Thèse en cours

Identification de marqueurs biologiques prédictifs de la survenue de pathologies cardiaques après traitement d'un cancer dans l'enfance.

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Auteur / Autrice : Naïla Aba
Direction : Gwénaël Le teuffNadia Haddy
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2020
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en épidémiologie et Santé des populations
Equipe de recherche : Epidémiologie des radiations
référent : Faculté de médecine

Résumé

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Chaque année, 15.6/100 000 enfants et adolescents (0-19 ans) sont diagnostiqués avec un cancer dans le monde. Les progrès diagnostiques et thérapeutiques de la cancérologie pédiatrique ont considérablement amélioré la survie à 5 ans après traitement pour atteindre environ 85 %. En conséquence, le nombre de patients guéris a considérablement augmenté. On estime qu'en 2015, 430 000 personnes aux États-Unis ; 300 000 à 500 000 personnes vivant en Europe et de 30 à 50 000 en France ont été traités pour un cancer pédiatrique. C'est avec cette amélioration de la survie et l'augmentation du nombre des patients guéris d'un cancer pédiatrique que les professionnels ont pris conscience du prix parfois élevé de la guérison sous forme de séquelles des traitements pouvant impacter la qualité de vie, menacer la vie ou entraîner une morbidité importante (Bhakta et al. 2017). Effectivement, plus de 60% des adultes guéris d'un cancer dans l'enfance ayant survécu 30 ans après le diagnostic de cancer souffrent d'effets tardifs, plus d'une personne sur 3 présente au moins deux séquelles, et pour plus d'une personne sur 4 il s'agit d'effets secondaires graves (grade 3 ou 4 du CTCAE, Common Terminology Criteria for Adverse Events) (Xu et al. 2016, Grabow et al. 2017). Au cours des premières années suivant le traitement, les récidives constituent la principale cause de décès. Cependant, les taux de mortalité dus à d'autres causes augmentent avec le temps, dépassant la mortalité liée à la récidive du cancer après 30 ans de suivi, et sont bien supérieurs à ceux observés dans la population générale. En effet, les seconds cancers, les pathologies cardio-vasculaires, cerebrovasculaires, diabète sont des complications responsables d'un excès de mortalité à long terme dans cette population (de Vathaire et al. 2012 ; Haddy el al.2015 ; El-Fayech et al.2017, Haddy et al. 2016). Les maladies cardiaques sont les causes non-cancéreuses les plus fréquentes de décès chez les enfants et les adolescents survivants d'un cancer. En effet, à âge égal, les anciens patients avaient 6 fois (95%CI : 4-9) plus de risque de décéder d'une pathologie cardiaque que la population générale (Tukenova et al. 2010). La cardiotoxicité à long-terme peut se manifester par une pathologie ischémique, une insuffisance cardiaque, une valvulopathie, une péricardite et des troubles du rythmes et conduction. Les facteurs majeurs de risque de ces pathologies cardiaques sont l'irradiation cardiaque et l'administration de chimiothérapie à base d'anthracyclines (Mulrooney et al. 2002 ; Armstrong et al 2013). Dans la cohorte française la FCCSS (French Childhood Cancer Survivors), il a été observé que le risque de maladie cardiaque augmente avec la dose de rayonnement reçue au cœur et avec l'administration d'anthracycline. Les patients ayant reçu une dose au cœur de 30 Gy ou plus ont un risque cumulé de maladie cardiaque à 40 ans égal à 40% sans anthracyclines et à 54% avec anthracycline (Haddy et al 2016). Les conséquences de l'irradiation d'une grande partie du coeur à une dose plus faible par rapport à l'irradiation d'une petite partie du coeur à une dose élevée ont récemment commencé à être étudiées. En effet, une étude récente a révélé un risque significativement élevé de maladie cardiaque après un traitement contre le cancer, même lorsque moins de 10% du volume du ventricule gauche a reçu >30 Gy (Mansouri et al. 2019. Jusqu'à présent peu d'études ont été menées sur les pathologies iatrogènes des organes vitaux tels que le cœur. Toutefois dans des études in vivo ces pathologies cardiaques pourront être reproduites en irradiant des modèles animaux appropriés. Ces pathologies se traduisent par une fibrose du myocarde et la perte des fonctions contractiles plusieurs mois après l'irradiation. Cependant, il existe une variabilité individuelle de la prévalence et la gravité de la maladie cardiaque chez les patients guéris de leur cancer qui ne s'explique pas exclusivement par le risque lié aux doses d'antharcyclines et de radiation. A ce jour, quelques études basées sur les analyses génétiques type GWAS ont permis d'identifier des variations dans les gènes impliqués dans le transport et le métabolisme des anthracyclines qui seraient associés à une augmentation de risque de cardiotoxicité (Wang et al. 2016). Dans le cadre de la maladie cardiaque, le transcriptome offre d'autres informations sur la fonction des variants génétiques. Contrairement au génome, le transcriptome est très dynamique en réponse aux expositions. A ce jour, dans la population générale, les outils tels que la Framingham Risk Score (Greenland et al. 2004 ; Wilson et al. 1998) sont couramment utilisés pour estimer le risque de maladie cardiovasculaire en population générale afin de guider le traitement et les interventions de prévention. Cependant, ce score ne représente pas les principaux facteurs de risque chez les survivants du cancer, comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. Le besoin de comprendre les risques spécifiques des survivants du cancer a incité le développement des modèles de prédiction de l'insuffisance cardiaque qui prennent en compte que quelques variables cliniques liées au traitement pour classer les individus par catégorie de risque (Chow et al. 2015). Le besoin d'inclure une signature génomique ainsi que les données cliniques et de traitements liées à une cardiotoxicité post traitement anticancéreux est très attendu. La capacité à identifier les individus avec une prédisposition à la cardiotoxicité permettrait de personnaliser le traitement du cancer au moment du diagnostic, ainsi que le suivi à long terme des patients guéris. L'objectif principal du projet de thèse est d'étudier les mécanismes biologiques de la cardiotoxicité et d'identifier des biomarqueurs potentiels qui peuvent être utilisés a) pour l'épidémiologie moléculaire afin d'affiner les estimations des risques des pathologies cardiaques après traitement d'un cancer pédiatrique b) pour adapter la prise en charge thérapeutique des patients et de leur suivi à long terme.