Thèse soutenue

Fuite en avant : élites étatiques françaises, politique de l’UE et pratique discursive de la souveraineté européenne

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Auteur / Autrice : Salih Isik Bora
Direction : Christian LequesneChristopher J. Bickerton
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique, spécialité Relations internationales
Date : Soutenance le 13/12/2023
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : Institut d'études politiques (Paris). École doctorale
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Bruno Palier
Examinateurs / Examinatrices : Christian Lequesne, Christopher J. Bickerton, Amandine Crespy, Frank Schimmelfennig, Rebecca Adler-Nissen
Rapporteurs / Rapporteuses : Amandine Crespy, Frank Schimmelfennig

Résumé

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Cette thèse de doctorat porte sur l’utilisation du terme de ‘souveraineté européenne’ par le gouvernement français dans le cadre de sa politique européenne. Ce qui est recherché est le sens pratique attaché à ce terme par les élites politiques et administratifs français. En utilisant 5719 sources primaires (situés entre 1958 et 2023) où le terme ‘souveraineté’ apparait ainsi que 90 entretiens semi-directifs avec des hauts fonctionnaires français, d’autres Etats membres de l’Union européenne (UE) et de la Commission européenne, nous cherchons a retracer la généalogie de la notion de souveraineté européenne et son utilisation dans le cadre de politiques publiques. Quatre champs qui représentent une distribution très variée de compétences entre Etat membres et Commission européenne sont choisis afin d’être représentatif. Ainsi, la politique de concurrence est un domaine de compétence exclusive de la Commission tandis que la politique migratoire est à l’autre bout du spectre. La politique budgétaire et la politique de défense (dont la politique industrielle de défense), tout en étant des domaines régaliens, voient une plus grande intervention de l’UE. En nous basant sur ces éléments, nous avançons l’argument que la ‘souveraineté européenne’ est apparue en tant qu’objet discursif dans le contexte d'une ‘Fuite en Avant’ par les élites politiques et administratifs français. Suite à une crise de régulation de l’économie dirigiste, devenue particulièrement saillante au milieu des années1980, les gouvernements successifs ont investi l’UE de ressources matérielles et symboliques afin de faire face à une crise de légitimité intérieure liée à un sentiment généralisé de ‘perte de souveraineté’ par l’électorat. Depuis 2017, ‘la souveraineté européenne’ a également servi de justifier un interventionnisme économique accru au niveau européen au nom d’assurer la survie politique de l’Union menacé par un environnement international hostile ainsi que la montée de l’euroscepticisme.