Thèse en cours

L'évaluation de la participation citoyenne

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Auteur / Autrice : Anne-charlotte Antony
Direction : Dominique Andolfatto
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Science politique
Date : Inscription en doctorat le 22/03/2021
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit, Gestion, Economie et Politique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CREDESPO - Centre de REcherches et d'études en Droit Et Science POlitique

Résumé

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Ce sujet de recherches s'interpose à un carrefour entre la science politique, les sciences sociales en général et la science économique. L'angle d'entrée de cette recherche est le vide crée par omission par des disciplines scientifiques et des acteurs publics et privés qui considèrent n'être pas assez compétents ou formés pour embrasser ce sujet sous son double aspect. L'évaluation de la participation citoyenne pose toute à la fois des questions (théoriques, méthodologiques, philosophiques) sur l'évaluation et sur la participation. Ce sujet appartient donc autant à l'analyse des politiques publiques qu'au champ de recherches relatif à la démocratie participative. Cette approche originale comporte bien quelques risques, ce qui explique que l'évaluation de la participation soit encore si peu étudiée. La collaboration avec l'association Démocratie ouverte dans le cadre d'une thèse en CIFRE permet de partir d'une approche innovante, en observant comment des acteurs extérieurs à l'action publique participent à la construction et à l'amélioration de ces politiques publiques. D'autant plus que la phase d'évaluation des politiques de participation n'est pas vraiment étudiée puisqu'elle n'est que très peu mise en œuvre. Sur quels critères évaluer un dispositif participatif ? Comment évaluer l'efficience d'une démarche dont les effets sont souvent invisibles et non chiffrables ? Faut-il ajouter aux critères d'évaluation classiques (efficacité, efficience, impact etc.), des critères plus spécifiques aux politiques de participation comme le suggère Annie Fouquet ? Selon Leonardo Morlino, la « qualité » de la démocratie n'est d'ailleurs rien d'autre que la « réactivité » de l'Etat, c'est-à-dire « sa capacité de satisfaire les gouvernés en menant des politiques de manière conforme à leurs demandes ». Cela suppose donc que les citoyens eux-mêmes possèdent un droit de regard sur ces politiques et, a fortiori, sur leur évaluation. Les recherches en économie aboutissent à la même conclusion. Le premier principe de la charte de la Société Française d'Evaluation précise ainsi « Elle [l'évaluation] prend en compte de façon raisonnée les différents intérêts en présente et recueille la diversité des points de vue pertinents sur l'action évaluée, qu'ils émanent d'acteurs, d'experts, ou de toute autre personne concernée. ». La question de la démocratisation de l'évaluation devient si prégnante que cet organisme avait même prévu pour le 25 juin 2020 une formation à l'évaluation participative nommée « La place du citoyen dans l'évaluation » . Si l'angle de recherche et le projet en lui-même sont originaux, il existe déjà une littérature importante pour le fonder scientifiquement. Yves Sintomer rappelle ainsi sur quels critères pourraient porter l'évaluation d'un dispositif de participation. Béatrice Plottu propose un « MODE », modèle pour l'opérationnalité de l'évaluation démocratique. Hélène Rey-Valette développe une proposition d'évaluation basée sur une évaluation multicritère ainsi que des entretiens semi-directifs. La démocratie participative et l'évaluation des politiques publiques participent toutes deux d'une conception moderne de l'action publique engendrant une nouvelle « gouvernance » c'est-à-dire « une méthode de régulation, un processus de coordination d'acteurs, de groupes sociaux, d'institutions, qui coopèrent pour atteindre des buts propres discutés et définis collectivement dans des environnements fragmentés et incertains.» selon les auteurs du Dictionnaire de sciences politiques. Les dispositifs participatifs deviennent ainsi des outils au service de l'action publique. Poser la question de l'évaluation des démarches participatives revient donc à interroger plus largement l'évaluation de l'action publique.