Thèse soutenue

Présences du spinozisme dans l'esthétique allemande du XVIIIe siècle

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Auteur / Autrice : Anaïs Delambre
Direction : Lorenzo VinciguerraDaniel Dumouchel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 14/04/2022
Etablissement(s) : Amiens en cotutelle avec Université de Montréal
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en arts et esthétique (Amiens ; 1993-....)
Jury : Président / Présidente : Christian Leduc
Examinateurs / Examinatrices : Jeffrey Andrew Barash
Rapporteurs / Rapporteuses : Stefanie Buchenau, Mogens Laerke

Résumé

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Spinozisme et esthétique. Ces deux éléments majeurs de l'historiographie allemande ne semblent pas être faits pour se rencontrer. D'un côté, nous avons la réception tourmentée du spinozisme, depuis les premières diffusions des textes du vivant de Spinoza jusqu'aux controverses qui en font une pensée disparate, façonnée par les espaces non remplis que l'on a cherché à combler au gré des réfutations et des attaques contre sa pensée et ses prétendus adeptes. Dans l'Allemagne du XVIIIe, le spinozisme est pour sa plus grande part une construction factice, nourrie des critiques plutôt que par la lecture des textes. En outre, Spinoza occupe majoritairement la métaphysique et la théologie. D'un autre côté, une nouvelle science émerge à la suite de la contestation de l'idée du beau et de la volonté de réhabiliter la sensibilité au moyen du goût et de la connaissance sensible. Nous intéresserons plus particulièrement à la partie de l'esthétique proche de l'anthropologie et de la psychologie qui émergent à cette époque. C'est à cet endroit que nous situons le point de convergence entre le spinozisme et l'esthétique. En effet, bien que Spinoza n'ait pas fait d'esthétique, il s'est longuement intéressé à une sorte d'anthropologie que nous retrouvons dans l'Éthique, surtout dans le livre III, central aussi bien dans son livre que dans sa pensée, mais aussi dans le livre IV. Ainsi, à partir du présupposé d'une rencontre entre l'esthétique et le spinozisme, notre travail explore la "réception esthétique" de la philosophie Spinoza. Il ne s'agit bien évidemment pas de minimiser la part des auteurs traditionnellement reconnus dans la naissance de l'esthétique, mais de reconnaître la place du spinozisme parmi eux. La question qui anime ce travail est donc la suivante : en quoi l'esthétique allemande est-elle, elle aussi, aux côtés de la métaphysique et de la théologie, hantée par le spinozisme ? Nous répondrons en nous appuyant sur des "signes" pour identifier les "présences" du spinozisme dans l'esthétique rationaliste allemande. Il ne s'agit pas de dire que le spinozisme a façonné cette esthétique à la manière du wolffisme, ou qu'il a orienté les débats sur la sensibilité à la manière des sensualistes. Nous allons parcourir le XVIIIe siècle allemand à la recherche de signes spinoziste chez Tschirnhaus, Leibniz, Wolff, Sulzer, Mendelssohn et Lessing. In fine, les hypothèses que nous formulerons dans le corps de ce travail permettront, nous l'espérons, de reconsidérer la réception de la philosophie de Spinoza dans l'Allemagne du XVIIIe, en lui reconnaissant une place dans la naissance de l'esthétique