Perliculture et environnement : vers une réduction des déchets plastiques produits
Auteur / Autrice : | Margaux Crusot |
Direction : | Nabila Gaertner-Mazouni |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie des populations et écologie (67) |
Date : | Soutenance le 04/10/2023 |
Etablissement(s) : | Polynésie française |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale du Pacifique (Faaa) |
Mots clés
Résumé
En milieu insulaire, la gestion des déchets (notamment plastiques) s’avère particulièrement délicate, du fait du manque de surface terrestre, de capitaux et d’options de financements, des coûts opérationnels importants que représente cette gestion (transports, main d’œuvre…) mais aussi de la vulnérabilité de ces systèmes face à des évènements climatiques extrêmes. Il est donc essentiel pour les îles de réduire et contrôler leur production de déchets au maximum. Leur origine est multiple, combinant notamment des déchets domestiques à ceux issus d‘activités industrielles comme l’aquaculture. Ainsi, en Polynésie française, une source spécifique de déchets plastiques est associée à l’activité perlicole pratiquée dans 25 îles. En effet, la perliculture nécessite la mise en place de structures spécifiques, essentiellement constituées de matériel plastique. Une fois usagé, ce matériel s’accumule sur les îles, car aucune véritable solution de gestion de ces déchets n’existe aujourd’hui. De plus, ces déchets sont régulièrement abandonnés sur site, immergés ou incinérés (malgré la dangerosité de cette pratique et son interdiction). Cette situation engendre une forte préoccupation des autorités, des acteurs de la perliculture et des communautés locales. Ainsi, dans le cadre du projet RESCCUE, les travaux de Gaertner-Mazouni & Rodriguez (2016, 2017) visant à caractériser les gisements de déchets perlicoles aux Gambier, ont montré des niveaux préoccupants de production de déchets avec une production estimée de 2 tonnes /an pour une ferme perlicole de 15ha et exploitant 15 stations de collectage. Il a ensuite été mis en évidence que les zones principales de production de déchets immergés étaient celles relatives à l'étape de collectage du fait de la fragilité des matériaux utilisés (ombrières) et des pratiques fréquentes d’abandon de ces structures (Gaertner-Mazouni et al., 2018). Néanmoins, aucune étude de ce type n’ayant été réalisée aux Tuamotu, second pôle majeur de l’activité perlicole, la généralisation de ces résultats est limitée. En effet, les lagons fermés à semi-fermés des atolls de cet archipel présentent un renouvellement des eaux moins important que le milieu ouvert des Gambier, dépendant des passes et chenaux (Hoa) existants. Ces caractéristiques hydrodynamiques pourraient notamment induire une accumulation de pollution (lorsqu’il y a pollution) et impacter les écosystèmes lagonaires et élevages perlicoles (Gaertner-Mazouni et al., 2018 ; Gardon et al., 2018). De récents travaux ont également démontré une implication probable des collecteurs ombrières dans la production de particules micro-plastiques ainsi que le relargage de substances toxiques pour les larves de l’huître perlière, Pinctada margaritifera (Gardon et al., 2020 ; Gardon, 2021). Dans ce contexte, ce projet de thèse a pour objectifs de 1- proposer une analyse complète des déchets générés par la filière perlicole, 2- d’explorer de nouvelles alternatives de collecteurs réutilisables ou biodégradables afin de réduire les déchets associés à l'étape de collectage et 3- d’étudier la faisabilité d’une production de ces collecteurs alternatifs en Polynésie Française. L'ensemble de notre démarche, réalisée en partenariat avec les autorités du Pays, un centre d'excellence en Nouvelle Zélande et les perliculteurs, vise à apporter une contribution concrète au développement d’une perliculture écoresponsable et durable en Polynésie française.