Thèse en cours

Poétiques du tiers-espace : transferts, réécritures et métamorphoses dans la littérature de la diaspora indienne
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Auteur / Autrice : Cécile Rullon
Direction : Sylvie Humbert-mougin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Littérature Comparée
Date : Inscription en doctorat le 05/01/2021
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : Humanités et Langues - H&L
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions Culturelles et Discursives

Mots clés

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Résumé

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À partir de la notion de « pensée du paradoxe » d'une part développée par Alain Montandon dans la préface de Métissages littéraires, (2004), et d'autre part de la notion de « tiers espace » (third space) élaborée par Homi K. Bhabha dans The Location of Culture (1994), ce projet de thèse se propose d'examiner comment s'exprime la recherche d'une identité chez des auteurs contemporains de la diaspora indienne : Amitav Ghosh (né en 1956 à Calcutta), Chitra Banerjee Divakaruni (née en 1956 à Calcutta), Moyez G. Vassanji (né en 1950 à Nairobi), Jhumpa Lahiri, (née en 1967 à Londres) Ananda Devi (née en 1957 à Trois Boutiques) et Shumona Sinha (née en 1973 à Calcutta). Il s'agira de voir comment l'œuvre littéraire exprime, par sa forme, par les thématiques qu'elle développe, par le style qu'elle présente, ce nouvel espace tiers, entre la culture d'origine et la culture d'adoption, dans lequel l'écrivain peut exprimer ses interrogations identitaires et les strates de son métissage. Pour reprendre les mots de M. G. Vassanji, comment l'écrivain postcolonial devient-il « créateur de mythe et historien de son peuple » ? Comment arrive-t-il à « créer un champ, comme on le ferait en physique, avec les mots, les images et les paysages, à partir duquel on puisse fonctionner et installer le présent » ? Avec une production littéraire qui a considérablement augmenté et un lectorat en pleine croissance, la littérature indienne est un champ de recherches particulièrement porteur. Invitée d'honneur du salon du livre de Paris en 2007, elle devait également être en première ligne lors de l'édition avortée de 2020, en mars dernier. Si l'on en croit les chiffres alors donnés par les organisateurs, l'édition de la littérature indienne se porte au mieux, classée « 6e marché du livre au monde, avec une estimation à 6,76 milliards d'euros (5,91 milliards d'euros) », et 2e marché au monde pour la publication anglophone, après les États-Unis. Il est donc naturel que depuis une quinzaine d'années la recherche s'intéresse à la littérature indienne. Signalons en particulier, en France, les travaux d'Emilienne Baneth-Nouailhetas, ceux d'Anne Castaing, qui s'orientent plus particulièrement sur la question de la modernité de la littérature hindi ; ceux de Lise Guilhammon, qui se penchent sur la question de l'utilisation de la langue anglaise dans la fiction anglophone; ou encore les ouvrages de Claudine Le Blanc, consacrés aux formes de l'épique en Inde et à la rencontre entre les littératures de l'Inde et celles de l'Occident. Ces différents auteurs animent également le projet DELI (Dictionnaire Encyclopédique des Littératures de l'Inde). Ce projet de thèse s'inscrit dans le prolongement de toutes ces recherches. On se propose d'examiner le concept de Bhabha (third space) dans les œuvres de la littérature de la diaspora indienne, d'expression anglaise et française. Les six auteurs du corpus sont des auteurs reconnus et déjà étudiés par le monde académique. L'originalité de notre projet réside dans sa dimension comparatiste : il s'agira de mettre en perspective auteurs anglophones et francophones d'origine indienne dans leur rapport à leur culture d'origine. Un tel sujet se prête particulièrement à une étude de littérature comparée, qui réfléchit justement à ces points de carrefour entre plusieurs cultures, plusieurs langues, en dégageant la spécificité de chaque fait littéraire. Les analyses des poétiques de chaque auteur, fondées sur l'observations de faits littéraires qui leur sont propres, seront soutenues à la fois par des microlectures (analyses de spécificités stylistiques, études d'économies narratives, repérage de thématiques au sein d'une œuvre) et des croisements avec d'autres champs disciplinaires (sociologie littéraire, anthropologie, histoire, histoire de l'art …). Tout en convoquant les outils stylistiques qui permettent de dégager le sens et la particularité de chaque œuvre, je m'attacherai à mettre en perspective les partis pris des auteurs du corpus. Ainsi, la lecture intertextuelle sera un enjeu majeur de ce travail comparatiste, à la recherche d'analogies, de divergences, de variations, autour de ce thème de la quête identitaire des auteurs de la diaspora indienne, travail inédit à l'heure actuelle.