Thèse en cours

La pensée de Marcel Conche, place de l'aléatoire

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Auteur / Autrice : Marc Miginiac
Direction : Juliette GrangeElisabeth Gavoille
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 14/11/2019
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : Humanités et Langues - H&L
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Interactions Culturelles et Discursives

Mots clés

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Résumé

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Présentation du projet de recherche : J'ai découvert Marcel Conche en faisant mon mémoire de Maitrise sur la laïcité et l'athéisme. J'ai trouvé un philosophe authentique et profond, qui m'a séduit par sa liberté de ton et la clarté de sa pensée. C'est la première fois que je découvre une philosophie ne partant pas d'une base divine, mais un système complet basé sur autre chose, qui est la Nature. « Philosopher comme les Grecs » dit Marcel Conche. Ces paroles résonnent en moi de manière profonde et j'ai l'impression d'être comme la première fois à Delphes, un matin au clair soleil avec cette lumière si caractéristique de la Grèce, assis sur un des gradins de l'amphithéâtre face à la colline, sentant pénétrer en moi l'esprit des Anciens. J'aimerais étudier la philosophie telle qu'elle est pratiquée par Marcel Conche. L'étude se déroulerait à travers les présocratiques. Découvrir le philosophe et sa philosophie à travers son œuvre. « L'aléatoire dans la pensée de Marcel Conche » : (mots clés : aléatoire, naturalisme, athéisme) Ceci serait centré sur la notion d'aléatoire que je trouve comme le socle de ses écrits. En effet, si la recherche de la Vérité est le but de la philosophie, pour Marcel Conche cette recherche nécessite la sagesse : « J'entends par « sagesse » cet état de tranquillité, de dé-préoccupation, qui me permet de réfléchir sans que rien vienne troubler, entraver ma liberté mentale, et par « sage » toute conduite visant à favoriser cet état : désintérêt pour les honneurs, les situations de pouvoir, l'argent, refus des « invitations », résistance aux sollicitations, rejet des relations humaines qui ne sont que du plaisir ou de divertissement, non-engagement politique, corporatiste, humanitaire ou autre. La sagesse – la mienne – n'est pas le « but », mais la condition de l'acte de philosopher. […] La sagesse que présuppose la philosophie est, cependant, une sagesse tragique. Car, quel sera l'effet sur la vie de la « vérité » à laquelle on aura été conduit ? Du bonheur ou de son contraire ? A l'avance on ne le sait. Vouloir la vérité à tout prix, cela peut signifier : au prix de la souffrance, du désespoir. » Tragique est devenue la sagesse à notre époque, car tragique est notre temps en comparaison avec d'autres. La « mort de dieu », la disparition de la croyance, qui caractérise notre période, a introduit la chute des valeurs et au bout, le néant. Mais la sagesse n'est pas le but de la philosophie pour Conche ; l'aboutissement est la recherche de la Vérité ce qui ne peut avoir de fin et qui rend la philosophie si singulière et propre au philosophe. Pour Dieu, « …tout ce qui arrive et arrivera est de toute éternité, comme déjà arrivé. Si, au contraire, l'on revient à la philosophie libérée de la religion, c'est-à-dire à la manière grecque de philosopher, on est amené à ne pas limiter le champ de l'aléatoire à la zone humaine : on le voit au cœur de la réalité, c'est-à-dire au cœur des mondes innombrables qui s'inscrivent au sein de la nature infinie elle-même, omnigénératrice et qui, comme le poète improvisant à mesure, avance dans l'incertain. » Cependant, « L'aléatoire suppose le possible. » C'est la saison de l'aléatoire. Marcel Conche fait sienne cette citation de Montaigne: « …car pourquoi prenons-nous le titre d'être, de cet instant qui n'est qu'une éloise dans le cours infini d'une nuit éternelle… » Pourquoi sommes-nous et que sommes-nous dans ce peu d'espace que dure notre vie dans ce temps éternel ? La réponse à ces deux questions constitue la philosophie de Marcel Conche. Cette réflexion est basée sur la recherche de la Vérité qui doit constituer la véritable réponse à ces problèmes et non pas la recherche unique du bonheur ou de la sagesse. J'envisage deux axes de recherche : - Première partie : Etude des présocratiques de Thalès à Démocrite à travers les écrits de Marcel Conche, en reprenant le cheminement qui a possiblement été le sien : partant de Montaigne et allant à Pyrrhon, en passant par Lucrèce et Epicure, puis retrouvant Parménide et Héraclite, puis Anaximandre. Les Antésocratiques , sont pour Conche, les philosophes qui se sont le moins écartés de ce que l'homme libre peut penser du monde et de la vie. Ce sont eux, dégagés de la théologie véhiculée par la religion judéo-chrétienne, qui peuvent juger de la vie juste, indépendante de la foi. Aussi sépare-t-il les philosophes moyenâgeux des autres, faisant de Montaigne, le premier penseur de la modernité. Montaigne, « l'homme de l'intelligence » disait Éric Weil, « ne sait qu'une chose : qu'il n'y a pas de vérité, qu'il existe des vérités, (…) qu'il n'y a pas de science au-dessus des sciences, pas de métaphysique au-dessus des métaphysiques, pas de sagesses au-dessus des sagesses » Partant de leur identité chrétienne, les philosophes ont étayé leurs différents systèmes sur leur foi en Dieu. Montaigne lui, donne un conseil, celui « …de se demander toujours, en lisant les philosophes : « A-t-il raison ? » « Est-ce vrai ? », ce conseil est particulièrement à suivre par ceux qui, aujourd'hui, lisent, étudient, Descartes, Kant, Hegel. » . Á ce doute, Conche rajoute en comparaison, la durée de la vie humaine : sans possibilité d'adhérer à des philosophies auxquelles on ne croit pas vraiment, faut-il perdre son temps à les analyser ? Il est possible de philosopher dans l'incertitude dit Marcel Conche, et les Grecs l'on fait. Il faut retourner à la manière de philosopher des Grecs anciens, pour trouver une philosophie dégagée autant que possible du christianisme et proche. - Deuxième partie : Étude des grands thèmes de Marcel Conche : o La nature et le monde o La souffrance des enfants o L'aléatoire o L'Apparence o Le temps o La mort o Le Dasein (l'Ouvert) o La solitude o … (…dans un ordre logique, mais indéterminé pour l'instant ...) Je n'ai pas trouvé pour l'instant de personnes qui se soient intéressées à l'ensemble de sa philosophie en dehors de certaines études très ciblées et partielles (par exemple sur le pyrrhonisme, le matérialisme et la morale…), ou la thèse de doctorat l'Actualité d'une sagesse tragique de Pilar Sanchez Orozco très complète, mais orientée dans ce sens. Or je pense baser mon étude de Marcel Conche sur la notion d'aléatoire qui me semble plus caractériser sa philosophie que celle de sagesse tragique.