Thèse soutenue

Réception et étude de la poésie lyrique médiévale de langue d'oc au siècle des Lumières : œuvres et manuscrits de La Curne de Sainte-Palaye

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Auteur / Autrice : Laure-Anne Caraty
Direction : Gilles SiouffiGilda Caiti-Russo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue française
Date : Soutenance le 16/11/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Concepts et langages (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sens, texte, informatique, histoire (Paris)
Jury : Président / Présidente : Fabio Zinelli
Examinateurs / Examinatrices : Géraldine Veysseyre
Rapporteurs / Rapporteuses : Fabio Zinelli, Sébastien Douchet

Résumé

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L’histoire littéraire rapporte qu’il aurait fallu attendre le XIXe siècle pour que les poèmes des troubadours soient véritablement étudiés et lus. L’Histoire littéraire des troubadours de l’érudit Jean Baptiste la Curne de Sainte-Palaye se serait finalement bornée à diffuser un texte qui faisait concurrence aux poèmes des troubadours : le texte-troubadours. Cette conclusion n’empêche cependant pas la recherche de reconnaître à d’anciens érudits de l’Ancien Régime quelques ébauches de travaux de qualité sur le trobar. Mais peu de liens entre ces premières études et les publications du XIXe siècle sont établis. Situation paradoxale, en particulier pour le cas de Sainte-Palaye, puisqu’il est à l’origine de plusieurs manuscrits que les premiers romanistes ont utilisés pour leurs publications. Mal connu, le travail de Sainte-Palaye sur la lyrique d’oc souffre de jugements contradictoires : tout en lui reconnaissant des qualités supposées grâce à ce que l’on sait de son travail sur la littérature d’oïl, on continue d’écrire que l’Histoire littéraire est peu satisfaisante en ce qui concerne la transmission des poèmes. Constatant cette carence de l’histoire littéraire pour l’étape du XVIIIe siècle, notre étude s’interroge sur le tournant que le travail de Sainte-Palaye a pu représenter dans l’histoire de la réception des troubadours. Nous menons une étude sur sa réception des troubadours à partir de ses mss. de travail. Y sont intégrés les mss. Paris, Arsenal 3091-3100 titrés Recueil des poésies des troubadours : des chansonniers modernes copiés sur des exemplaires médiévaux qui lui ont servi de support. Nous avons également incorporé à ce corpus d’autres codices reflétant les différentes étapes du travail d’étude mené par l’érudit: les mss. Paris, Arsenal, 3281-3284, Traduction et analyse des poésies des Troubadours et les mss. Paris, Richelieu, Moreau 1572-1581 Glossaire des troubadours, par La Curne de Sainte-Palaye. Nous tentons d’apporter des éléments de réponse à notre questionnement en inspectant les documents manuscrits de l’érudit. Nous y extrayons des informations sur sa réception, qui nous permettent ensuite de caractériser avec précision son travail et de le replacer dans l’histoire de la réception des troubadours de la Renaissance jusqu’au début du XIXe siècle. Notre thèse s’articule en trois parties. La première dresse une histoire synthétique de la réception de la poésie des troubadours depuis la Renaissance. Elle élabore un état de lieu sur la connaissance des troubadours au XVIIIe siècle avant que Sainte-Palaye ne commence à œuvrer. Nous brossons le portrait de plusieurs provençalistes, qui ont contribué à faire connaitre les troubadours. Cette partie permet de mettre en exergue la situation paradoxale que nous évoquions, et de présenter avec clarté les manuscrits qui nous intéressent pour combler les lacunes de l’histoire littéraire. Notre deuxième partie rend compte de nos recherches sur la réception de l’érudit proprement dite. Nous distinguons deux types de texte dans ses chansonniers: le texte littéraire au centre des folios ; le texte critique dans les marges et les espaces interlinéaires consistant en des commentaires et des annotations écrit au moment de la lecture des poèmes. Chaque chapitre s’intéresse à une des phases du travail de Sainte-Palaye : du travail philologique jusqu’à l’entreprise de traduction des poèmes. Cette partie est donc pluridisciplinaire et nos chapitres s’inscrivent tous dans une discipline différente correspondant à la catégorie de texte critique que nous étudions : philologie, linguistique, stylistique, traduction. La troisième partie revient à la discipline de l’histoire littéraire en s’intéressant à la postérité et la réception du travail de Sainte-Palaye après sa mort et au cours du XIXe siècle. Nous récapitulons les avancées opérées par l’érudit et tentons d’expliquer pourquoi elles n’ont pas été prises en compte par les romanistes romantiques.