Thèse en cours

Projet DeepStim. Modélisation des états de conscience et de leur modulation par la stimulation cérébrale profonde : des données expérimentales aux modèles computationnels

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Auteur / Autrice : Chloé Gomez
Direction : Béchir Jarraya
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de la vie et de la santé
Date : Inscription en doctorat le 02/10/2020
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Signalisations et réseaux intégratifs en biologie
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Neuroimagerie Cognitive
référent : Faculté de médecine

Résumé

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DeepStim Modélisation des états de conscience et de leur modulation par la stimulation cérébrale profonde : des données expérimentales aux modèles computationnels Développer un modèle neuronal prédictif de la stimulation cérébrale profonde La stimulation électrique du cerveau est une technologie majeure pour les neurosciences. Dans les neurosciences fondamentales, la stimulation électrique contrôlée et élective d'une aire cérébrale donnée permet de mieux définir son fonctionnement et le lien entre l'activité neuronale et le comportement, et ce de manière causale. Dans les neurosciences translationnelles et cliniques, la stimulation cérébrale profonde (deep brain stimulation, DBS) a permis de réaliser des avancées majeures dans le traitement de la maladie de Parkinson grâce au modèle primate, et est en cours de développement pour traiter de nombreuses maladies neurologiques et psychiatriques tels que le trouble obsessionnel et compulsif, la dépression sévère et les désordres de la conscience. Cependant, la prise en charge des patients et le développement de nouvelles cibles thérapeutiques restent empiriques car nous manquons d'un modèle prédictif des effets neuronaux cérébraux de la DBS d'une région particulière du cerveau. En effet, les mécanismes neuronaux de la DBS et ses conséquences cérébrales globales en terme de circuits neuronaux restent largement inconnus et encore moins prédictibles. Le projet DeepStim a pour objectif de disséquer, grâce au modèle primate non-humain, les mécanismes précis de la DBS à l'échelle du cerveau entier, et de développer un modèle computationnel prédictif des effets d'une stimulation électrique sur le fonctionnement cérébral global, en fonction de l'aire cérébrale stimulée. Les objectifs du projet sont donc de deux ordres: – caractériser les conséquences cérébrale globale (cartographie par IRM fonctionnelle) d'une stimulation électrique locale, afin de mieux caractériser les variations de la connectivité fonctionnelle cérébrale locale, profonde et globale consécutives à la DBS en fonction du site anatomique stimulé, et des paramètres de stimulation (fréquence, largeur d'onde, intensité). Au cours de cette étape, nous développerons une nouvelle approche méthodologique de prétraitement des images IRMf acquises durant la DBS, et ce afin de résoudre les problèmes liés l'artefact généré par l'électrode DBS. Nous développerons un réseau de neurones artificiel convolutif basé sur l'apprentissage profond pour la segmentation et l'extraction du cerveau en dépit de l'artefact métallique de l'électrode. – développer un réseau de neurones artificiel convolutif basé sur l'apprentissage profond pour prédire les conséquences cérébrales globales de la DBS et bâtir ainsi une nouvelle approche pour la stimulation cérébrale thérapeutique basée sur une modélisation cérébrale globale des effets de la DBS qui permettrait de rationaliser les cibles de la stimulation cérébrale et de déterminer les réseaux corticaux modulés par la DBS à l'échelle d'un sujet, ouvrant la voie à une médecine personnalisée. Deux exemples précis seront étudiés. Nous partirons de l'exemple historique et validé qui est celui de la DBS du noyau subthalamique dans la maladie de Parkinson. Nous élargirons l'investigation aux fonctions cognitives telles que la conscience en explorant la stimulation des noyaux intralaminaires du thalamus pour restorer la perte de conscience, et ce dans le cadre de la théorie de l'espace de travail neuronal global. Nous proposons d'établir une cartographie cérébrale par IRM fonctionnelle (IRMf) acquise pendant la neurostimulation (DBS), pour mesurer les effets directs de la DBS ainsi que la neuromodulation qu'elle induit sur l'activation provoquée par des stimuli ou des tâches en cours. Ces cartes d'activation en IRMf seraient le point de départ pour permettre de construire le modèle computationnel des conséquences de la DBS sur la dynamique cérébrale globale. Des techniques d'apprentissage non supervisées ont été proposées pour identifier les schémas récurrents dominants des corrélations cérébrales (c'est-à-dire les différents états du cerveau) à partir de séries chronologiques d'IRMf de repos fenêtrées sur la base de la connectivité fonctionnelle (Uhrig et al., 2018). Nous avons également comparé des données d'IRMf de repos, acquises à l'état éveillé ou sous différentes anesthésies chez des primates non humains (Barttfeld et al., 2015 ; Uhrig et al., 2018). En exploitant la dynamique des données, nous avons divisé l'ensemble des données d'IRMf de repos en plusieurs groupes également appelés 'états du cerveau' correspondant à des 'configurations fonctionnelles' du cerveau. Dans le cadre du projet DeepStim, nous utiliserons des méthodes d'apprentissage supervisées, et plus particulièrement des réseaux neuronaux convolutionnels basés sur des graphes, pour prédire les états du cerveau (Kawahara, 2016). Un point clé de ces réseaux réside dans leur capacité à prendre en compte la topologie des régions utilisées pour générer les matrices de connectivité fonctionelle. Ensuite, nous calculerons des cartes prédictives des connexions d'intérêt( des cartes aussi appelées saliency maps) afin de découvrir quelles connexions ont été apprises par le réseau pour prédire les différents états cérébraux (Simonyan et al., 2013). Enfin, en combinant les sorties du réseau de neurones, à savoir la probabilité qu'une série dynamique soit dominé par un été cérébral ,avec les cartes prédictives des connexions d'intérêt , nous établirons une modélisation des phases transitoires du cerveau oscillant d'un état cérébral à un autre. Un tel modèle pourrait bouleverser les recherches scientifiques et cliniques dans le domaine de la neurostimulation, et permettre d'entrevoir une médecine personnalisée basée sur la prédiction individuelle des effets neuronaux de la DBS.