Thèse en cours

MODÉLISATION ÉCOPHYSIOLOGIQUE DE LA PHÉNOLOGIE DE FORMATION DU BOIS DES ARBRES FORESTIERS DES RÉGIONS TEMPÉRÉES ET BORÉALES

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Auteur / Autrice : Jianhong Lin
Direction : Nicolas Delpierre
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Écologie
Date : Inscription en doctorat le 18/01/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du Végétal : du gène à l'écosystème
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Écologie, systématique et évolution (Orsay, Essonne ; 2002-....)
Equipe de recherche : Ecophysiologie Végétale
référent : Faculté des sciences d'Orsay

Résumé

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Le bois est, après la matière organique du sol, le second plus important stock de biomasse continentale. Sa production par les plantes ligneuses contribue à atténuer l'augmentation actuelle du CO2 atmosphérique. La formation du bois est un processus complexe, bien décrit du point de vue biologique: il commence avec la division des cellules cambiales au printemps, suivie par leur élargissement, puis le dépôt de leur paroi secondaire et la lignification des parois pour se terminer éventuellement par la mort cellulaire programmée des éléments conducteurs. Il est maintenant établi que les processus d'assimilation des éléments (photosynthèse pour le carbone, absorption racinaire pour les minéraux) et de croissance des tissus présentent des saisonnalités distinctes. Par exemple en hiver, chez les conifères sempervirents, la photosynthèse peut être maintenue à des températures qui empêchent la formation du bois (Guillemot et al., 2015 ; Körner, 2015). De même, il est clairement établi qu'en été, la création de nouvelles cellules du xylème s'arrête à un moment où la photosynthèse est encore très active (Delpierre et al., 2016a), probablement du fait d'une sensibilité accrue de l'élargissement cellulaire à l'assèchement du sol ou à une limite ontogénétique permettant d'anticiper la baisse de températures automnale (Rathgeber et al. 2016 ; Delpierre et al., 2016b). Ainsi, avant la disponibilité du carbone, les facteurs environnementaux (température, bilan hydrique, mais aussi possiblement photopériode) et le programme de développement des tissus (i.e. la séquence ontogénétique) semblent exercer une influence majeure sur la saisonnalité de la formation du bois. Ces faits biologiques vont à l'encontre des représentations actuelles de la formation du bois dans les modèles de fonctionnement des forêts. En effet, ces modèles font pour la plupart l'hypothèse que le patron saisonnier de formation du bois suit celui de la photosynthèse (Delpierre et al. 2016b; Guillemot et al. 2017). Dans ce contexte, le projet de thèse vise à approfondir nos connaissances sur les rôles respectifs des contraintes environnementales et ontogénétiques modulant la phénologie de formation du bois. Un ensemble de modèles statistiques et écophysiologiques simulant l'occurrence des étapes-clé de la formation du bois (reprise des divisions printanières du cambium, début et fin de l'élargissement des nouvelles cellules du xylème, début et fin du dépôt des parois secondaires, début et fin de la lignification) sera constitué en combinant indépendamment ou en interaction les rôles des contraintes environnementales (température, bilan hydrique du sol, photopériode) et de la séquence ontogénétique de formation du bois. Après calibration, la comparaison des modèles à des données de validation permettra d'évaluer quelle combinaison des facteurs est la plus réaliste pour représenter la séquence de formation du bois. Le travail portera sur les espèces d'arbres forestiers (conifères et feuillus) des zones climatiques tempérée et boréale. Le développement des modèles s'appuiera sur une base de données déjà constituée, comprenant plus de 300 site-années [Note de bas de page : 1 « site-année » correspond à l'ensemble des données récoltées en une année (au cours d'une saison de croissance) sur un site donné] de données hebdomadaires de formation du bois pour 20 espèces conifères localisées dans l'hémisphère Nord. La base de données sera étendue aux feuillus, avec un ensemble de 30 site-années déjà identifiées pour le Chêne sessile et le Hêtre. L'identification des modèles les plus réalistes permettra (1) de quantifier les rôles respectifs des contraintes environnementales et de la séquence ontogénétique sur les patrons saisonniers de formation du bois, (2) d'évaluer l'évolution de ces contraintes selon l'échelle considérée (variation inter-annuelle au sein d'un peuplement donné vs. variation spatiale le long du gradient climatique caractérisant la zone biogéographique des espèces considérées), et (3) d'évaluer de possibles modifications de saisonnalité de formation du bois au cours des décennies passées et à venir, dans le cadre des changements globaux. En effet, les séries de données disponibles à ce jour sont trop courtes (les premières mesures de ce type remontent à 1999, soit 20 années, et aucun site n'a été échantillonné sur une période aussi longue) pour évaluer l'impact du changement climatique sur la saisonnalité de formation du bois. La modélisation est donc indispensable.