Thèse soutenue

Une promesse plausible pour la symbiose territoriale. Étude théorique et expérimentale de l’initiation de démarches de gestion concertée des produits résiduaires organiques.
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Auteur / Autrice : Nicolas Bijon
Direction : Tom WassenaarGuillaume Junqua
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : STE-Environnement, Territoires et Sociétés
Date : Soutenance le 08/11/2022
Etablissement(s) : IMT Mines Alès
Ecole(s) doctorale(s) : Biodiversité, Agriculture, Alimentation, Environnement, Terre, Eau
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (France). Unité propre de recherche Recyclage et risque - HydroSciences (Montpellier) - recyclage et risque - Hydrosciences Montpellier / HSM
Jury : Président / Présidente : Nadège Troussier
Examinateurs / Examinatrices : Tom Wassenaar, Guillaume Junqua, Rémi Barbier, Valérie Laforest, Olivier Barreteau, Julie Wohlfahrt, Magali Dechesne
Rapporteurs / Rapporteuses : Rémi Barbier, Valérie Laforest

Résumé

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L’agriculture industrielle du XXIe siècle est dépendante de nutriments apportés par des engrais de synthèse produits à partir de ressources non renouvelables, alors que ces mêmes nutriments sont présents dans les Produits Résiduaires Organiques (PRO) dont la gestion entraîne des contraintes logistiques et environnementales. Il existe des territoires, comme celui de la plaine de Versailles, comprenant l’amont et l’aval d’une telle rupture métabolique. Cette situation dérive du fonctionnement non concerté des acteurs qui produisent, transforment et utilisent les PRO, formant le système sociotechnique de gestion des PRO (SGPRO). L’objectif de ces travaux est d’identifier les leviers d’initiation d’une démarche de concertation, que nous nommons symbiose territoriale, en se basant sur le cadre théorique de la promesse plausible. Cette dernière correspond au discours formulé par un acteur initiateur confronté à une situation donnée, visant à mobiliser un ensemble d’acteurs-cibles dans une réponse collective à cette situation. La problématique est étudiée de manière interdisciplinaire, selon deux grandes phases. Une analyse de cas d’étude de symbioses industrielles permet de consolider le cadre théorique des objets d’étude. Cette phase inclut une revue de littérature de cas d’études de symbioses industrielles au niveau international, et une campagne d’entretiens réalisée auprès d’animateurs de démarches d’écologie industrielle et territoriale en France. Elle décrit, caractérise et illustre les éléments théoriques centraux – notamment les schémas de synergies bioéconomiques, la notion de système-territoire, une typologie de “mythes rationalisés” – nécessaires à la conception d’une symbiose territoriale et d’une promesse plausible. Une deuxième phase assemble ces éléments théoriques afin d’étudier une situation particulière, celle de la plaine de Versailles. Cette étude est composée d’une étape visant à caractériser le fonctionnement actuel du SGPRO, d’une étape de conception technique visant à modéliser des possibles évolutions de ce système, et d’une étape de mise à l’épreuve visant à présenter une gamme de promesses plausibles aux acteurs du système-territoire. La phase compréhensive met en évidence que le SGPRO est constitué de deux sous-systèmes : un système d’interactions physiques au sein duquel des acteurs manipulent matériellement les PRO et effectuent des choix d’affectation (mode de collecte, mode de traitement, mode d’utilisation…), et un système d’influence au sein duquel des acteurs modifient les choix d’affectation autrement que par une action matérielle (pression sociale, réglementation, sensibilisation…). La phase de conception propose un cadre d’analyse technique pour évaluer a priori les performances de scénarios de symbioses territoriales, par l’association d’hypothèses d’affectation des PRO et d’hypothèses de transformation. La mise à l’épreuve de promesses plausibles intégrant ces scénarios prospectifs montre que la capacité des promesses plausibles à mobiliser les acteurs – leur performativité – dépend de leur niveau de spécification et de leur horizon temporel. Les promesses plausibles les moins spécifiques se montrent notamment plus performatives que des promesses plausibles plus détaillées à un horizon temporel lointain. Ces résultats indiquent qu’il n’est pas nécessaire pour un acteur initiateur d’avoir une représentation extrêmement précise du fonctionnement technique du système-territoire pour mobiliser des acteurs dans une concertation. De manière plus générale, cette thèse propose une réflexion globale sur la symbiose territoriale bioéconomique et offre une meilleure compréhension sur l’initiation et l’évolution des démarches d’innovation collective. Au travers de ces objets, elle questionne les liens science-société, et le rôle de la connaissance dans la transition écologique.