La fabrique des paysages agraires depuis le Néolithique en région Centre-Val de Loire

par Nathanael Le voguer

Projet de thèse en Archéologie

Sous la direction de Xavier Rodier.

Thèses en préparation à Tours , dans le cadre de Humanités et Langues - H&L , en partenariat avec CItés, TERritoires, Environnement et Sociétés (laboratoire) et de LAT - Laboratoire Archéologie et Territoires (equipe de recherche) depuis le 20-09-2018 .


  • Résumé

    Depuis les travaux pionniers de Marc Bloch et Roger Dion dans les années 1930, le paysage est un objet scientifique majeur pour comprendre le fonctionnement des sociétés passées. A partir des années 1970, historiens et archéologues britanniques (notamment David Hall, Trevor Rowley, Alan Baker) lancent de grandes enquêtes régionales avec des méthodes innovantes et réécrivent l'histoire des paysages de champs ouverts. Depuis les années 2000, la multiplication des campagnes de télédétection LiDAR (Light Detection And Ranging) livre des données totalement inédites sur de très grandes surfaces qui renouvellent en profondeur notre connaissance de l'histoire des paysages et des sociétés qui les ont formés. Les forêts, plantées sur des espaces autrefois cultivés, sont aujourd'hui des conservatoires de microreliefs agricoles fossilisés sur des dizaines de km², repérés par le LiDAR, cartographiés et datés. La thèse a pour objectif de comprendre, grâce aux données nouvellement acquises, comment se sont construits les paysages de grande culture. Une approche diachronique, depuis les périodes les plus anciennes jusqu'aux campagnes modernes, doit permettre de travailler dans la longue durée en se détachant des présupposés chronologiques associés aux formes agraires. Il est aussi primordial d'observer des paysages variés afin de comprendre l'influence des contextes géomorphologiques et des traditions culturales. La région Centre-Val de Loire, qui se caractérise par la variété de ses paysages et des modes d'occupation du sol (plateaux céréaliers de la Beauce et de la champagne berrichonne, zones humides de Sologne et de Brenne, vallées viticoles), offre un terrain d'étude propice pour une série d'études micro-régionales (Toury en Beauce (Eure-et-Loir), Beaugency (Loiret), Blois-Chambord (Loir-et-Cher) par exemple) à mettre en perspective avec les zones conservatoires des massifs forestiers explorés par le LiDAR. La combinaison de ces travaux invite à poser l'hypothèse de l'existence ancienne d'un paysage ouvert sur un vaste territoire de la région Centre-Val de Loire, dont la mise en place pourrait remonter à l'époque gauloise ou romaine, et en partie conservée jusqu'aux remembrements récents lorsqu'elle n'a pas été remplacée par des massifs boisés. L'originalité de ce sujet repose sur l'utilisation de sources diverses (textes, cartes et plans anciens, données archéologiques) mobilisées dans un SIG (Système d'Information Géographique) selon une méthode régressive en partant des paysages actuels. La source archéologique principalement utilisée sera le relevé des microreliefs d'origine agricole (fossés, talus, crêtes de labour, tas d'épierrement…), révélés par les modèles numériques de terrain à haute résolution tel que le Référentiel à Grande Echelle (RGE ALTI) de l'IGN qui décrit les variations morphologiques du sol avec une précision altimétrique entre 0,2 m et 0,7 m pour la quasi-totalité de la région Centre-Val de Loire. Ce jeu de données offre une continuité parfaite avec ceux de l'ONF et du programme de recherche SOLiDAR pour les milieux forestiers. Cette thèse doit offrir de nouvelles perspectives concernant les processus de formation des openfields, c'est-à-dire des paysages structurés par une trame parcellaire de champs ouverts laniérés rangés dans des quartiers de culture en relation avec une organisation sociale communautaire des villages médiévaux et modernes. La structure du paysage révélée par les données récentes semble le plus souvent stable dans le temps malgré la variation des conditions environnementales, des modes et des natures de cultures et des organisations sociales. Toutefois, même si l'origine de la forme de ce paysage est difficile à déterminer, derrière cette permanence apparente, les découpages parcellaires internes connaissent depuis l'Antiquité au moins des phases de densification ou de relâchement révélatrices de transformations sociales importantes. Cette thèse sera dirigée par Xavier Rodier (IR HDR CNRS), archéologue responsable du programme de recherche SOLiDAR sur l'occupation du sol entre Blois et Chambord, et co-encadrée par Samuel Leturcq (MCF Université de Tours), spécialiste de la formation des territoires communautaires médiévaux et modernes. Elle bénéficie des données du projet SOLiDAR, soutenu par la Région Centre-Val de Loire, le Domaine national de Chambord et la DRAC. Elle s'inscrit dans les axes 1 (Villages, villes et territoires) et 4 (Archéomatique) du programme du Laboratoire Archéologie et Territoires de l'UMR CITERES.

  • Titre traduit

    The fabric of agrarian landscapes since the Neolithic in the centre-Val de Loire region


  • Résumé

    Since the pioneering work of Marc Bloch and Roger Dion in the 1930s, the landscape has been a major scientific object for understanding the functioning of past societies. From the 1970s onwards, British historians and archaeologists (notably David Hall, Trevor Rowley, Alan Baker) launched major regional surveys using innovative methods and rewriting the history of open field landscapes. Since the 2000s, the multiplication of LiDAR (Light Detection And Ranging) remote sensing campaigns has provided totally new data over very large areas, which renews in depth our knowledge of the history of landscapes and the societies that formed them. Forests, planted on formerly cultivated areas, are today conservatories of fossilized agricultural micro-reliefs over tens of km², identified by LiDAR, mapped and dated. The aim of the thesis is to understand, thanks to the newly acquired data, how agricultural landscapes were constructed. A diachronic approach, from the earliest periods to the modern countryside, should make it possible to work in the long term by detaching oneself from the chronological presuppositions associated with agrarian forms. It is also essential to observe varied landscapes in order to understand the influence of geomorphological contexts and cultural traditions. The Centre-Val de Loire region is characterised by the variety of its landscapes and modes of land use (cereal-growing plateaus of Beauce and Champagne Berrichonne, wetlands of Sologne and Brenne, wine-growing valleys), provides a suitable study area for a series of micro-regional studies (Toury en Beauce (Eure-et-Loir), Beaugency (Loiret), Blois-Chambord (Loir-et-Cher) for example) to be put into perspective with the conservation areas of the forest massifs explored by LiDAR. The combination of these studies suggests the hypothesis of the ancient existence of an open landscape over a vast area of the Centre-Val de Loire region, whose establishment could date back to the Gallic or Roman period, and which has been partly preserved until recent land consolidation when it has not been replaced by wooded areas. The originality of this subject is based on the use of various sources (texts, maps and old plans, archaeological data) mobilized in a GIS (Geographic Information System) according to a regressive method starting from the current landscapes. The archaeological source mainly used will be the survey of micro-reliefs of agricultural origin (ditches, embankments, ploughing ridges, stone-piles...), revealed by high-resolution digital terrain models such as the IGN's Référentiel à Grande Echelle (RGE ALTI) which describes the morphological variations of the soil with an altimetric precision of between 0.2 m and 0.7 m for almost the entire Centre-Val de Loire region. This dataset offers perfect continuity with those of the ONF and the SOLiDAR research program for forest environments. This thesis should offer new perspectives concerning the processes of formation of openfields, i.e. landscapes structured by a patchwork of open fields arranged in farming districts in relation to a communal social organisation of medieval and modern villages. The structure of the landscape revealed by recent data seems to be generally stable over time despite variations in environmental conditions, modes and natures of culture and social organisation. However, even if the origin of the shape of this landscape is difficult to determine, behind this apparent permanence, the internal fragmentation of the landscape has, at least since antiquity, undergone phases of densification or loosening, indicative of important social transformations. This thesis will be directed by Xavier Rodier (IR HDR CNRS), archaeologist in charge of the SOLiDAR research programme on land use between Blois and Chambord, and co-supervised by Samuel Leturcq (MCF University of Tours), specialist in the formation of medieval and modern community territories. It benefits from data from the SOLiDAR project, supported by the Centre-Val de Loire Region, the Domaine national de Chambord and the DRAC. It is part of axes 1 (Villages, towns and territories) and 4 (Archaeology) of the programme of the Archaeology and Territories Laboratory of UMR CITERES. Translated with www.DeepL.com/Translator (free version)