Thèse soutenue

Plantes invasives de France et d'Indonésie : une solution contre les biofilms de C. albicans ?

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Auteur / Autrice : Sufi Desrini
Direction : Christine ImbertMarion GirardotTitik NuryastutiMustofa Mustofa
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biochimie, Biologie Moléculaire
Date : Soutenance le 03/07/2023
Etablissement(s) : Poitiers en cotutelle avec Universitas Gadjah Mada‎, Yogyakarta, Indonésie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Rosalind Franklin (Poitiers ; 2022-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Ecologie et biologie des interactions - EBI (Poitiers ; 2012-....)
faculte : Université de Poitiers. UFR des sciences fondamentales et appliquées
Jury : Président / Présidente : Patrice Le Pape
Examinateurs / Examinatrices : Adi Utarini
Rapporteurs / Rapporteuses : Bastiaan Krom, Leslie Boudesocque-Delaye

Résumé

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La levure Candida albicans est responsable de nombreuses candidémies à travers le monde, avec une mortalité associée importante. Sa pathogénicité est en partie liée à sa capacité à former des biofilms, qui sont des communautés complexes et structurées de cellules sessiles enchassées au sein d'une matrice polymérique. Ce mode de vie complexifie l’approche thérapeutique, rendant les traitements inefficaces par défaut de pénétration dans le biofilm. Par conséquent, il est urgent de trouver de nouvelles molécules capables de traiter les candidoses liées aux biofilms. La capacité des plantes envahissantes à s'adapter à un nouvel environnement, à entrer en compétition avec la flore locale et à résister à de nouveaux prédateurs suggère la production de métabolites actifs, différents de ceux produits par les plantes natives. Par conséquent, les plantes invasives constituent une source à fort potentiel de composés actifs contre les biofilms. Pour cette étude, dix plantes invasives récoltées en France et en Indonésie ont été extraites à l'aide de solvants. Chaque extrait a été évalué pour ses activités antifongique et antibiofilm par la méthode en microdilutions et par mesure de l'activité métabolique. Les extraits EtOH et EtOH-H₂O des feuilles de Baccharis halimifolia et l'extrait EtOH des parties aériennes de Mimosa pudica ont inhibé à plus de 50% à 125 μg mL⁻¹ (p<0,05) le biofilm mature de C. albicans. Ces résultats ont conduit à approfondir les investigations par l'extraction de l'huile essentielle (HE) de B. halimifolia et le fractionnement de l'extrait EtOH des parties aériennes de M. pudica. L’HE obtenue a montré des CI50 de 4 et 74 µg mL⁻¹ contre la phase de maturation et les biofilms âgés de 24 h de C. albicans respectivement. D'autre part, la fraction acétate d'éthyle de l'extrait de M. pudica a également inhibé les biofilms âgés de 24 h de C. albicans de 53 % à 62,5 μg mL⁻¹. L'analyse par GC-MS de la composition chimique de l'HE a révélé que les sesquiterpènes oxygénés étaient majoritairement présents (62,02 %) avec comme principale molécule l'oxyde de β-caryophyllène (37 %). Cette molécule ainsi que trois autres composés commerciaux présents dans cette HE ont été évalués pour leur implication dans l'activité antibiofilm. L'oxyde d'aromadendrène-(2), l'oxyde de β-caryophyllène et le (±)-β-pinène ont montré des activités significatives contre la phase de maturation (IC₅₀=9 - 310 µmol L⁻¹) et les biofilms préformés de 24h (IC₅₀=38 - 630 µmol L⁻¹) de C. albicans. Des études ont également été menées contre C. glabrata, C. krusei et C. parapsilosis, mais C. albicans reste l'espèce la plus sensible à cette HE et à ses composés. L'oxyde de β-caryophyllène et l'oxyde d'aromadendrène-(2) ont montré une très faible cytotoxicité contre les cellules HeLa à la CIbiofilm50. La fraction active acétate d'éthyle de M. pudica n'a montré aucune cytotoxicité sur les cellules Vero et HeLa. Cette fraction agit sur la morphologie de C. albicans, comme révélé par microscopie électronique à balayage. Cette étude a mis en évidence pour la première fois le potentiel antibiofilm de B. halimifolia, de son HE et de certains de ses composés, ainsi que celui de la fraction acétate d'éthyle des parties aériennes de M. pudica, ouvrant ainsi des perspectives pour de nouvelles applications antimicrobiennes.