Les promesses de l'autre Construire l'acceptation sociale des réserves naturelles en Bretagne et en Haute-Savoie

The promises of the other Building social acceptance of nature reserves in Brittany and Haute-Savoie

• Auteur / Autrice : Agathe Robert
• Direction : Lionel Laslaz
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Géographie
• Date : Soutenance en 2023
• Etablissement(s) : Chambéry
• Ecole(s) doctorale(s) : Cultures Sociétés Territoires
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne
• Jury : Président / Présidente : Lydie Goeldner-gianella
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Lionel Laslaz, Yves-François Le lay, Céline Chadenas, Jean-Eudes Beuret, Rémi Beau, Hervé Flanquart
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Yves-François Le lay, Céline Chadenas

Mots clés

Mots clés libres

Espaces protégés

Acceptation sociale

Bretagne

Haute-Savoie

Réserves naturelles

Nature

Protected areas

Social acceptance

Brittany

Haute-Savoie

Nature reserves

Nature

Résumé

Cette thèse en géographie politique de l'environnement analyse l'acceptation des réserves naturelles en Haute-Savoie (Sixt-Fer-à-Cheval / Passy, Les Contamines-Montjoie, le Roc de Chère, le Delta de la Dranse), Côtes d'Armor (Baie de Saint-Brieuc, Sillon de Talbert, Réserve de Vie Sauvage du Trégor) et Finistère (Saint-Nicolas des Glénan). Les réserves étudiées présentent des caractéristiques diverses (littoral maritime, lacustre, espace montagnard), parfois des points communs (forte fréquentation touristique, prédation, etc.). Tirant partie des méthodes qualitatives (entretiens semi-directifs, observations sur le terrain), ce doctorat questionne la manière dont l'acceptation sociale d'une réserve se tisse et se défait, n'étant jamais définitivement acquise. Cette recherche a conduit à interroger les représentations et pratiques des locaux, les adaptations suscitées par l'espace protégé, les freins qui lui ont été opposés, mais aussi les leviers pour faciliter l'émergence de l'acceptation sociale, issues de stratégies et d'expérimentation des gestionnaires ou des services de l'Etat. De nombreux gestionnaires d'espaces protégés s'intéressent ainsi de manière croissante à de l'acceptation sociale. Il existe toutefois encore un hiatus entre l'intérêt a priori pour l'acceptation sociale et l'accueil qui est fait du sujet par les gestionnaires des terrains choisis. Pourtant, relations aux acteurs du territoire et aux usagers, projets d'extension des périmètres ne peuvent faire l'économie d'une compréhension fine des mécanismes de l'acceptation sociale. A l'heure où l'Etat français montre une volonté forte en matière d'espaces protégés (augmentation de leur nombre et de leur superficie), il s'avère pertinent de questionner non seulement la réception de telles décisions par la population via l'étude de l'acceptation sociale, mais aussi la façon dont se positionnent les gestionnaires d'espaces protégés vis-à-vis de cette thématique et ce qu'elle contient en creux, les tensions, voire les conflits. Les réserves naturelles sont des espaces qui s'élaborent continuellement de manière collective. Loin d'être des entités figées dans le temps et dans l'espace comme pourraient le laisser penser les décrets de création, les réserves sont régulièrement bousculées par des éléments qui sont susceptibles de remettre en jeu l'acceptation sociale ou de produire du conflit localement. Le recours au compromis et la mise en place de négociations, plus ou moins formalisées, sont alors opérés par les acteurs. Ce n'est pas seulement la question de la conciliation des pratiques et usages qui se pose dans les réserves, c'est aussi la dimension proprement spatiale des périmètres qui peut être interrogée et contestée. Par ailleurs, les réserves littorales et montagnardes s'avèrent puissamment investies, porteuses de représentations et de valeurs fortes et parfois très ancrées. L'application du statut de réserve naturelle, même lorsqu'il est ancien, est de taille à bouleverser celles-ci, ce qui peut conduire les populations à manifester des résistances, voire à faire obstacle, à la réserve naturelle. Cette dernière peut être perçue comme un reniement de l'espace comme héritage des ancêtres ou comme une tentative d'effacement de l'histoire locale. Pourtant, l'acceptation sociale ne saurait se limiter à des considérations historiques. Elle demande avant tout l'examen des jeux d'acteurs et rapports de forces à l'oeuvre sur le territoire. Il s'agit aussi d'identifier les valeurs allouées, par tous, aux réserves naturelles : le statut de protection vient en effet aussi poser la marque de la reconnaissance d'une valeur à l'espace ainsi que l'intérêt de le protéger.

This doctoral thesis in political environmental geography analyzes the acceptance of nature reserves in Haute-Savoie (Sixt-Fer-à-Cheval / Passy, Les Contamines-Montjoie, Roc de Chère, Delta de la Dranse), Côtes d'Armor (Baie de Saint-Brieuc, Sillon de Talbert, Réserve de Vie Sauvage du Trégor), and Finistère (Saint-Nicolas des Glénan). The studied reserves exhibit diverse characteristics (coastal, lacustrine, mountainous areas), sometimes sharing common features (high tourist activity, predation, etc.). Leveraging qualitative methods (semi-structured interviews, on-site observations), this doctoral research examines how the social acceptance of a reserve is woven and unraveled, never being definitively acquired. This research has led to an examination of the perceptions and practices of local residents, the adaptations prompted by the protected area, the obstacles it has encountered, as well as the mechanisms for fostering social acceptance. These mechanisms arise from strategies and experimentation carried out by managers or state agencies. Many protected area managers are increasingly interested in social acceptance. However, there is still a gap between the initial interest in social acceptance and how managers of chosen sites address the issue. Yet, interactions with local stakeholders and users, as well as expansion projects, cannot avoid a thorough understanding of the mechanisms of social acceptance. At a time when the French government is showing a strong commitment to protected areas (increasing their number and size), it is relevant not only to examine how such decisions are received by the population through the study of social acceptance but also to understand how protected area managers position themselves on this topic, along with the underlying tensions and conflicts. Nature reserves are continually evolving collective spaces. Far from being static entities in time and space, as creation decrees might suggest, reserves are regularly challenged by factors that can jeopardize social acceptance or generate local conflicts. Actors then resort to compromises and negotiations, which may vary in formality. The question of reconciling practices and uses is not the only issue in reserves; the spatial dimension of boundaries can also be questioned and contested. Furthermore, coastal and mountain reserves are strongly imbued with powerful and sometimes deeply rooted representations and values. The application of the nature reserve status, even when long-established, can disrupt these, leading populations to resist or obstruct the nature reserve. The latter may be seen as a betrayal of the space as an ancestral heritage or an attempt to erase local history. However, social acceptance should not be limited to historical considerations. It primarily requires an examination of the actions of various actors and power dynamics at play in the territory. This also involves identifying the values attributed by everyone to nature reserves: the protection status, in fact, marks the recognition of value to the space and the interest in preserving it.