Philosophie de l'éducation en terres imaginaires – Apprendre, enseigner et éduquer à l'école de la fantasy

Philosophy of education in imaginary lands – Learning, teaching and educating at the school of fantasy

• Auteur / Autrice : Pierre Audran
• Direction : Anne Besson, Jean-François Goubet
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Littérature comparée
• Date : Inscription en doctorat le 01/09/2020
• Etablissement(s) : Artois
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale en Sciences humaines et sociales
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Textes et Cultures

Mots clés

Mots clés libres

Litterature fantasy

Roman de formation

Philosophie de l'éducation

Littérature jeunesse

Philosophie pour les enfants

Fantasy literature

Bildungsroman

Philosophy of education

Youth literature

Philosophy for children

Résumé

L'ambition de cette étude est de mettre au jour une pensée de l'éducation singulière qui s'élabore au carrefour de la littérature et de la philosophie, plus précisément entre le genre littéraire de la fantasy et le champ théorique de la philosophie de l'éducation. Associer philosophie et littérature fantasy ne relève pas de l'évidence. Premièrement parce que les auteurs de fantasy prennent par définition le parti d'un imaginaire radical : ils créent non seulement des fictions mais des « mondes fictionnels », marqués par la présence d'un surnaturel magique qui fait rupture avec le monde réel, et ce geste a pu être envisagé sous le prisme d'un escapisme peu philosophique. Deuxièmement parce que le genre littéraire de la fantasy a pris son essor dans la seconde moitié du XXe siècle et à l'orée du XXIe en s'adressant pour une grande part à un jeune public tenu à l'écart de la philosophie. En France en particulier, dans le sillage de la pensée piagétienne, l'institution scolaire postule une incapacité cognitive des enfants à philosopher et repousse l'enseignement philosophique à la toute fin du cursus secondaire. Pour consistantes qu'elles puissent être, ces objections à l'organisation d'une rencontre ne sont pas indépassables. Du côté philosophique, des chercheurs tels que Gareth Matthews (États-Unis), Ekkehard Martens (Allemagne) et Edwige Chirouter (France) remettent en question les postulats de Piaget et construisent des dispositifs permettant de faire entrer les jeunes gens en philosophie, notamment à partir de textes littéraires écrits à leur intention – contes, fables, histoires ouvertes. Du côté de la fantasy, des romancières et romanciers travaillent, dès l'avènement du genre, à rebours d'une logique de pur divertissement pour inviter le jeune lecteur à « réfléchir sur lui-même et sur sa société en usant de l'imaginaire comme révélateur » (Dictionnaire de la fantasy, 2018) : c'est bel et bien une fantasy philosophique qui s'écrit à travers les romans de formation de Michael Ende (Allemagne), Ursula Le Guin (États-Unis) et plus récemment Pierre Bottero et Mathieu Gaborit (France). C'est donc en définitive à l'intersection d'un thème, l'éducation, d'un âge, la jeunesse, et deux démarches intellectuelles, l'écriture littéraire et le questionnement philosophique, que l'on espère mettre en lumière une pensée et une invitation à penser originales.

This study aims to bring to light a specific thinking in education which takes shape at the crossroads of literature and philosophy, more precisely between fantasy literature and the theoretical field of philosophy of education. Linking philosophy and fantasy literature is not something obvious. Firstly because fantasy novelists make the choice of a radical imaginary ; they not only build fictions but even fictional worlds characterized by magic, very far from our real world. This gesture can be regarded as non-philosphical escapism. Secondly because fantasy literature developed during the second half of the 20th century and the begining of 21st, targeting a young audience in particular, an audience that was kept away from philosophy. In France, in the wake of Piaget, the education system assumed that children have none of the cognitive skills required to practice philosophy, and introduced the teaching of philosophy at the very end of secondary school. The objections to an encouter between literature and philosophy are consistent but not impassable. From the philosophical side, researchers like Gareth Matthews (US), Ekkehard Martens (Germany) and Edwige Chirouter (France) challenge Piaget's paradigm and invent educational devices in order to introduce young people to philosophy, using literary texts (tales, fables, open stories). From the literary side, since the advent of the fantasy genre, novelists refuse to take a purely entertaining approach, and invite the reader «to reflect on himself and on his society, using the mirror of imaginary as a revealer» (Dictionary of fantasy, 2018). Philosophical fantasy has indeed been written with the bildungsromans of Michael Ende (Germany), Ursula Le Guin (US) and more recently Pierre Bottero and Mathieu Gaborit (France). We finally hope to reveal an original thought and an original invitation to think, at the intersection of a topic, education, and an age, youth, and two intellectual approaches, literary writing and philosophical questioning.