quart de colonne, de tomette d’opus spicatum ou encore de tubuli a été menée afin, de caractériser une éventuelle évolution de leur morphologie, ou de leur utilisation dans la mise en œuvre des bâtiments. Une attention particulière a également été portée à la nature des moellons (granite, gneiss, calcaire...), aux pierres d’importation (marbres et calcaire), ainsi qu’aux mortiers mis en œuvre dans l’architecture des maisons lyonnaises. Ces études, couplées à une analyse géomorphologique du territoire colonial, permettent de livrer une image complète de l’approvisionnement en matériaux de construction de Lugdunum. Le second axe de recherche concerne les techniques de construction employées pour édifier les domus de la colonie de Lyon. Les maçonneries (fondation et élévation) ont donc été analysées selon des critères techniques et typologiques, en parallèle de l’étude des matériaux (moellons, mortier, TCA). L’architecture en terre crue nous offre un autre angle d’approche. Cette technique de construction est omniprésente à Lyon pour l’architecture domestique et reste cependant peu étudiée. Nous aborderons donc les modalités de sa mise en œuvre, ainsi que sur les différentes formes d’architecture dans laquelle elle intervient (adobe, pans de bois, torchis…), au travers des vestiges découverts en place, ou des restes carbonisés qui nous sont parvenus. Enfin, nous aborderons la question du plan des maisons lyonnaises en reprenant la classification proposée par E. Delaval en 1995. L’apport de l’archéologie préventive et programmée à Lyon a en effet permis de renouveler le corpus des bâtiments à vocation domestique et/ou artisanale, mettant en lumière de nouveaux types d’édifice. Nous élargirons cette réflexion grâce aux comparaisons possibles avec les autres cités et colonies de Gaule et du monde romain. Pour conclure, ce travail doctoral focalisé sur l’évolution des techniques et des matériaux de construction, mais également des plans des édifices domestiques de Lyon, révèle la richesse d’une analyse menée à partir d’une grande variété de matériaux, souvent peu considérés par une partie de la communauté scientifique – à savoir les briques, les tuiles, les moellons, le mortier....