Thèse soutenue

Héritage des activités métallurgiques et processus de remobilisation à long terme des métaux dans un district minier alpin (Alpes françaises du Nord-Ouest).

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Auteur / Autrice : Floriane Guillevic
Direction : Fabien ArnaudMagali RossiJérôme Poulenard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la Terre, Univers et Environnement
Date : Soutenance le 17/05/2023
Etablissement(s) : Chambéry
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences, ingénierie, environnement (Chambéry ; 2021-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Environnements, dynamiques et territoires de la montagne (Le Bourget du Lac, Savoie)
Jury : Président / Présidente : Anne-Véronique Walter
Examinateurs / Examinatrices : Sophia V. Hansson, Lluis Camarero
Rapporteurs / Rapporteuses : Vojtěch Ettler, Alexandra Courtin-Nomade

Résumé

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Les activités minières et métallurgiques sont parmi les activités industrielles les plus impactantes pour l'environnement et les organismes vivants. Pour transformer une roche minéralisée en métal plusieurs étapes industrielles (minéralurgie puis métallurgie) sont nécessaires, et produisent chacune d'importantes quantités de déchets généralement porteurs d'éléments traces métalliques (ETM) potentiellement toxiques (Pb, Sb). Le panel des ressources internationales du programme des Nations Unis souligne l'important héritage environnemental des nombreux sites miniers abandonnés à travers le monde. Les différentes problématiques environnementales et sanitaires soulevées par l'héritage minier dans de nombreux pays, comme la France, représentent une opportunité pour mieux appréhender les effets à long terme de ces activités sur l'environnement.Des centaines d'anciennes mines ont été exploitées par le passé dans les Alpes françaises. Toutes ont été fermées et abandonnées entre le XIXe et le XXe siècles, laissant des déchets miniers et métallurgiques abandonnés en surface. La mine de Pb-Ag de Peisey-Nancroix (Savoie) fût l'une des plus importantes mines régionales entre XVIIe et le XIXe siècles. Les activités minières et métallurgiques ont laissé sur place d'importantes quantités de roches « stériles » toujours riches en minerai et des scories métallurgiques enrichies en ETM. Des fumées pyrométallurgiques ont également été émises dans l'atmosphère pendant la pyrométallurgie.Cette thèse vise à évaluer la contamination engendrée par la dispersion des déchets dans l'environnement, la part de chacune des sources à la contamination et leur remobilisation potentielle depuis 200 ans. La mise en place d'une approche source-puits, multi-compartiments, multi-scalaire, basée sur la caractérisation des sources de la contamination (roches minéralisées, scories et fumées métallurgiques) et des puits potentiels de la contamination (sols, sédiments lacustres, eaux et sédiments de rivière) combinée à des analyses géochimiques, minéralogiques, sédimentologiques et isotopiques (Pb-Sb) a permis d'évaluer l'héritage à long-terme des activités minières et métallurgiques passées. L'étude des sols en aval de la zone de stockage de déchets révèle une contamination extrême en plomb (Pb) et modérée en antimoine (Sb) en surface, mais un transfert limité en profondeur. Les isotopes de Sb identifient les scories comme étant la principale source de contamination des sols sur le site. Les sédiments de rivière et les eaux à proximité du site minier montrent un enrichissement rapidement dilué par le régime torrentiel du Ponturin. Les sédiments lacustres du lac de La Plagne, situé 7 km en amont, enregistrent une contamination par les fumées pyrométallurgiques pendant la période d'activité de la mine 5 fois supérieure à la période pré-mine. Les sols du bassin versant du lac montrent toujours la persistance de ce Pb anthropique portant la signature du minerai local. L'érosion de ces sols depuis 200 ans contribue à remobiliser ce Pb anthropique vers l'aval.Cette étude montre la persistance et la remobilisation des ETM liés aux anciennes activités minières et métallurgiques. Les inventaires de Pb anthropiques générés demeurent assez importants pour que la trace laissée par ses activités soit mesurable sur le long terme, plusieurs siècles après l'arrêt des activités